Edition Découverte 2025
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ÉDITION DÉCOUVERTE Bicarbonate de sodium (Bicafres°) Comprimés gastrorésistants Dans l’insuffisance rénale chronique Financée par les abonnés, sans publicité ni subvention, sans sponsor ni actionnaire Compétence 4 Pratique infirmière et médicaments N° 86 bis - Février 2025 Troubles de la déglutition d’origine médicamenteuse Lésion grave du pied chez un patient diabétique
Compétence 4 — Édition découverte — Février 2025 — Tome 8 — n° 86 bis
Infos-Patients Personne de confiance et directives anticipées
Compétence 4 s’appuie sur Prescrire Depuis plus de 40 ans, la raison d’être de la revue Prescrire est d’apporter aux professionnels de santé, et grâce à eux, aux patients, les informations claires, synthétiques et fiables dont ils ont besoin, en particulier sur les médicaments. Des données fiables Les moyens rédactionnels et documentaires de Prescrire permettent de garantir la production de textes solides et fiables. Ces textes ne sont pas rédigés par un seul auteur, mais élaborés collectivement par la Rédaction de Prescrire . La Rédaction compte une centaine de rédacteurs, pour la plupart professionnels de santé en exercice. Les rédacteurs sont formés à l’analyse des niveaux de preuves des études scientifiques et aux méthodes rédactionnelles Prescrire. Ils définissent les objectifs, coordonnent les travaux de documentation, d’écriture et d’expertise, organisent les contrôles de qualité internes et externes, et mettent au point la mise en forme finale des textes. Chaque projet est soumis, avant publication, à la critique de nombreux relecteurs extérieurs à la Rédaction. La liste des personnes qui constituent l’équipe de Rédaction de Prescrire et assurent la logistique nécessaire à la mise au point de chaque numéro de Compétence 4 est publiée dans l’ours de Prescrire , disponible sur : prescrire.org/ nous-connaitre/un-travail-d-equipe. Des informations indépendantes L’Association Mieux Prescrire est une association à but non lucratif. Elle est entièrement financée par les abonnés aux revues et les participants aux programmes de formation édités par l’Association, sans aucun sponsor, ni publicité, ni subvention. L’Association Mieux Prescrire s’est organisée pour s’affranchir des influences des firmes qui fabriquent ou distribuent des produits de santé, comme de celles des organismes officiels du système de soins. Absence de conflit d’intérêts L’absence de lien financier direct ou indirect avec toute firme fabriquant ou distribuant des produits de santé, notamment les firmes pharmaceutiques, est une condition sine qua non d’appartenance à l’équipe de la Rédaction de Compétence 4 et Prescrire . Les membres de la Rédaction de Compétence 4 et de Prescrire signent chaque année une déclaration personnelle d’absence de conflit d’intérêts, en cohérence avec la Charte “Non merci…” de Prescrire . Ils sont libres de tout intérêt contraire aux objectifs de l’Association Mieux Prescrire. Voir la déclaration d’absence de conflit d’intérêts et la Charte “Non merci...” dans “À propos”, sur Competence4.org Responsable de la Rédaction Jérôme Jean (infirmier) Conseil rédactionnel Florence Chapelle (pharmacienne), Frédérique Digonnet (pharmacienne), Julien Gelly (médecin), Fabienne Jourdan (médecin) Conseil pédagogique Maryse Véron (infirmière) Conseil infirmier Émilie Beslin (infirmière libérale), Cristina Cousino (infirmière libérale), Carole Ouvrard (infirmière libérale), Claire Pananceau (infirmière libérale), Fiona Saurel (infirmière en Ehpad) Copyright : (ISSN : 2606-5851) Dépôt légal à parution Commission paritaire CPPAP n° : 0125 G 93556. Siège et adresse postale : Compétence 4 - 83, boulevard Voltaire - 75558 Paris Cedex 11 - France Tél. : (+33)(0)1 49 23 71 65 Courriel : contact@competence4.org Site internet : Competence4.org Reproduction interdite, sauf pour les abonnés individuels dans le cas d’une diffusion limitée, en petit nombre, à but non commercial. Autres cas : solliciter l’accord écrit de la Direction. Imprimerie - BULLS MARKET GROUP - FABREGUE Bois-Joli - Rue de la Fontaine Tanche - 87500 Saint-Yrieix-la-Perche Compétence 4 s’appuie sur Prescrire
SOMMAIRE
ÉDITORIAL Vérifier puis décider
