Edition Découverte 2020
VIGILANCES
AINS : infections graves En cas de douleur ou de fièvre, notamment dans un contexte d’infection, quel traitement médicamenteux utiliser prioritairement ?
ibuprofène ( Advil°, Nurofen°, Brufen° ou autre) kétoprofène (Profénid° ou autre)
L es effets indésirables infectieux graves des deux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) les plus utilisés en France dans les fièvres ou les douleurs, l’ ibuprofène (Advil°, Nurofen°, Brufen° ou autre) et le kétoprofène (Profénid° ou autre), ont fait l’objet d’une en- quête nationale de pharmacovigilance. Des résultats de cette enquête ont été rendus publics par l’Agence française du médicament (ANSM) au printemps 2019 (1,2). Le rôle ag- gravant des AINS en général en cas d’infection est déjà connu (2à4). Sur l’ensemble des notifications reçues entre 2000 et 2018, 337 cas de complications infectieuses avec l’ ibuprofène et 49 cas avec le kétoprofène ont été retenus pour l’analyse (2). 42 patients sont morts et 41 ont gardé des séquelles. Les observations retenues ont été les cas les plus graves, chez des enfants ou des adultes (souvent jeunes). Les patients immunodépri- més ou avec d’autres facteurs de risque d’in- fection ont été exclus. Les effets indésirables ont été des infections graves de la peau et des tissus mous, des sepsis*, des infections pleuro pulmonaires, des infections neurologiques ou ORL compliquées. Les germes impliqués étaient surtout des streptocoques et des pneumocoques (1,2). Ces complications infectieuses ont été observées après de très courtes durées de traitement (2 jours à 3 jours), y compris lorsque la prise d’AINS était associée avec celle d’un antibiotique. L’ ibuprofène ou le kétoprofène étaient prescrits ou pris en automédication pour faire baisser la fièvre, ou pour de nom- breuses autres situations, notamment des atteintes cutanées bénignes locales (piqûres d’insectes, etc.), des troubles respiratoires ou ORL. L’enquête a mis en évidence qu’il persiste une utilisation des AINS en cas de varicelle, alors que le risque de complications cutanées bactériennes graves est connu depuis long- temps, justifiant de les exclure dans cette si- tuation (4).
En somme En cas de douleur ou de fièvre, notamment dans un contexte d’infection cou- rante, le paracétamol à dose adaptée est le médicament de premier choix. Dans un contexte infectieux, les aggravations d’infec- tions observées avec des AINS incitent à en limiter l’utilisation. Quand un AINS est malgré tout utilisé, mieux vaut que ce soit à la poso- logie minimale efficace, pendant la durée la plus courte possible. Les AINS sont à écarter en cas de varicelle. ©Compétence 4 GLOSSAIRE Les termes expliqués de façon concise dans ce glossaire sont signalés dans le texte par un astérisque (*) sepsis : alias état septicémique, ensemble de mani- festations locales et générales faisant suite à une infection et comportant une inflammation généra- lisée de l’organisme. Sources 1- ANSM“Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et complications infectieuses graves - Point d’Information” 18 avril 2019. Site ansm.sante.fr consulté le 21 mai 2019 : 2pages. 2 -ANSM“Rapport d’expertise. Infections bactériennes graves (de la peau et des tissus mous, pleuro-pulmonaires, neurologiques et ORL) rapportées avec l’ibuprofène ou le kétoprofène dans le traitement symptomatique de la fièvre ou de la douleur non rhumatologique” 26 mars 2019 : 81 pages. 3- Prescrire Rédaction “Anti-inflammatoires non stéroïdiens : infections graves, fasciites cervicales” Rev Prescrire 2014 ; 34 (373) : 832-833. 4- Prescrire Rédaction “Varicelle ou zona et anti-inflammatoires non stéroïdiens : complications cutanées graves” Rev Prescrire 2009 ; 29 (314) : 906-907.
P age 14 • C ompétence 4 • édition découverte • n ° 27B is - M ars 2020
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