Édition Découverte
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n° 479 bis • Septembre 2023
LA REVUE
Financée par les abonnés, sans publicité ni subvention, sans sponsor ni actionnaire
Édition découverte
La revue Prescrire (Édition découverte) • Tome 43 • p. 1 à 18 • France
Diabète de type 2 quand la metformine ne suffit pas
Violences sexistes et sexuelles pendant les études de santé
Venlafaxine pendant la grossesse et malformations
Depuis janvier 1981, la raison d’être de Prescrire est d’apporter aux professionnels de santé, et grâce à eux, aux patients, des informations claires, synthétiques et fiables, en particulier sur les médicaments et les stratégies diagnostiques et thérapeutiques. Prescrire s’est donné les moyens rédactionnels et documentaires de garantir la solidité de ses synthèses. Tous les rédacteurs sont formés aux méthodes rédactionnelles collectives de Prescrire. La plupart sont des professionnels de santé. Quelle est l’ambition éditoriale de Prescrire ?
L’Association Mieux Prescrire, qui édite toutes les productions Prescrire, est une association à but non lucratif (loi 1901). Elle s’est organisée pour s’affranchir des influences des firmes, comme de celles des organismes chargés de l’organisation des systèmes de soins. Prescrire est financée par les abonnés, sans publicité ni subvention, sans sponsor ni actionnaire. Qui est Prescrire ?
Pourquoi une édition Découverte ?
L’édition Découverte est une compilation de textes tirés de numéros récents de Prescrire. Cette édition de 16 pages est le reflet d’une revue qui comporte en réalité plus de 80 pages. Elle vous donnera un aperçu de ce qu’apporte la lecture de Prescrire .
En plus des 12 numéros (numérique ou papier) mensuels, l’abonnement à Prescrire permet de bénéficier de l’Application Prescrire, un accès numérique aux textes de Prescrire ,
et du Guide Prescrire, un outil numérique d’aide à la décision thérapeutique. Bonne lecture et à bientôt. L’équipe Prescrire
Retrouve z la présentation de l’Édition Découverte en vidéo !
SOMMAIRE
Copyright Prescrire ISSN 0247-7750 Dépôt légal à parution Commission paritaire CPPAP n° 0327 G 81662 Siège 83, boulevard Voltaire 75011 Paris France Tél. : (+33)(0)1 49 23 72 80 Courriel contact@prescrire.org Adresse postale Prescrire, 83 boulevard Voltaire 75558 Paris Cedex 11 France La liste nominative complète des rédacteurs (plus d’une centaine) et des relecteurs extérieurs à Prescrire (plusieurs centaines chaque année) ayant contribué à chaque numéro est en accès libre sur prescrire.org
RAYON DES NOUVEAUTÉS
STRATÉGIES 10 Diabète de type 2 : quand la metformine ne suffit pas Repères 11-12 Vaccination contre le méningocoque B Mi-2022, la vaccination généralisée des nourrissons est d’intérêt incertain 12 Orgelets et chalazions Des soins d’hygiène en attendant la guérison spontanée Messages-clés Médicaments 13
3
Signé Gaspard "Nouveauté" n’est pas "progrès" Énantiomère
4 Eszopiclone ( noxiben °) et insomnies • Les segments-clés -clone, -pidem Nouvelle substance 5-6 Daridorexant ( quviviq °) et insomnie Une évaluation non conçue pour démontrer un progrès Repères de surveillance 6 Huile essentielle de lavande vraie et troubles anxieux ou du sommeil Tableauscopie Spécialités à base de vitamine D non associée chez les enfants non prématurés en prévention des carences Produits huileux par voie nasale : pneumopathies par inhalation Allopurinol débuté trop brusquement : atteintes cutanées graves Venlafaxine au 1 er trimestre de la grossesse : peut-être des malformations, en particulier cardiaques 8 9 VIGILANCES 7
Pilule estroprogestative Infos-Patients Prescrire
14
Arrêter un traitement par oméprazole
Prescrire participe activement à l’ISDB, réseau international de revues de formation en thérapeutique indépendantes des firmes. Site internet : isdbweb.org
OUVERTURES 15 Soins aux enfants : agir résolument 16 Violences sexistes et sexuelles pendant les études de médecine : un constat alarmant
Imprimerie Aubin Chemin des Deux Croix, CS 70005, 86240 Ligugé Dépôt légal : 3971
FORUM
17
Pénuries : l’alternative sur l’ordonnance
COGITATIONS
Suivez-nous sur
Graines de pratique Horatio a peut-être de la fièvre…
18
www.prescrire.org
RAYON DES NOUVEAUTÉS
“Nouveauté” n’est pas “progrès” Les sensations de mauvais sommeil constituent une plainte fréquente : elles sont parfois très gênantes pour les patients et leur entourage, voire source de grande souffrance. Un traitement médicamenteux est alors parfois envisagé. Après quelques décennies d’utilisation, on sait que les benzodiazépines et les substances apparentées ont une efficacité au mieux modeste, souvent limitée dans le temps, et des effets indésirables parfois graves. Ces connaissances accumulées au fil du temps participent au choix de recourir ou non à une benzodiazépine, qui reste parfois une option acceptable, faute de mieux. Cela faisait plusieurs années qu’aucun somnifère d’un nouveau groupe pharmacologique n’avait été autorisé dans l’Union européenne. C’est pourquoi l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du daridorexant (Quviviq°) suscite un espoir chez certains patients et soignants. Hélas, après une analyse rigoureuse des données d’évaluation disponibles, force est de constater qu’il s’agit encore d’une nouveauté qui “N’apporte rien de nouveau” selon Prescrire (lire p. 325-330). Dans les essais chez des patients très sélectionnés, l’efficacité du daridorexant a été modeste, avec en moyenne quelques minutes de sommeil en plus par nuit par rapport à un placebo. Probablement pas de quoi transformer la vie des patients, ni de leur entourage, y compris en cas d’insomnies sévères, à chaque nuit. Et quid des risques de dépression, de suicide, de narcolepsie, de cataplexie, de dépendance et d’autres effets indésirables rares mais potentiellement graves, non encore cernés en 2023, mais qui seront
peut-être mis en évidence après des années de commercialisation ? Quand un médicament semble peu efficace, les incertitudes liées au manque de recul pèsent lourd dans la balance. “Nouveauté” n’est pas “progrès” : faire cette distinction participe à la qualité des soins.
Les cotations Prescrire vous permettent de
repérer, d’un seul coup d’oeil, les éventuels progrès thérapeu tiques des médicaments, et le niveau d’information fournie à Prescrire par les firmes.