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NOUVEAUTÉS DES MÉDICAMENTS
4-5 NOUVELLE SPÉCIALITÉ Bicarbonate de sodium comprimés gastrorésistants (bicafres°) Acidose métabolique liée à l’insuffisance rénale chronique MÉDICAMENT COPIÉ Dabigatran gélules (pradaxa°) Troubles cardiovasculaires REPÈRES DE SURVEILLANCE Lors d’un traitement par Dabigatran NOUVEAUX DOSAGES / NOUVELLE FORME Zonisamide 25 mg à 300 mg comprimés sécables (zonisamide neuraxpharm°) Épilepsie MÉDICAMENTS COPIÉS Tériflunomide comprimés (aubagio°) Sclérose en plaques PRATIQUES DE SOINS 10-13 Lésion grave du pied chez un patient diabétique : prévention 13 MESSAGES-CLÉS MÉDICAMENTS Sitagliptine ou autre gliptine (alogliptine, linagliptine, saxagliptine, vildagliptine) 14-15 REPÈRES Signes de conjonctivite d’origine bactérienne 13 ENCADRÉ L’éversion d’une paupière, en pratique VIGILANCES 16-17 Troubles de la déglutition d’origine médicamenteuse 18 AINS en traitement court : insuffisances cardiaques ENCADRÉ Effets indésirables des AINS, en bref 19 Corticoïdes inhalés et BPCO : infections pulmonaires 6-7 8 7 8 9 TABLEAUSCOPIE A ntiglaucomateux par voie ophtalmique
OUVERTURES
Dialyse et réchauffement climatique : améliorer les pratiques
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Travail de nuit : de plus en plus de femmes concernées Des intoxications domestiques lors de mélanges d’eau de Javel avec une substance acide
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COGITATIONS
VIVE LA DCI ! cort-, -cort
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TEST DE LECTURE
INFOS-PATIENTS
Personne de confiance et directives anticipées : pour transmettre ses volontés
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ÉDITORIAL
Vérifier puis décider De nombreuses personnes prennent des médicaments régulièrement pendant des mois, voire des années. Une évolution défavorable ou un nouveau problème de santé incite souvent à ajouter d’autres médi- caments. Se pose alors la question des effets indésirables par interactions avec les médicaments déjà pris, que ce soit au moment de la décision, de la prescription, du conseil, de la dispensation ou de la prise des médicaments. Comment envisager de façon rationnelle les risques liés à l’ajout ou à l’arrêt d’un médicament ? Quelques repères sont utiles dans de nom breuses situations cliniques. Par exemple, essayer de réduire les risques d’interactions en identifiant les médicaments qui pourraient être suspendus, voire arrêtés sans grand inconvénient. Sans oublier que certaines associations exposent à une réduction d’efficacité d’un médicament crucial, par interactions pharmaco cinétiques ou par antagonisme d’effets. Éviter qu’un effet indésirable jusque-là tolérable n’évolue en événement grave, ou qu’il ne motive l’arrêt d’un traitement crucial. Anticiper, à partir des profils d’effets indésirables et des risques d’additions d’effets entre médicaments, les paramètres qui pourront être contrôlés en renforçant la surveillance clinique ou paraclinique. Envisager de remplacer un médicament par un autre d’efficacité comparable, mais exposant à moins de problèmes graves. Porter une attention particulière aux médicaments à marge théra peutique étroite, c’est-à-dire dont la dose efficace est proche de la dose toxique, et dont des variations de concentration sanguine, même faibles, sont dangereuses, dans un sens comme dans l’autre. Gérer les interactions médicamenteuses, ce n’est pas juste respecter un feu vert ou rouge, ni faire l’autruche devant la complexité. Ces repères permettent d’intégrer des éléments de vigilance clinique en fonction de la pharmacologie dans la décision de soins. En prenant quelques minutes pour vérifier certaines informations sur chacun des médicaments envisagés avant de décider. Les textes de Compétence 4 se basent sur des informations actualisées pour de très nombreuses situations cliniques et des centaines de médicaments.
Compétence 4
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NOUVEAUTÉS DES MÉDICAMENTS Nouvelles substances, copies de médicaments, nouvelles modalités d’administration, nouveaux dosages, etc. Autant d’informations en lien avec les médicaments qui vous permettent d’adapter votre pratique infirmière.
