Édition Découverte Compétence 4

OUVERTURES

Pour aller au-delà du médicament, avec des thématiques variées telles que l’influence des facteurs environ- nementaux sur la santé, des actions interprofessionnelles ou des sujets de société en lien avec la santé.

Hydroxychloroquine : deux fois plus d’effets indésirables notifiés dans le monde en 2020 Une augmentation remarquable, liée aux pres- criptions dans le traitement du covid-19, influen- cées par des études biaisées mais largement médiatisées. L’ hydroxychloroquine n’a pas d’efficacité démontrée pour diminuer la fréquence des hos- pitalisations et des morts liées à la maladie co- vid-19. Pourtant, en 2020, dans de nombreux pays, ce médicament a été largement utilisé, hors autorisation de mise sur le marché (AMM), dans cette affection (1,2). L’ hydroxychloroquine expose à des effets indésirables parfois graves dont : troubles psy- chiques, convulsions, cardiomyopathies, troubles de la conduction intracardiaque, allongements de l’intervalle QT de l’électrocardiogramme avec troubles du rythme ventriculaire (1,2). Pour quantifier les notifications d’effets indésirables de 2020 par rapport aux années antérieures, une équipe hospitalo-universitaire grenobloise a analysé la base de données de pharmacovigilance de l’Agence étatsunienne du médicament (FDA) (3). Le nombre d’effets indésirables liés à la chloro­ quine ou à l’ hydroxychloroquine notifiés entre janvier et septembre 2020 (11 493) a plus que doublé par rapport à la même période en 2018 (4 681) et 2019 (5 131). 97 % des effets indésirables notifiés dans la base étaient considérés comme graves, versus 73 % en 2018 et 85 % en 2019 ; 5,1 % des cas ont été mortels, versus 3,1 % en 2018 et 1,9 % en 2019 (3). En 2020, l’augmentation spectaculaire de la consommation d’ hydroxychloroquine s’est faite sous l’influence d’études biaisées, largement médiatisées, voire promues par certains leaders d’opinion médicaux et politiques (2). Il est pos- sible que la médiatisation ait aussi augmenté la notification des effets indésirables par les soi- gnants, mais cette analyse montre l’importance des conséquences nocives pour les patients de cet emballement excessif pour un médicament à l’usage non justifié dans la maladie covid-19. ©Compétence 4 Sources 1- “Covid-19, formes légères à modérées” Premiers Choix Prescrire, actualisation novembre 2020 : 9 pages. 2- “Le gâchis des essais cliniques dans le covid-19” Rev Prescrire 2021 ; 41 (448) : 135. 3- Perez J et coll.“Reported adverse drug reactions associated with the use of hydroxychloroquine and chloroquine during the covid-19 pandemic” Ann InternMed 2021 : doi 10.7326/ M20-7918, 3 pages.

Vaccin papillomavirus chez les jeunes femmes Moins de cancers invasifs du col utérin chez les femmes vaccinées. Dans les années 2010, l’évaluation des vaccins papil- lomavirus humains (HPV) a montré une réduction de l’incidence des lésions précancéreuses du col de l’utérus chez les adolescentes et les jeunes femmes (1à3). En 2021, avec un recul d’une douzaine d’années, une vaste étude épidémiologique suédoise apporte des données qui vont dans le sens d’une réduction de l’incidence des cancers du col de l’utérus (4). Cette étude a été menée, entre 2006 et 2017, à partir de données démographiques et de santé de registres suédois chez la quasi-totalité des femmes âgées de 10 ans à 30 ans (4). Lors de l’inclusion dans cette étude, les femmes n’avaient reçu aucune dose de vaccin papilloma- virus et n’avaient pas eu de cancer du col de l’utérus (4). La vaccination contre les papillomavirus des adolescentes âgées de 13 ans à 17 ans a été introduite en Suède en 2007 et effectuée dans le cadre scolaire dès l’âge de 10 ans à partir de 2012 (4). Pendant les dix années de l’étude, 538 cancers du col ont été diagnostiqués chez environ 1,1 million de femmes non vaccinées, contre 19 chez environ 500 000 femmes ayant reçu au moins une dose de vaccin papillomavirus HPV-6,11,16,18 (ex-Gardasil°) (4). En prenant en compte notamment l’âge, le lieu de résidence, le niveau scolaire et de revenu des parents et les antécédents maternels de cancer du col de l’utérus, l’incidence des cancers invasifs du col de l’utérus a été plus faible de deux tiers environ chez les femmes vaccinées que chez les non vaccinées (4). La différence d’incidence des cancers invasifs du col de l’utérus a semblé plus grande chez les femmes qui avaient été vaccinées avant l’âge de 17 ans, c’est-à-dire le plus souvent avant les premiers rapports sexuels (4). En somme  Malgré un niveau de preuves moindre que celui d’un essai comparatif randomisé, les résultats de cette étude épidémiologique sont un argument de poids en faveur de l’efficacité du vaccin papillomavirus HPV- 6,11,16,18 pour réduire le risque de survenue des cancers invasifs du col de l’utérus. Ces résultats montrent aussi que le dépistage des cancers du col de l’utérus reste justifié chez les femmes vaccinées. ©Compétence 4 Sources 1- Prescrire Rédaction “Vaccin papillomavirus 6,11,16,18 après 26 ans (Gardasil°). Le dépistage des cancers du col reste la priorité” Rev Prescrire 2011 ; 31 (327) : 11. 2- Prescrire Rédaction “Vaccin papilloma- virus : quelle efficacité, quels risques ?” Rev Prescrire 2013 ; 33 (357) : 552- 556. 3- Prescrire Rédaction “Vaccin papillomavirus à 9 valences (Gardasil 9°) et cancer du col de l’utérus. Quelques dysplasies en moins, mais plus de réactions douloureuses au vaccin” Rev Prescrire 2018 ; 38 (413) : 167- 170. 4- Lei J et coll.“HPV vaccination and the risk of invasive cervical cancer” NEngl JMed 2020 ; 383 (14) : 1340-1348+supplementary appendix : 24 pages.

P age 16 • C ompétence 4 • É dition D écouverte • A vril 2022 • N° 52 bis

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