Rev Prescrire • Mai 2023
COTATIONS PRESCRIRE - Nouvelles substances, indications, posologies, formes, etc. Notre appréciation globale, symbolisée par une expression du bonhomme Prescrire, alias Gaspard Bonhomme, porte sur le progrès thérapeutique, tangible pour le patient, apporté par chaque nouvelle spécialité dans une indication précise : balance bénéfices-risques du médicament par rapport aux autres thérapeutiques disponibles.
Information fournie par les firmes Nous cotons sur 4 niveaux l’information reçue des firmes que nous avons interrogées.
BRAVO Appréciation d’exception attribuée à un progrès thérapeutique majeur, d’efficacité et d’intérêt évidents dans un domaine où nous étions totalement démunis. INTÉRESSANT Apporte un progrès thérapeutique important mais avec certaines limites. APPORTE QUELQUE CHOSE L’apport est présent mais limité ; il est à prendre en compte sans toutefois devoir bouleverser le domaine de la thérapeutique considéré. ÉVENTUELLEMENT UTILE Intérêt thérapeutique supplémentaire minime. Il y a peu d’arguments devant conduire à changer d’habitude de prescription en dehors de cas particuliers.
N’APPORTE RIEN DE NOUVEAU Il s‘agit d’une nouvelle substance sans plus d’intérêt clinique démontré que les autres substances du même groupe, et parfois d’un me-too, voire d’une quasi-copie. PAS D’ACCORD Médicament qui ne présente aucun avantage évident mais qui a des inconvénients possibles ou certains. LA RÉDACTION NE PEUT SE PRONONCER Nous réservons notre jugement dans l’attente d’une évaluation plus approfondie dumédicament.
Information approfondie, détaillée et adaptée, des données non publiées
jusqu‘au conditionnement.
Information limitée à des données publiées, administratives, ou
de conditionnement.
Information minimale, ou limitée ou presque à des éléments administratifs
et de conditionnement.
Rétention d’information.
L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2023 • T ome 43 N° 479 bis • P age 3
RAYON DES NOUVEAUTÉS
ÉNANTIOMÈRE
eszopiclone ( noxiben °) et insomnies
Maintenez à jour votre liste de moyens
thérapeutiques grâce à une analyse critique du marché du médicament.
N’APPORTE RIEN DE NOUVEAU L’ eszopiclone est l’énantiomère S de la zopiclone . Son évaluation comparative ver sus zopiclone n’a démontré aucun avantage clinique, que ce soit en matière d’efficacité, d’effets indésirables ou d’interactions médica menteuses. NOXIBEN° - eszopiclone comprimés • 1 mg , 2 mg ou 3 mg d’ eszopiclone par comprimé (14 com primés en plaquette) GL Pharma ■ hypnotique ; apparenté aux benzodiazépines ■ Indication : « insomnies chez l’adulte, habituellement sur une courte durée (…) uniquement en cas de troubles sévères, invalidants ou générant une détresse extrême ». [AMM fran çaise par procédure européenne décentralisée] ■ Posologie : la dose initiale est de 1 mg, augmentée à 2 mg voire 3 mg au maximum, en une prise unique juste avant le coucher. La dose maximale est de 2 mg chez : les personnes âgées de 65 ans ou plus ; en cas d’insuffisance rénale sévère ; en cas d’association avec certains inhibiteurs de l’isoenzyme CYP 3A4 du cytochrome P450. Écraser ou casser les compri més expose à l’amertume de l’ eszopiclone . ■ Conditions d’accès en France au 27 juin 2023 : Liste I. Prescription limitée à 4 semaines.
LES SEGMENTS-CLÉS DU MOIS
-clone, -pidem
Le vrai nom du médicament
Selon la nomenclature des dénominations com munes internationales (DCI) établie par l’Organi sation mondiale de la santé (OMS), la DCI de cer tains hypnotiques se termine par -clone ou par -pidem (1). Au 27 juin 2023, deux substances dont la DCI contient le segment-clé -clone sont autorisées en France : la zopiclone (Imovane° ou autre) ; et son énantiomère S l’ eszopiclone (Noxiben°). Le zol- pidem (Stilnox° ou autre) est la seule substance disponible en France comportant le segment-clé -pidem (1). Ces 3 substances sont apparentées aux benzo diazépines, avec lesquelles elles ont en commun le profil d’effets indésirables, comportant notam ment des : somnolences, somnambulismes et comportements automatiques du fait de leur demi-vie d’élimination courte ; troubles de la mémoire ; confusions, ataxies et chutes, surtout chez les patients âgés ; diminutions de l’efficaci té thérapeutique (alias tolérances) ; dépendances et syndromes de sevrage ; dépressions respi ratoires, etc. La zopiclone , et vraisemblablement l’ eszopiclone , exposent aussi à des troubles du goût (2). + “-azam, -azépam, -azolam” (n° 457, p. 825). ©Prescrire Sources 1- World Health Organization “The use of stems in the selection of International Nonproprietary Names (INN) for pharmaceutical substances 2018 (stem book 2018)” : 79, 144. 2- “Benzodiazépines et apparentés” Interactions Médica menteuses Prescrire 2023.
En ville : Séc. soc. 15 %. À l’hôpital : agréé collect. 14 comprimés à 1 mg, 2 mg ou 3 mg : 1,61 €.
Rev Prescrire • Juin 2023
Les sources et références sont disponibles dans la revue Prescrire originale, sur abonnement
Rev Prescrire • Janvier 2023
P age 4 • L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2023 • T ome 43 N° 479 bis
RAYON DES NOUVEAUTÉS
NOUVELLE SUBSTANCE
daridorexant ( quviviq °) et insomnie Une évaluation non conçue pour démontrer un progrès
● Des interactions avec d’autres médicaments sont à prévoir, notamment via l’isoenzyme CYP 3A4 du cytochrome P450 et par addition d’effets dépresseurs centraux. ● En l’absence de données, il est prudent d’évi ter le daridorexant chez des femmes qui pour raient être enceintes ou le devenir. N’APPORTE RIEN DE NOUVEAU Chez des patients ayant une insomnie chro nique, l’évaluation clinique du daridorexant n’a pas été conçue pour démontrer un éven tuel progrès par rapport aux somnifères déjà disponibles. Son mécanisme d’action est certes différent, mais sans preuve d’un pro grès clinique tangible pour les patients. On manque de recul pour cerner ses effets indé sirables. En pratique, début 2023, l’évaluation du daridorexant est trop incomplète pour prendre le risque d’exposer les patients à ce médicament en dehors des essais cliniques. Quand un médicament est envisagé, il semble plus prudent d’en rester aux somnifères déjà disponibles, malgré leurs limites, étayées par un plus long recul d’utilisation. QUVIVIQ° - daridorexant comprimés • 25 mg ou 50 mg de daridorexant par comprimé (30 com primés en plaquette) Idorsia Pharmaceuticals ■ hypnotique ; antagoniste des récepteurs des orexines A et B ■ Indication : chez les adultes, « traitement de l’insomnie caractérisée par des symptômes présents depuis au moins 3 mois et avec un impact significatif sur le fonctionnement pendant la journée ». [AMM européenne centralisée] ■ Posologie : 25 ou 50 mg une fois par jour, à prendre 30 minutes avant le coucher. « La durée du traitement doit être la plus courte possible . » ■ Conditions d’accès en France au 30 mars 2023 : Liste I. Non commercialisé.