NOUVELLE SPÉCIALITÉ
Bicarbonate de sodium comprimés gastrorésistants (bicafres°) Acidose métabolique liée à l’insuffisance rénale chronique
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APPORTE QUELQUE CHOSE Chez les patients insuffisants rénaux chroniques ayant une acidose métabolique, le bicarbonate de sodium est le médicament de référence pour réduire les consé quences cliniques parfois graves de l’acidose. La mise à disposition de comprimés gastrorésistants avec le statut de spécialité pharmaceutique apporte plus de garanties enmatière de qualité de fabrication que les gélules fabri quées dans le cadre de préparations magistrales. La survenue de troubles hydroélectrolytiques et leurs conséquences cliniques sont à surveiller étroitement. BICAFRES° - bicarbonate de sodium comprimés gastrorésistants ■ 1 000 mg de bicarbonate de sodium par comprimé (100 comprimés en plaquettes) Fresenius Medical Care ■ antiacide ■ Indication : « traitement de l’acidose métabolique chez les adultes et les adolescents âgés de 14 ans et plus pré sentant une insuffisance rénale chronique » . [AMM fran çaise par procédure européenne décentralisée] ■ Posologie : dose initiale comprise entre 2 et 6 compri més par jour, à répartir en plusieurs prises. La posologie est ensuite à adapter notamment en fonction de la concen tration plasmatique de bicarbonates. Les comprimés ne doivent ni être mâchés ni écrasés. ■ Conditions d’accès en France au 2 avril 2024 :
Le bicarbonate de sodium expose à des troubles hydroélectrolytiques. Cela justifie une survei llance biologique étroite du traitement (notammen t dosage des concentrations plasmatiques de bicarbonates, sodium, calcium, potassium ), par exemple chaque semaine, surtout en déb ut de traitement, lors de la substitution des gélu les non gastrorésistantes par les comprimés gastrorésistants, puis en cas de modification de la dose de bicarbonate de sodium .
des ions acides H + et fuite des bicarbonates depuis l’espace extracellulaire pour contrer l’acidité au niveau tissulaire (1à4). Bicarbonate de sodium pour prévenir les répercussions cliniques Hormis les cas où la concentration plasmatique de bicarbonates est très basse, l’acidose métabolique est le plus souvent asymptomatique. Mais en l’absence de traitement, l’acidose métabolique chronique a toutefois des répercussions cliniques graves : aggravation de l’insuffisance rénale chronique, déminéralisation osseuse et ostéopénie, fonte musculaire, troubles endocriniens (résistance à l’insuline et à l’hormone de croissance, hypertriglycéridémie), atteintes du myocarde, augmen tation de la mortalité. Chez les patients insuffisants rénaux chroniques en acidose métabolique, le traitement vise à augmenter l’apport de bicarbonates par : une alimentation riche en fruits et légumes et pauvre en protéines animales, la consommation d’eau riche en bicarbonates, voire la prise orale de bicarbonate de sodium ( a )(2à4). L’évaluation du bicarbonate de sodium dans cette situation est basée sur plusieurs essais de qualité variable, ayant inclus le plus souvent peu de patients.Toutefois, leurs résultats sont convergents, avec un bénéfice clinique pro bable pour limiter l’aggravation de l’insuffisance rénale, voire réduire la mortalité (4).
En ville : Séc. soc. 65 %. 100 comprimés : 27,39 €. À l’hôpital : agréé collect.
