Édition Découverte Compétence 4 2022
NOUVEAUTÉS DES MÉDICAMENTS
Une efficacité clinique au mieux modeste. En 2006, sur la base de deux essais favorables, le cranberry semblait avoir une efficacité en prévention des cystites aiguës simples chez les femmes jeunes. En 2020, qu’en est-il de l’évaluation de la balance bénéfices-risques du cranberry en prévention des récidives de cystite aiguë simple ? Une synthèse méthodique, mise à jour en 2017, a recensé les essais randomisés versus placebo ou absence de traitement qui ont évalué l’efficacité clinique du cranberry en prévention des récidives de cystite aiguë simple chez des patientes adultes. Sept essais randomisés ont été retenus. Selon ces essais, il semble que traiter quotidiennement environ 20 femmes pendant au moins 6 mois évite la récidive d’infection urinaire seulement à l’une d’entre elles. Un risque de surdose des antivitamine K. Le cranberry expose à une élévation de l’INR chez les patients sous antivitamine K tel que la warfarine (Coumadine°), avec un risque accru d’hémorragies graves. À l’inverse l’arrêt de la prise régulière d’extrait de cranberry expose à une baisse de l’INR, avec un risque
accru de thrombose. Mieux vaut prévenir de ces risques tous les patients traités par anti vitamine K, d’autant plus que le cranberry est largement disponible dans divers commerces. En outre, le cranberry expose à des troubles digestifs bénins. Et un risque accru de lithiase rénale a été évoqué. En somme Il y a mieux que le cranberry. Pour prévenir les cystites aiguës récidivantes, un traitement préventif par cranberry est peu efficace. D’après une comparaison indirecte de faible niveau de preuves, l’efficacité pré ventive du D-mannose paraît plus importante, avec peu d’effets indésirables, ce qui en fait l’option de premier choix, malgré l’absence de commercialisation comme médicament, quand un traitement préventif est jugé sou haitable pour éviter des antibiothérapies ré pétées. Les patients traités par antivitamine K sont à avertir du risque d’interaction avec le cranberry. ©Compétence 4
Rev Prescrire 2021 ; 41 (448) : 132-133.
Sources
ENVISAGER L’ ARRÊT
Inhibiteurs de la pompe à protons ( inexium °, lanzor °, mopral °, eupantol °, pariet ° ou autre ) Troubles digestifs
À NE PAS CONSEILLERTROPVITE
naires ; fractures osseuses, myalgies, arthral gies ; hyponatrémies, hypomagnésémies et hypocalcémies associées ; néphropathies inter- stitielles d’origine immunoallergique ; etc. Par ailleurs des données portant sur environ 350 000 patients suivis pendant presque 6 ans ont montré une augmentation de la mortalité, corrélée à la durée de l’exposition, chez les patients prenant un IPP par rapport à ceux qui prenaient un antihistaminique H2 (1,2). Une utilisation excessive depuis des années en France. Selon diverses données s’étalant sur la période 2015-2020, les IPP sont fortement prescrits en France, et leur mésusage est im a- Il s’agit de : l’ésoméprazole (Inexium° ou autre), le lanso- prazole (Lanzor°, Ogast°, Ogastoro° ou autre), l’oméprazole (Mopral°, Zoltum° ou autre), le pantoprazole (Eupantol°, Inipomp° ou autre), le rabéprazole (Pariet° ou autre) (réf. 1).
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) diminuent la sécrétion gastrique acide par inhibition de la pompe à protons au niveau de la paroi gastrique. Ils sont autorisés dans des : œsophagites ; reflux gastro-œsophagiens (RGO) ; ulcères gastroduodénaux, y compris en prévention chez certains patients à risque ( a ). À court terme, leurs effets indésirables sont bénins et peu fréquents, avec surtout des céphalées et des troubles digestifs. Après quelques semaines de traitement, l’arrêt d’un IPP expose à un rebond d’acidité gastrique, source de régurgitations acides et de brûlures digestives qui incitent à reprendre le traite ment. Une prise prolongée d’IPP expose à de nombreux effets indésirables parfois graves : infections bactériennes, digestives ou pulmo naires ; fractures osseuses, myalgies, arthral
P age 6 • C ompétence 4 • É dition D écouverte • A vril 2022 • N° 52 bis
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