Résumé
● Début 2023, les traitements proposés aux patients gênés par une insomnie chronique sont d’abord autres que médicamenteux. Certains médicaments tels que les benzodiazépines apportent une aide ponctuelle, mais avec des effets indésirables fréquents et parfois graves (somnolences, confusions, chutes, dépendances, etc.). ● Le daridorexant , un antagoniste des récep teurs des orexines A et B, aurait pour effet de diminuer l’état de veille. C’est le premier repré sentant de ce groupe pharmacologique auto- risé dans l’Union européenne. D’autres antago nistes des orexines sont commercialisés dans d’autres pays depuis le milieu des années 2010. ● L’évaluation clinique du daridorexant n’a pas été conçue pour démontrer un éventuel progrès par rapport à un autre somnifère. Deux essais randomisés, en double aveugle, l’ont comparé à un placebo, chez au total 1 854 patients ayant une insomnie chronique, le plus souvent modé rée et sans troubles psychiques associés. En comparaison aux groupes placebo, il y a eu dans les groupes daridorexant une diminution du délai moyen d’endormissement estimé par les patients de quelques minutes et un allonge ment moyen de la durée perçue de sommeil de 10 à 20 minutes. ● Dans les essais comparatifs, seulement quelques centaines de patients ont reçu du daridorexant , le plus souvent pendant 3 mois. D’où beaucoup d’inconnues sur ses effets indé sirables. On sait déjà qu’il expose à des cépha lées, des somnolences, des fatigues et des sensations vertigineuses. Quelques données suggèrent des effets indésirables communs avec d’autres somnifères, notamment des usages détournés et des syndromes de sevrage. Certains effets indésirables sont à mieux cerner, en particulier des troubles de type narcoleptique (paralysies du sommeil et peut-être cataplexies) et des dépressions. ● Les conséquences d’une surdose massive de daridorexant sont largement méconnues. En cas de surdose, aucun antidote n’est disponible.
En ville : non remb. Séc. soc. À l’hôpital : non agréé collect.
L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2023 • T ome 43 N° 479 bis • P age 5
RAYON DES NOUVEAUTÉS
Noms commerciaux des médicaments en France F , Belgique B et Suisse CH
REPÈRES DE SURVEILLANCE
Lors d’un traitement par daridorexant À chaque occasion : 5 Rechercher des signes de dépression ou d’aggravation d’une dépression. 5 S’assurer auprès du patient ou de son entourage de l’absence : d’effets résiduels pendant l’éveil (somnolence, troubles de la concentration, chutes, accidents) ; d’accès brusques de sommeil ou de faiblesse musculaire ; de somnambulisme. 5 Porter attention aux interactions, notamment : – risque de surdoses avec les inhibiteurs de l’isoenzyme CYP 3A4 du cytochrome P450, tels que la plupart des macrolides, des antifongiques azolés et le jus de pamplemousse ; – additions d’effets indésirables avec d’autres dépresseurs du système nerveux central tels que l’alcool, les benzodiazépines, les opioïdes, les antiépileptiques, des antihistaminiques H1, les neuroleptiques. 5 S’enquérir d’une éventuelle augmentation des doses, évocatrice d’une consommation non maîtrisée. Élaboré par la Rédaction de Prescrire en mars 2023, à la suite de l’analyse de l’évaluation du daridorexant dans l’insomnie (lire p. 325-330). ©Prescrire
daridorexant – F B CH QUVIVIQ° flumazénil – F FLUMAZENIL MYLAN° ou autre ; B CH ANEXATE° ou autre lemborexant – F B CH (—) suvorexant – F B CH (—) zolpidem – F CH STILNOX° ou autre ; B STILNOCT° ou autre zopiclone – F B CH IMOVANE° ou autre Recherche documentaire et méthode d’élaboration Notre recherche documentaire a reposé : sur le suivi prospectif et continu des sommaires des principales revues internationales et des bulletins de l’International Society of Drug Bulletins (ISDB) mis en œuvre au sein du Centre de documentation Prescrire ; sur la consultation systématique d’un ouvrage de base en pharmacologie clinique (MartindaleThe complete drug reference) ; sur la consulta tion systématique des sites internet de l’Agence européenne du médicament (EMA) et de la Food and Drug Administration (FDA) étatsunienne pour la dernière fois le 10 mars 2023. Rev Prescrire • Mai 2023
DANS LES RAYONS
Huile essentielle de lavande vraie et troubles anxieux ou du sommeil
Substances commercialisées avec des statuts divers Repères pour l’utilisation des substances commercialisées sous divers statuts : complément alimentaire, dispositif médical, médicament. PREMIER CHOIX Traitement ayant une balance bénéfices-risques favorable dans cette situation clinique ÉVENTUELLEMENT Traitement éventuellement utile dans cette situation clinique INCERTAIN Traitement d’intérêt incertain, peu évalué avec des effets indésirables peu connus ou efficacité trop modeste À ÉCARTER Traitement à écarter dans cette situation clinique Rev Prescrire • Juillet 2022
UNE OPTION DANS LESTROUBLES ANXIEUX CHRONIQUES
Dans plusieurs essais cliniques versus place bo menés chez des adultes, l’ huile essentielle de lavande vraie par voie orale prise le plus souvent à la dose de 80 mg par jour a eu une certaine efficacité symptomatique, mais de faible ampleur et inconstante d’un essai à l’autre. Les comparaisons versus lorazépam à faible dose et versus paroxétine sont peu démonstratives. Prise par voie orale, l’ huile essentielle de lavande vraie expose principa lement à des troubles digestifs.
UN INTÉRÊT INCERTAIN DANS LESTROUBLES DU SOMMEIL
L’évaluation comparative de l’ huile essen tielle de lavande vraie dans les troubles du sommeil est plus pauvre que dans l’anxiété. Son intérêt éventuel dans ce domaine n’est qu’une hypothèse.
Les sources et références sont disponibles dans la revue Prescrire originale, sur abonnement .