L’ acidose métabolique se manifeste généralement par une concentration plasmatique de bicarbonates inférieure à 23 mmol/l. L’insuffisance rénale chronique en est une cause fréquente. L’acidose métabolique est d’autant plus importante que le débit de filtration glomérulaire est bas, par diminution de l’excrétion rénale
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NOUVEAUTÉS DES MÉDICAMENTS
Une spécialité dotée d’une autorisation de mise sur le marché En France, le bicarbonate de sodium par voie orale a d’abord été disponible surtout sous forme de gélules non gastrorésistantes et dosées à 1 000 mg, fabriquées dans le cadre de préparations magistrales. Depuis fin 2023, des comprimés gastrorésistants contenant aussi 1 000 mg de bicarbonate de sodium sont commer- cialisés, avec le statut de spécialité pharmaceutique, sous le nom Bicafres°. Ces deux formes pharmaceutiques de bicarbonate de sodium n’ont pas été comparées dans des essais cliniques (4). De par l’autorisation de mise sur le marché (AMM), les garanties en matière de qualité de fabrication sont plus grandes avec Bicafres° qu’avec les préparations magistrales, et les patients disposent d’une notice, ce qui est bienvenu (5). Ces comprimés sont conditionnés en plaquettes non uni taires, ce qui ne garantit pas toujours une identification complète du médicament une fois la plaquette entamée. Troubles hydroélectrolytiques à surveiller Le bicarbonate de sodium expose à des troubles hydro électrolytiques, avec notamment : hypokaliémies ; apports en sodium à l’origine de rétention hydrosodée, œdèmes, prises de poids, aggravations d’insuffisance cardiaque, hypertensions artérielles ; hypocalcémies, surtout en cas de doses élevées, d’où des crises de tétanie. Il expose aussi à des flatulences, des douleurs abdominales et des lithiases urinaires (3,6,7). Cela justifie une surveillance biologique étroite du traitement (notamment dosage des concentrations plasmatiques de bicarbonates, sodium, calcium, potas sium), par exemple chaque semaine, surtout en début de traitement, lors de la substitution des gélules non gastrorésistantes par les comprimés gastrorésistants, puis en cas de modification de dose de bicarbonate de sodium (6). Interactions médicamenteuses d’ordre pharmacocinétique Le bicarbonate de sodium modifie le pH gastrique, ce qui interfère avec l’absorption digestive de nombreux médicaments. Mais selon le résumé des caracté ristiques (RCP) de Bicafres° « en raison du revêtement gastro-résistant [du comprimé] , la probabilité d’une interaction au niveau du tractus gastro-intestinal est considérée comme étant faible » (6). Par ailleurs, le bicarbonate de sodium augmente le pH urinaire, ce qui modifie l’élimination urinaire des médicaments qui sont des bases faibles ou des acides faibles, avec par exemple une diminution de l’élimination de médicaments tels que la quinidine (seulement en association avec la quinine dans Quinimax°) ou le flé caïnide (Flécaïne° ou autre) (des antiarythmiques), les antidépresseurs dits tricycliques, les atropiniques (6).
Il existe une compétition entre les ions sodium et les ions lithium lors de la réabsorption au niveau du tubule proximal du rein. Ainsi, un apport excessif de bicarbo nate de sodium entraîne une diminution des concen trations plasmatiques de lithium (Théralite°) (7). ©Compétence 4 a- Des relecteurs nous ont signalé que la consommation d’eaux riches en bicar bonates pose des problèmes pour le patient et pour le soignant, notamment d’observance et de suivi, et que certaines d’entre elles ont l’ inconvénient de contenir en grande quantité certains éléments minéraux tels que le fluor (réf. 8). Sources 1- Emmett M et coll. “Approach to the adult with metabolic acidosis” UpTodate. Sitewww.uptodate.comconsulté le 8 février 2024 : 32 pages. 2- Kidney disease improving global outcomes “KDIGO 2012 clinical practice guideline for the evaluation andmanagement of chronic kidneydisease” Kidney Int Suppl 2013 ; 3 (1) : 163 pages. 3- Kovesdy CP et coll. “Pathogenesis, consequences, and treatment of metabolic acidosis in chronic kidney disease” UpTodate. Site www.uptodate.com consulté le 8 février 2024 : 31 pages. 4- HAS - Commission de la transparence “Avis-Bicafres” 18 janvier 2023 : 14 pages. 5- Prescrire Rédaction “Médicaments dits à base de plantes” Rev Prescrire 2022 ; 42 (460) : 119. 6- ANSM“RCP-Bicafres” 21 octobre 2022. 7- PrescrireRédaction“Antiacides”InteractionsMédicamenteuses Prescrire 2024. 