Edition Découverte 2020

VIGILANCES

Retards de cicatrisation d’origine médicamenteuse Quand une plaie tarde à cicatriser, une question à se poser : et si c’était dû à un médicament ?

L a cicatrisation est un phénomène physio- logique qui restaure l’intégrité de la peau ou d’un tissu. Elle dépend de plusieurs pro- cessus, notamment l’hémostase, l’inflamma- tion, la prolifération cellulaire et le remodelage tissulaire. Le temps de cicatrisation est, en général, d’autant plus long que la plaie est profonde.

−− des corticoïdes par voie générale, cutanée ou inhalée ; −− des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) par voie générale ou par voie locale : le ténoxicam , le kétorolac , le flurbiprofène  ; un autre anti-inflammatoire, la sulfasalazine  ; −− des médicaments qui créent des ulcéra- tions et empêchent leur cicatrisation, dont le nicorandil . Et aussi : −− des antitumoraux anti-EGFR (facteur de croissance épidermique) : le cétuximab , le panitumumab , l’ erlotinib , le géfitinib  ; −− des antitumoraux inhibiteurs de tyrosine kinases : le lapatinib , le pazopanib  ; −− un cytotoxique alkylant : la carmustine  ; −− un antitumoral anti-HER2 : le trastuzumab  ; −− les anticoagulants tels que les héparines calciques, ou l’ énoxaparine , la tinzaparine , le fondaparinux , et les autres héparines de bas poids moléculaire, la warfarine et les autres antivitamine K, le dabigatran , le rivaroxaban , l’ apixaban  ; −− des immunodépresseurs tels que le sirolimus , l’ évérolimus , le temsirolimus , l’ azathioprine , l’ acide mycophénolique , l’ adalimumab , le certolizumab pégol , la ciclosporine , le tacro­ limus , le léflunomide et le méthotrexate  ; −− des médicaments utilisés dans des rhuma- tismes inflammatoires : la pénicillamine et la tiopronine  ; −− des diphosphonates : l’ acide alendronique , l’ acide risédronique  ; −− des anesthésiques locaux ; −− etc. Des médicaments créent des ulcérations et empêchent leur cicatrisation Les médicaments qui créent des ulcérations et empêchent leur cicatrisation sont principa- lement : −− l’ hydroxycarbamide , alias hydroxyurée , à l’origine d’ulcérations cutanées, à type notamment d’ulcères de jambes, ne cicatri- sant qu’après l’arrêt du médicament ; −− le nicorandil , un antiangoreux apparenté aux dérivés nitrés, à l’origine d’ulcérations cutanéomuqueuses ne cicatrisant qu’après l’arrêt du médicament ;

Conséquences cliniques d’un retard de cicatrisation

Les retards de cicatrisation ont des consé- quences cliniques parfois graves voire mor- telles : infections, nouvelle intervention chirur- gicale en raison d’une béance de la plaie ou d’une désunion de ses berges, retard à la reprise de fonction d’un organe greffé, perte d’autonomie, etc.

Facteurs de survenue

Une malnutrition, un manque d’apport local en oxygène, une infection ou une immuno­ dépression exposent à des retards de cica- trisation. Les facteurs d’un retard de cicatrisation sont principalement : des troubles de la circulation artérielle ou veineuse, une immunodépression, une infection de la plaie, le tabagisme, un âge avancé, un diabète déséquilibré, les neuro­ pathies périphériques, la drépanocytose*. Certains médicaments sont susceptibles de freiner la cicatrisation. Un médicament expose d’autant plus à un retard de cicatrisation que d’autres causes de retard de cicatrisation sont déjà présentes.

Des médicaments interfèrent avec le processus de cicatrisation

Les médicaments qui interfèrent avec les pro- cessus de cicatrisation sont principalement : −− des antitumoraux avec un effet anti-VEGF (facteur de croissance de l’endothélium vasculaire) : le sunitinib , le sorafénib , le bévacizumab , l’ aflibercept , le ramucirumab , le cabozantinib  ;

P age 12 • C ompétence 4 • édition découverte • n ° 27B is - M ars 2020

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