P age 6 • L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2023 • T ome 43 N° 479 bis
VIGILANCES
Tableauscopie. Spécialités à base de vitamine D non associée chez les enfants non prématurés en prévention des carences (commercialisées en France au 18 octobre 2022)
La vitamine D3 est produite par la peau sous l’effet des rayons ultraviolets du soleil. On en trouve dans certains aliments d’origine animale. La vitamine D2 est d’origine végétale. En France, les spécialités à base de vitamine D non associée contiennent du colécalciférol (alias vitamine D3, ou cholécalciférol en dénomination commune française), sauf Stérogyl° qui contient de l’ ergocalciférol (alias vitamine D2). Elles sont remboursables à 65 % par la Sécurité sociale. Elles sont soumises à prescription médicale sauf les solutions buvables en gouttes. Chez tous les enfants vivant dans les pays d’Europe occidentale situés à la latitude de la France, une supplémentation en vitamine D est justifiée jusqu’à l’âge de 1 an en prévention du rachitisme. Chez les enfants nourris exclusivement au sein, il est recommandé de donner 400 unités (UI) par jour de vitamine D (600 unités si l’enfant a la peau foncée) jusqu’à l’âge de 1 an. Chez les enfants nourris au lait infantile préparé industriellement, le plus souvent déjà enrichi en vitamine D, il est recommandé de ne donner que 200 unités par jour jusqu’à l’âge de 6 mois.
Ensuite, de 6 mois à 1 an, la plupart des laits infantiles préparés industriellement apportent 500 unités de vitamine D par jour, ce qui est suffisant. Chez des enfants de moins de 1 an, des hypercalcémies ont été décrites avec des doses quotidiennes de 800 unités. Il semble prudent d’éviter des apports massifs périodiques de vitamine D chez les enfants de moins de 1 an, et de préférer une prise quotidienne de doses faibles. Chez les enfants qui ont une peau très foncée ou très peu exposés au soleil, il est parfois justifié de donner de la vitamine D entre les âges de 1 an et 5 ans si l’enfant ne prend plus de lait enrichi en vitamine D, puis à nouveau entre l’âge de 10 ans et la fin de la puberté : 600 à 800 unités par jour voire, quand la prise d’un traitement quotidien est difficile, 80 000 unités à 100 000 unités tous les 3 mois. Le risque de carence en vitamine D est parfois augmenté, par exemple en cas de malabsorption digestive, d’insuffisance rénale chronique ou lors de traitements par anticonvulsivants.
Fréquence d’administration selon les RCP*
Dosage en vitamine D
Substance Spécialité
Âge minimal selon les RCP*
Forme pharmaceutique et présentation
solution buvable en flacon compte-gouttes de 10 ml (333 gouttes) solution buvable en flacon compte-gouttes de 10 ml (300 gouttes) solution buvable alcoolique ( b ), en flacon compte-gouttes de 20 ml (1 000 gouttes)
300 unités par goutte
colécalciférol ZYMAD° 10 000 unités/ml
—
333 unités par goutte
colécalciférol ADRIGYL° 10 000 unités/ml
—
tous les jours
ergocalciférol STÉROGYL° 2 000 000 unités/100 ml ( a ) colécalciférol UVEDOSE° 50 000 unités ( c ) colécalciférol ZYMAD° 50 000 unités colécalciférol ZYMAD° 80 000 unités colécalciférol UVEDOSE ° 100 000 unités
400 unités par goutte
—
solution buvable (boîte de 1 ampoule)
50 000 unités par ampoule 50 000 unités par ampoule 80 000 unités par ampoule
18 mois
tous les mois ou 2 mois
solution buvable (boîtes de 1, 2 ou 4 ampoules)
18 mois
solution buvable (boîte de 1 ampoule)
—
tous les 2 à 4 mois
solution buvable (boîte de 1 ampoule)
100 000 unités par ampoule
—
ou autre avec nom commercial en DCI
tous les 3 mois
colécalciférol KIPOS°
capsules molles (boîtes de 1 ou 2 capsules) solution injectable IM et buvable (boîte de 1 ampoule)
100 000 unités par capsule 200 000 unités par ampoule 200 000 unités par ampoule
6 ans
colécalciférol VITAMINE D3 BON°
—
tous les 6 mois à 12 mois
colécalciférol ZYMAD° 200 000 unités
solution buvable (boîte de 1 ampoule)
—
Sources RCP des spécialités citées (site internet de l’Agence française du médicament (ansm.sante.fr) • Site internet de l’OCP (www.clickadoc.fr) •“Rachitisme : prévention” Premiers Choix Prescrire, actualisation novembre 2020 : 3 pages • “Vitamine D chez les enfants : adap ter la dose” Infos-Patients Prescrire mises à jour décembre 2020 : 1 page • “Prévenir le rachitisme par la vitamine D. Supplémentation chez certains enfants” Rev Prescrire 2013 ; 33 (362) : 916-923 • Bacchetta J et coll. “Vitamin D and calcium intakes in general pediatric populations : a French expert consensus paper” Arch Pediatr 2022 : 14 pages. • Swissmedic “RCP-Vitamine D3 Spirig HC” juillet 2021.
*RCP : résumé des caractéristiques du produit a- EnFrance, Stérogyl 15“A”° et Stérogyl 15“H”°, respectivement ensolutionbuvablealcoolique et en solution injectable huileuse administrable aussi par voie orale, sont dosés à 600 000 uni tés d’ ergocalciférol par ampoule (en boîtes de 1 ampoule) et sont réservés aux adultes. b- Selon le RCP, cette forme buvable contient 90 % (v/v) d’éthanol, soit 14 mg par goutte. c- En France, Uvedose° à 50 000 unités de colécalciférol par capsule molle (en boîtes de 2 ou 4 capsules) est réservé aux adultes.
Rev Prescrire • Décembre 2022
L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2023 • T ome 43 N° 479 bis • P age 7
VIGILANCES
Pour éviter ou réduire l’exposition des patients aux effets indésirables !
Des milliers d'études sélectionnées et analysées après la mise sur le marché des médicaments ; plus de 250 sources d'information nationales et internationales.
