Maladies neurologiques chez les adultes

D’autres maladies neurodégénératives

La sclérose latérale amyotrophique, en bref

L a sclérose latérale amyotrophique est également appelée, en France, maladie de Charcot, du nom du neurologue qui en a effectué la description à la fin du siècle dernier. Maladie neurodégénérative d’évolu­ tion fatale, elle affecte l’ensemble des motoneurones centraux (corticospinaux) et périphériques au niveau de la corne antérieure de la moelle épinière. L’incidence annuelle de la sclérose latérale amyo­ trophique est estimée à 1,5 cas/100 000 personnes dans la plupart des régions du monde (soit 850 nou­ veaux cas par an environ en France) (1). Cette inci­ dence augmente avec l’âge, la maladie étant souvent diagnostiquée aux alentours de la soixantaine. La plupart des cas sont sporadiques (90 à 95 %), mais il existe des cas héréditaires à transmission auto­ somique dominante. La maladie se révèle par des déficits moteurs sou­ vent limités, et on a coutume de distinguer les formes initialement spinales (75 % des cas), qui se mani­ festent au niveau des membres par une amyotrophie, des fasciculations et des crampes, et les formes ini­ tialement bulbaires, qui se manifestent par des diffi­ cultés de déglutition ou des modifications de la voix (1). L’intérêt de cette séparation des formes à début spinal ou à début bulbaire (considérée comme ayant le pronostic le plus mauvais) est cependant discuté (2). Quel que soit le mode d’apparition, le déficit moteur s’étend inexorablement, avec une vitesse de progression très variable selon les malades ; la durée moyenne de survie à partir des premiers sym­ ptômes est de 3 ans (3). Les troubles respiratoires par paralysie progressive des muscles respiratoires et par pneumopathies de déglutition peuvent faire discuter la trachéotomie avec ventilation assistée, laquelle précède en général de peu le décès. Le diagnostic clinique de sclérose latérale amyo­ trophique est fondé sur des critères dits critères “El Escorial” établis par un groupe d’experts internatio­ naux (4). Trois critères sont nécessaires : des signes cliniques d’atteinte des motoneurones périphériques ; des signes cliniques d’atteinte des motoneurones centraux ; des signes d’aggravation progressive de la maladie. Le diagnostic de sclérose latérale amyo­ trophique est établi en cas d’atteinte de 3 régions différentes (1 région bulbaire + 2 régions spinales ou 3 régions bulbaires ou 3 régions spinales) : la sclérose latérale amyotrophique est dite “probable” en cas d’atteinte des motoneurones corticaux et des motoneurones périphériques dans 2 régions.

Le même groupe d’experts internationaux a établi des recommandations pour l’étude des médicaments dans la sclérose latérale amyotrophique (5). Avant la commercialisation du riluzole (Rilutek°), il n’existait aucun traitement spécifique de la sclérose latérale amyotrophique. Cependant, de nombreux médicaments potentiels sont à l’étude. En effet, si la cause de la sclérose latérale amyotrophique est incon­ nue, diverses hypothèses physiopathologiques ont été émises, que l’on peut regrouper en deux grandes catégories : d’une part, la théorie radicalaire fait appel au “stress” oxydatif (radicaux libres) et/ou aux muta­ tions génétiques ; d’autre part, la théorie “excito­ toxique” repose sur le rôle présumé du glutamate en excès dans la mort neuronale (6). Ces théories sont à la base de la mise en expérimentation, actuellement décevante, de substances aussi diverses que la lamo­ trigine (Lamictal°, un antiglutamate), le dextro­ méthorphane (Tuxium° ou autres, un opioïde), la sélé­ giline (Déprényl°, un inhibiteur de la monoamine oxydase de type B), la ciclosporine (Sandimmun° ou Néoral°, un immunosuppresseur), divers facteurs de croissance cellulaire, le diltiazem (Tildiem° ou autres, un inhibiteur calcique), etc. (7). ©Prescrire Extraits de la veille documentaire Prescrire 1- Leigh PN et Ray-Chaudhuri K “Motor neuron disease” J Neurol Neurosurg Psychiatry 1994 ; 57 (8) : 886-896. 2- Rowland LP “Riluzole for the treatment of amyotrophic lateral sclerosis - too soon to tell ?” N Engl J Med 1994 ; 330 (9) : 636-637. 3- Haverkamp LJ et coll. “Natural history of amyotrophic lateral sclerosis in a database population. Validation of a scoring system and a model for survival prediction” Brain 1995 ; 118 : 707-709. 4- Brooks BR et coll. “El Escorial World Federation of Neurology criteria for the diagnosis of amyotrophic lateral sclerosis” J Neurol Sci 1994 ; 124 (suppl.) : 96-107. 5- World Federation of Neurology Research Group on Neuromus­ cular Diseases Subcommittee on Motor Neuron Disease “Airlie house guidelines.Therapeutic trials in amyotrophic lateral sclerosis” J Neurol Sci 1995 ; 129 (suppl.) : 1-10. 6- Eisen AA “Amyotrophic lateral sclerosis. A multifactorial disease”. In : Serratrice G et Munsat T “Pathogenesis and therapy of amyo­ trophic lateral sclerosis” Adv Neurol 1995 ; 68 : 121-134. 7- Festoff BW “Amyotrophic lateral sclerosis. Current and future treatment strategies” Drugs 1996 ; 51 (1) : 28-44. ▶ Tiré de Rev Prescrire Octobre 1997 Tome 17 N° 177 • Page 632

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Maladies neurologiques chez les adultes – Partie IV • Page 1

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