Produits huileux par voie nasale : pneumopathies par inhalation
En 2021, une équipe canadienne a rapporté l’observation d’un homme âgé de 30 ans atteint de pneumopathie pendant plusieurs mois, malgré plusieurs traitements anti
d’orange et de citron, et est commercialisée avec le statut de dispositif médical, pour les adultes et les enfants (4). En 2022, avec les médicaments par voie orale à base d’huile de paraffine utilisés dans la constipation, il est précisé que les jeunes enfants, les personnes restant allongées, celles ayant des difficultés de déglutition ou atteintes de reflux gastro-œsophagien sont parti culièrement exposés au risque d’inhalation et de pneumopathie huileuse (5). Des pneumopathies huileuses par inhalation de produit huileux chauffé sont évoquées comme cause de certaines insuffisances respiratoires aiguës obser vées chez des utilisateurs de cigarettes électroniques (2). En pratique Quand une substance huileuse parvient aux poumons, elle expose à la survenue d’une pneumo pathie, quel que soit son intérêt par ailleurs. ©Prescrire Sources 1- Yeung SHM et coll. “Exogenous lipoid pneumonia associated with oil-based oral and nasal products” Can Med Assoc J 2021 ; 193 (40) : E1568-E1571. 2- Klompas M et coll. “Aspiration pneumonia in adults” UpToDate. Site www.uptodate.com consulté le 16 décembre 2021 : 32 pages. 3- Prescrire Rédaction “Huiles végétales par voie nasale : sur liste I” Rev Prescrire 2002 ; 22 (225) : 114. 4- “Gelositin soin nasal” www.clickadoc.fr interrogé le 18novembre 2021 : 3pages. 5- ANSM“RCP-Huile deparaffineGilbert” 14 décembre 2021 : 3 pages. Rev Prescrire • Mai 2022 Les auteurs n’ont pas rapporté spécifiquement les résultats pour les patients ayant débuté le traitement par allurinol à une dose quotidienne de 50 mg oumoins (2). En pratique L’ allopurinol est le médicament de pre mier choix quand un médicament hypo-uricémiant est décidé (2). Étant donné le risque de graves réactions d’hypersensibilité, il est prudent de débuter l’ allopu rinol à faible dose, et de l’augmenter progressivement, a fortiori chez les patients insuffisants rénaux (2). Avec toujours une surveillance du débit de filtration glomé rulaire et des interactions médicamenteuses affectant la fonction rénale. ©Prescrire Sources 1- Bathini L et coll. “Initiation dose of allopurinol and the risk of severe cutaneous reactions in older adults with CKD : a population -based cohort study” AmJKidneyDis 2022 ; 80 (6) : 730-739. 2- Prescrire Rédaction“Hypo-uricémiant en prévention des récidives de crises de goutte. Quand les crises sont trop fréquentes, faute demieux, allopu rinol malgré ses risques d’hypersensibilité grave” Rev Prescrire 2022 ; 42 (464) : 438-443. Rev Prescrire • Mai 2023
biotiques. Une pneumopathie huileuse a finalement été diagnostiquée. Il utilisait depuis 2 ans des gouttes nasales à base d’huile de sésame, et depuis 12 ans un produit à base d’huile de lin pour soulager une séche resse buccale.Trois mois après l’arrêt de ces produits huileux, la fonction pulmonaire mesurée a paru meil leure (1). Les inhalations de produits huileux exposent à des pneumopathies. Certaines se manifestent de manière aiguë par une toux, de la fièvre et des difficultés respiratoires. D’autres évoluent de façon asym ptomatique, ou chronique, avec surtout une toux et des difficultés respiratoires. Les images radiologiques montrent des opacités bilatérales de la base des poumons souvent mal définies. Parfois les images sont plus nettes correspondant à de l’huile encapsu lée dans du tissu fibreux (2). Le risque de pneumopathies a conduit l’Agence française du médicament (ANSM) en 2001 à restreindre les utilisations de médicaments en solution nasale contenant des huiles végétales ou de l’huile de paraf fine (3). Pourtant en 2022, des huiles nasales sont disponibles sans prescription, notamment la spécia- lité Gelositin°, qui contient des huiles de sésame,
Allopurinol débuté trop brusquement : atteintes cutanées graves
En 2022, une étude a porté sur le risque d’atteintes cutanées graves telles que des syndromes de Lyell et de Stevens-Johnson, chez des patients traités depuis peu par
allopurinol (Zyloric° ou autre). Elle s’est basée sur des données hospitalières et de prescription canadiennes de la province de l’Ontario, sur la période 2008-2019 (1). Environ 47 000 patients avec une première prescription d’ allopurinol ont été inclus, tous âgés de plus de 65 ans et insuffisants rénaux chroniques (débit de filtration glomérulaire estimé inférieur à 60 ml/min par 1,73 m 2 ), mais ni dialysés ni greffés. Dans les 180 jours qui ont suivi une première pres cription d’ allopurinol , le risque de consultation hospi talière pour atteinte cutanée grave a été plus grand chez les patients ayant débuté le traitement par allo purinol avec une dose quotidienne dépassant 100 mg (4 pour 1 000 patients) que chez ceux l’ayant débuté avec une dose quotidienne de 100 mg ou moins (1,8 pour 1 000 patients), soit un risque relatif estimé à 2,3 avec un intervalle de confiance à 95 % de 1,5 à 3,4. Le risque d’hospitalisation toutes causes confon dues a aussi été plus grand de façon statistiquement significative (2).
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VIGILANCES
Venlafaxine au 1 er trimestre de la grossesse : peut-être des malformations, en particulier cardiaques
RÉSUMÉ
Recherche documentaire mise à jour le 24 janvier 2023 1- Prescrire Rédaction “Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline : venlafaxine, etc.” InteractionsMédicamenteuses Prescrire 2023. 2- “Venlafaxine”. In : “Reprotox”. Site reprotox.org consulté le 24 jan vier 2023 : 23 pages. 3- “Venlafaxine”. In : “Shepard catalog of teratogenic agents”. Site internet depts.washington.edu/terisdb consulté le 24 janvier 2023 : 3 pages. 4- “Venlafaxine”. In : “Teris Teratogen Information System”. Site internet depts.washington.edu/terisdb consulté le 24 janvier 2023 : 3 pages. 5- US FDA “Full prescribing information-Effexor” août 2022. 6- “Venlafaxine”. In : Briggs GG et coll. “Drugs in pregnancy and lac tation, a reference guide to fetal and neonatal risk” LippincottWilliams andWilkins, Philadelphie. Plateforme OvidSP consultée le 24 janvier 2023 : 6 pages. 7- Ma ň áková E et coll.“Antidepressant drug exposure during pregnan cy. CZTIS small prospective study” Neuro Endocrinol Lett 2011 ; 32 (suppl 1) : 53-56. 8- TeWinkel B et coll. “Venlafaxine exposure in pregnancy, amulticen ter ENTIS study” Pharmacoepidemiol Drug Saf 2016 ; 25 (suppl 3): 325-326. 9- Innocenti D et coll. “Maternal exposure to venlafaxine during the first trimester : 10-years experience of the Florence Teratology Infor mation Service” ReprodToxicol 2019 ; 88 : 147. 10- AndersonKNet coll.“Maternal useof specific antidepressantmedi cations during early pregnancy and the risk of selected birth defects” JAMAPsychiatry 2020 ; 77 (12) : 1246-1255+“Supplément” : 23pages +“Theassociationbetweenantidepressant exposure andbirthdefects– are we there yet ?” JAMA Psychiatry 2020 ; 77 (12) : 1215-1216. 11- Reefhuis J et coll. “National Birth Defects Prevention Study. The national birth defects prevention study: a reviewof themethods” Birth Defects Res A Clin Mol Teratol 2015 ; 103 (8) : 656-669. 12- CDC “State-based birth defects tracking systems” + “National Birth defects prevention study (NBDPS)” + “Metropolitan Atlanta congenital defects program (MACDP) + “Birth defects research and tracking” 15 septembre 2022 : 12 pages. 13- Bérard A et coll. “Antidepressant use during pregnancy and the risk ofmajor congenitalmalformations in a cohort of depressedpregnant women : an updated analysis of the Quebec Pregnancy Cohort” BMJ Open 2017 ; 7 (1) : e013372 + “Supplément” : 12 pages. 14- Kolding L et coll. “Antidepressant use in pregnancy and severe cardiacmalformations : Danish register-based study” BJOG 2021 ; 128 (12) : 1949-1957 + “Annexes - figures - tableaux” : 12 pages. Rev Prescrire • Avril 2023
● La venlafaxine est un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la nor adrénaline. Aux 2 e et 3 e trimestres de la grossesse, elle expose les femmes et les enfants à naître à des effets indésirables parfois graves. Les données disponibles en 2019 ne montraient pas d’augmen tation du risque malformatif global chez les enfants ayant été exposés à la venlafaxine en début de grossesse. ● Une large étude cas/témoins étatsunienne a été menée à partir d’un registre de malformations aux États-Unis d’Amérique. Les résultats, publiés en 2020, suggèrent un risque 2 à 9 fois plus grand de certaines malformations quand la venlafaxine a été prise au 1 er trimestre : malformations car diaques, fentes labiopalatines, anomalies de fer meture du tube neural et gastroschisis. ● Une étude de cohorte québécoise, chez 738 enfants exposés in utero à la venlafaxine au 1 er trimestre de grossesse, a suggéré un risque environ 2 fois plus grand de malformations du sys tème respiratoire. ● 14 études épidémiologiques publiées entre 2001 et 2019, et portant sur environ 6 400 femmes enceintes, quasi toutes exposées au cours du 1 er trimestre de la grossesse à la venlafaxine , ont eu des résultats divergents concernant le risque de malformations cardiaques. Une étude publiée en 2021, menée à partir de registres danois, a montré une fréquence de malformations cardiaques graves chez les enfants exposés in utero à la venlafaxine au 1 er trimestre de grossesse environ deux fois plus importante que chez ceux non exposés. ● En 2023, diverses études montrent de façon convergente un risque de malformations, cardiaques en particulier, avec la prise de venlafaxine au cours du 1 er trimestre de grossesse. La venlafaxine est plus dangereuse que les antidépresseurs inhibiteurs dits sélectifs de la recapture de la sérotonine et figure depuis 2014 parmi les médicaments que Prescrire conseille d’écarter des soins. En cas de grossesse débutant chez une femme sous venla faxine , quand le changement pour un autre anti dépresseur n’est pas souhaitable, il importe de mettre en place une surveillance échographique attentive.
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L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2023 • T ome 43 N° 479 bis • P age 9
STRATÉGIES
© Peter Muller/Cultura/Photononstop
Diabète de type 2, quand la metformine ne suffit pas Si on ajoute un médicament : en général, liraglutide, dulaglutide ou sémaglutide en premier choix
plus d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque, et dans un autre plus de rétinopathies sévères dans le groupe gliptine. ● Un essai en double aveugle versus placebo a évalué l’ajout de pioglitazone à la metformine . La mortalité totale, la mortalité cardiovasculaire, la fréquence de survenue des accidents cardiovasculaires et celle des amputations ont été du même ordre dans les groupes pioglitazone et placebo. Les hospitalisations pour insuffisance cardiaque ont été plus fréquentes dans le groupe pioglitazone . ● Trois essais randomisés ont comparé des hypo glycémiants entre eux, en ajout à la metformine . Hormis le liraglutide qui a paru plus efficace qu’un sulfamide, une gliptine ou une insuline dans un essai sans procé dure d’aveugle, il n’a pas été mis en évidence d’avantage clinique d’un des divers hypoglycémiants comparés. ● Les profils d’effets indésirables de ces divers médi caments comportent principalement : des troubles diges tifs avec les agonistes GLP-1 ; des infections urinaires et génitales parfois graves, des acidocétoses, des ampu tations et des fractures avec les gliflozines ; des réac tions immunoallergiques graves avec les gliptines ; des hypoglycémies, parfois sévères, et des prises de poids avec les insulines et les sulfamides hypoglycémiants ; des insuffisances cardiaques, des œdèmes maculaires et des cancers de la vessie avec la pioglitazone . Les pancréatites aiguës sont des effets indésirables com muns aux incrétinomimétiques, c’est-à-dire les agonistes GLP-1 et les gliptines. ● En pratique, quand la metformine ne suffit pas pour atteindre l’HbA1c visée, l’ajout d’un agoniste GLP-1 tel que le liraglutide, le dulaglutide ou le sémaglutide semble avoir une balance bénéfices risques favorable chez les patients à risque élevé d’accident cardiovasculaire. L’ajout de la dapagli- flozine semble avoir une balance bénéfices-risques favorable chez les patients qui ont une insuffisance cardiaque ou une atteinte rénale modérée. Rev Prescrire 2023 ; 43 (478) : 595-605 Rev Prescrire • Août 2023
RÉSUMÉ
● Le traitement du diabète de type 2 a pour objectif principal d’éviter ou retarder les accidents cardio vasculaires, les rétinopathies sévères, les amputations et les insuffisances rénales sévères. La metformine est, en 2023, le médicament hypoglycémiant de premier choix chez la plupart des patients, malgré les faiblesses de son évaluation. ● Quand l’ajout à la metformine d’un autre hypo glycémiant paraît souhaitable pour atteindre le niveau d’HbA1c visé, quel médicament choisir ? Pour répondre à cette question, nous avons réalisé une synthèse de l’évaluation disponible. Nous avons retenu les essais comparatifs randomisés ayant inclus au moins 1 000 patients avec une durée médiane de suivi de 2 ans ou plus. ● Cinq essais randomisés en double aveugle versus placebo ont évalué l’ajout d’un agoniste GLP-1. Dans un essai chacun, le dulaglutide , le liraglutide et le sémaglutide ont réduit la fréquence de survenue des accidents cardiovasculaires, mortels ou non. Dans ces trois essais, la survenue d’une rétinopathie sévère a été plus fréquente dans le groupe agoniste GLP-1 que dans le groupe placebo. ● Cinq essais randomisés en double aveugle versus placebo ont évalué l’ajout d’une gliflozine. Dans ces cinq essais, il y a eu moins d’hospitalisations pour insuffisance cardiaque et d’aggravations sévères d’insuffisance rénale dans les groupes gliflozine. Dans quatre essais, les ampu tations ont été plus nombreuses dans les groupes gliflo zine que dans les groupes placebo. Dans un autre essai, chez des patients avec une atteinte rénale et pour la plu part atteints de diabète de type 2, la mortalité totale et la fréquence de survenue des insuffisances rénales ter minales ont paru moindres sous dapagliflozine . ● Trois essais en double aveugle versus placebo ont évalué l’ajout d’une gliptine. La mortalité totale, la mor talité cardiovasculaire et la fréquence de survenue des accidents cardiovasculaires ont été similaires dans les groupes gliptines et placebo. Dans un essai, il y a eu
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Repères
Pour être à jour des options les plus favorables dans de nombreuses situations cliniques et vous aider à prendre des décisions avisées
Vaccination contre le méningocoque B
Mi-2022, la vaccination généralisée des nourrissons est d’intérêt incertain
– dose de rappel à 12 mois, en même temps que le rap pel de vaccin méningococcique C et la première injection de vaccin rougeole-oreillons-rubéole (1). Cette vaccination contre le méningocoque B est recom mandée et prise en charge par l’Assurance maladie, mais elle n’est pas obligatoire. Vaccination généralisée des nourrissons : une efficacité difficile à quantifier. En France, l’incidence des infections par méningocoque B a diminué de façon notable entre 2006 et 2014 (2). Cette décroissance spontanée a été également constatée au Royaume-Uni, avant l’introduc tion de la vaccination généralisée des nourrissons contre le méningocoque B en 2015 (2). Aux Pays-Bas, une dé croissance du même ordre a été constatée, mais en l’absence de vaccination généralisée des nourrissons contre le méningocoque B (2). Au Royaume-Uni, en Italie et au Portugal, la vaccination des nourrissons par Bexsero° a été associée à une moindre incidence des infections invasives par un méningocoque B. Du fait de la diminution spontanée de l’incidence au cours des années précédentes et du petit nombre de cas, il est difficile de quantifier l’efficacité réelle de cette vaccina tion (2). Il est délicat de transposer ces données d’observation, car les souches circulantes sont variables d’un pays à l’autre (2). En France, en 2018-2019, environ 70 % des souches de méningocoque B à l’origine d’infections in vasives étaient des souches couvertes par Bexsero° (4). D’après l’analyse des études par la HAS, la vaccination par Bexsero° ne semble pas réduire le portage rhinopha ryngé du méningocoque B. Il est donc probable que cette vaccination ne diminue pas le risque de transmission du méningocoque B au sein de la population générale (2). Des signaux d’effets indésirables à explorer. Chez les nourrissons, les effets indésirables du vaccin Bexsero° sont notamment des douleurs, indurations et érythèmes au point d’injection chez 75 % à 85 % des nourrissons (2). Une fièvre semble fréquente, surtout après la première dose (5). Des convulsions fébriles au cours des 48 heures suivant la vaccination sont survenues dans un contexte d’injection concomitante d’un autre vaccin (3). Au cours des études d’immunogénicité, six cas de syndrome de Kawasaki ont été rapportés après vaccina tion contre le méningocoque B et un cas dans un groupe témoin vacciné contre le méningocoque C (3). Quatre cas de syndrome néphrotique ont été rapportés suite à la vaccination chez des enfants au Canada (2). Mi-2022, le risque de syndrome néphrotique n’a été ni confirmé ni exclu (2). En pratique Une balance bénéfices-risques difficile à cerner. Mi-2022, la balance bénéfices-risques de la vac cination généralisée des nourrissons est incertaine, étant donné les nombreuses inconnues autour de son effica cité clinique, au-delà des concentrations d’anticorps, et ses effets indésirables. D’autre part, cette vaccination
● Depuis avril 2022, en France, le vaccin méningo coccique B Bexsero° est recommandé par les autorités sanitaires chez l’ensemble des nourrissons, dès l’âge de 2 mois et avant l’âge de 2 ans, et pris en charge par l’As surance maladie. ● L’efficacité de cette stratégie de vaccination généra lisée des nourrissons est difficile à quantifier, dans un contexte de faible circulation du méningocoque B. ● Les incertitudes autour d’éventuels effets indésirables graves de ce vaccin rendent la balance bénéfices-risques de la vaccination généralisée incertaine. Mi-2022, une option prudente est de vacciner quand les données épidémiologiques évoluent dans le sens d’une augmen tation du nombre de cas. E n avril 2022, le Ministère des solidarités et de la santé français a publié son calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2022. La recommandation de vacciner tous les nourrissons contre les infections par un méningocoque de sérogroupe B avec le vaccin Bex sero° est l’une des nouveautés de ce calendrier (1). Voici résumées les principales données d’évaluation qui ont conduit à cette recommandation. Une infection rare mais très grave. Les méningites et les autres infections invasives par méningocoque B atteignent surtout les jeunes enfants, plus particulièrement ceux âgés de moins de 1 an (2). En France, entre 2014 et 2019, la fréquence de survenue de ces infections a été stable, avec une moyenne annuelle de 87 cas dont 4 morts chez les enfants âgés de moins de 4 ans (2). Après une infection invasive à méningocoque B, environ 1 enfant sur 10 a un handicap physique ou neurologique important (2). En 2013, en France, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a recommandé la vaccination contre le méningo coque de sérogroupe B par Bexsero° pour certaines per sonnes à risque élevé de contracter une infection à mé ningocoque en raison d’antécédents particuliers tels que l’absence de rate (asplénie), ainsi que dans certaines si tuations telles que des foyers de cas, ou une situation épidémique reconnue, si la souche en cause est couverte par le vaccin (2,3). En avril 2022, en France, la Haute autorité de santé (HAS) a recommandé d’élargir à l’ensemble des nourris sons la vaccination contre le méningocoque de séro groupe B par Bexsero° à partir de l’âge de 2 mois et avant l’âge de 2 ans. Le schéma recommandé est le suivant : – première dose à 3 mois ; – deuxième dose à 5 mois, en même temps que le vaccin méningococcique C conjugué ; –
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Repères
contre le méningocoque B, comportant 3 injections, s’ajoute en France aux 11 vaccinations obligatoires chez les enfants (diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite, Haemophilus influenzae b , hépatite B, pneumocoque, méningocoque C, rougeole, oreillons, rubéole). Cela fait prévoir des difficultés pratiques pour effectuer trois in jections supplémentaires sur une courte période chez un même enfant et trois injections simultanées de vaccins à 12 mois. Tant que les incertitudes autour de l’efficacité de la vaccination généralisée et de ses effets indésirables ne sont pas dissipées, une option prudente est de poursuivre une vaccination ciblée, quand les données épidémio logiques montrent une augmentation du nombre de cas : dans cette situation, l’intérêt du vaccin est plus grand et les doutes sur ses effets indésirables plus acceptables. ©Prescrire
Extraits de la veille documentaire Prescrire 1- Ministère des solidarités et de la santé “Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2022” avril 2022 : 89 pages. 2- Haute autorité de santé “Stratégie de vaccination pour la prévention des infections invasives à méningocoques : le sérogroupe B et la place de Bexse ro” juin 2021 : 130 pages. 3- Prescrire Rédaction “Vaccin méningococcique B (Bexsero°). Un vaccin immunogène peut-être utile en cas d’épidémie” Rev Prescrire 2014 ; 34 (366) : 251-255. 4- Hong E et coll.“Evolution of strain coverage by themulticomponentmeningo- coccal serogroup B vaccine (4CMenB) in France” Hum Vaccin Immunother 2021 ; 17 (12) : 5614-5622. 5- Martinón-Torres F et coll.“Reduced schedules of 4CMenB vaccine in infants and catch-up series in children : immunogenicity and safety results from a randomised open-label phase 3b trial” Vaccine 2017 ; 35 (28) : 3548-3557. Rev Prescrire • Septembre 2022
Orgelets et chalazions Des soins d’hygiène en attendant la guérison spontanée
● Les orgelets sont de petites tuméfactions rouges et douloureuses situées sur le bord libre d’une paupière. Ils résultent le plus souvent de l’infection de l’enveloppe de la racine d’un cil. ● Les chalazions se manifestent par un petit nodule, en général non douloureux, dans l’épaisseur d’une paupière. Ils résultent de l’obstruction, sans infection, d’une glande sébacée. ● Orgelets et chalazions sont à distinguer d’autres affections qui rendent les paupières rouges ou enflées, telles que les cellulites, blépharites et dacryoadénites. ● La plupart des orgelets guérissent spontanément en quelques jours, et la plupart des chalazions en quelques semaines. Quand une lésion localisée de la paupière persiste quelques mois, il est utile de prendre un avis ophtalmologique spécialisé. ● En pratique, faute d’évaluation comparative, le traitement des orgelets et des chalazions est empirique. Il repose sur l’application de compresses d’eau tiède plusieurs fois par jour. Rev Prescrire 2022 ; 42 (464) : 444-446
Chalazion >
© Léa Lord
En pratique Facile à reconnaître et à traiter, le plus souvent sans médicament Les orgelets et les chalazions sont en général faciles à reconnaître : les orgelets sont sensibles à la palpation, voire douloureux, alors qu’en général les chalazions ne le sont pas. La plupart de ces lésions guérissent sponta nément. Début 2022, il n’y a pas d’évaluation comparative des traitements de première ligne proposés aux patients qui ont un orgelet ou un chalazion. Puisque l’évolution natu relle de ces lésions est le plus souvent favorable, mieux vaut choisir en premier un traitement local qui expose à peu d’effets indésirables : compresses d’eau tiède et mesures d’hygiène. L’amélioration est souvent plus longue à obtenir pour les chalazions que pour les orgelets. Synthèse élaborée collectivement par la Rédaction sans aucun conflit d’intérêts ©Prescrire Rev Prescrire • Juin 2022
Orgelet >
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Infos-Patients MESSAGES-CLÉS MÉDICAMENTS
À transmettre aux patients ou à leur entourage lors de la prescription, de la dispensation ou de la sur- veillance d'un médicament
INFOS-PATIENTS MESSAGES-CLÉS MÉDICAMENTS
pilule estroprogestative avec une période d’arrêt entre 2 plaquettes éthinylestradiol + lévonorgestrel ou autre
En cas d’oubli d’un seul comprimé : prendre le comprimé oublié dès que possible, même si cela demande de le prendre en même temps que le comprimé du jour. Pourquoi ? La contraception reste efficace en cas d’ou bli d’un seul comprimé d’une plaquette. Le délai de 12 heures maximummentionné dans certaines notices est seulement indicatif. En cas d’oubli de 2 comprimés de suite ou plus : reprendre la pilule chaque jour et utili ser des préservatifs à partir de l’oubli et jusqu’à 7 jours après la reprise de la pilule. Prendre une “pilule du lendemain” en cas de relation sexuelle sans préservatif. Pourquoi ? L’efficacité de la contraception n’est plus assurée en cas d’oubli de 2 comprimés ou plus. Si ces oublis ont lieu pendant la 3 e semaine de prise d’une plaquette, terminer la plaquette en cours comme prévu, puis enchaîner avec une nouvelle plaquette sans jour d’arrêt entre les 2 plaquettes, afin de rétablir une contraception efficace. En cas de vomissements dans les 2 heures qui suivent la prise d’un comprimé : prendre un autre comprimé dès que possible. Pourquoi ? Les vomissements diminuent l’absorption digestive de la pilule, ce qui nécessite de reprendre un comprimé pour que la contraception reste efficace. Puis continuer la prise de la pilule chaque jour.
En cas de vomissements ou de diarrhées qui se répètent pendant 48 heures ou plus : uti liser des préservatifs pendant les symptômes et jusqu’à 7 jours après. Prendre une “pilule du lendemain” en cas de relation sexuelle sans préservatif. Pourquoi ? Des épisodes de diarrhées ou de vomisse ments persistants diminuent l’absorption digestive de la pilule et donc diminuent l’efficacité de la contracep tion. Si ces vomissements ou diarrhées ont lieu pendant la 3 e semaine de prise d’une plaquette, terminer la plaquette en cours comme prévu, puis enchaîner avec la plaquette suivante sans arrêt entre les 2 plaquettes, afin de rétablir une contraception efficace. Avant de prendre en plus un autremédicament, une plante ou un complément alimentaire, en parler avec un professionnel de santé. Pourquoi ? Il est important de signaler la prise d’une pilule car de nombreux médicaments diminuent son efficacité. C’est aussi le cas de plantes (millepertuis, ginkgo biloba) et de compléments alimentaires (méla tonine).
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Rev Prescrire • Mai 2023
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Sources • “Contraception” Premiers Choix Prescrire.
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