8- ANSES “Lignes directrices pour l’évaluation des eaux minérales naturelles au regard de la sécurité sanitaire” mai 2008 : 92 pages. Notre appréciation globale porte sur le progrès thérapeutique, tangible pour le patient, apporté par la nouveauté. Il s’agit d’examiner la balance bénéfices-risques du médicament par rapport aux autres thérapeutiques disponibles dans une situation précise et toujours dans l’intérêt premier des patients. BRAVO Appréciation d’exception attribuée à un progrès thérapeutique majeur, d’efficacité et d’intérêt évidents dans un domaine où soignants et patients étaient totalement démunis. INTÉRESSANT Apporte un progrès thérapeutique important mais avec certaines limites. APPORTE QUELQUE CHOSE L’apport est présent mais limité ; il est à prendre en compte sans toutefois devoir bouleverser le domaine de la thérapeutique considéré. ÉVENTUELLEMENTUTILE Intérêt thérapeutique supplémentaire mi nime. Il y a peu d’arguments poussant à changer ses habitudes de soins et à utiliser ce médicament en dehors de cas particuliers. N’APPORTE RIENDENOUVEAU Il s‘agit d’une nouvelle substance sans plus d’intérêt clinique démontré que les autres substances du même groupe, et parfois d’un médicament très semblable à un ou plusieurs qui existent déjà (alias me-too). PAS D’ACCORD Médicament qui ne présente aucun avantage évident mais qui a des inconvénients possibles ou certains. LARÉDACTIONNEPEUTSEPRONONCER Nous réservons notre ju gement dans l’attente d’une évaluation plus approfondie du médicament. R Selon l’analyse de Prescrire , actualisée chaque année, ce médi cament est plus dangereux qu’utile : il est à écarter des soins dans toutes les situations de soins dans lesquelles il est autorisé. M É D I C A M E N T À É C A R T E NOTRE AVIS SUR LE PROGRÈS THÉRAPEUTIQUE Nouvelles substances, indications, posologies, formes, etc.
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NOUVEAUTÉS DES MÉDICAMENTS
MÉDICAMENT COPIÉ
Dabigatran gélules (pradaxa°) Troubles cardiovasculaires PAS UN ANTICOAGULANT DE PREMIER CHOIX L e dabigatran (Pradaxa°) est un anticoagulant qui agit par inhibition directe de la thrombine, et qui est utilisé par voie orale. Dans l’Union européenne, il est autorisé : – chez les adultes : en prévention des événements thromboemboliques veineux après la pose d’une pro thèse de hanche ou de genou ; en prévention d’un accident vasculaire cérébral ou d’une embolie systé mique chez certains patients atteints de fibrillation auriculaire sans atteinte valvulaire ; dans le traitement et la prévention des récidives des thromboses veineuses profondes et des embolies pulmonaires ; – chez les enfants (dès qu’ils peuvent avaler des aliments mous), uniquement dans le traitement et la prévention des récidives des événements thromboemboliques veineux (1). En France, au 5 avril 2024, le dabigatran est dispo nible en gélules (autorisées à partir de l’âge de 8 ans) dosées à 75 mg, 110 mg ou 150 mg ; et en sachets de granulés enrobés (autorisés jusqu’à l’âge de 12 ans) dosés à 20 mg, 30 mg, 40 mg, 50 mg, 110 mg ou 150 mg. Une copie des gélules dosées à 75 mg, à 110 mg ou à 150 mg est devenue disponible, sous un nom commer cial comportant la dénomination commune internatio nale, et avec les mêmes indications que le princeps Pradaxa° (1,2). Pas plus efficace que d’autres anticoagulants Le choix d’un traitement anticoagulant, à visée préven tive ou curative, dépend à la fois de la situation clinique et des caractéristiques de chaque patient. Globalement, chez les adultes, le dabigatran n’est pas plus efficace que les anticoagulants de premier choix comme les héparines de bas poids moléculaire (HBPM), la warfa rine (Coumadine°), un antivitamine K, ou l’ apixaban (Eliquis°), un inhibiteur du facteur Xa. Chez les enfants, il n’est pas plus efficace que les anticoagulants de pre mier choix (héparines et warfarine ), ou que le rivaro xaban (Xarelto°), un inhibiteur du facteur Xa par voie orale, dont les contraintes pratiques sont différentes de celles du dabigatran (3à8).
Hémorragies, atteintes digestives, etc. Le dabigatran expose à des : – saignements et hémorragies, et peut-être à davantage d’hémorragies digestives que la warfarine (5) ; – ulcérations de l’œsophage et d’autres localisations digestives, peut-être en rapport avec un excipient ulcérogène (acide tartrique) contenu dans les gélules (princeps et copie), gastrites ; – augmentations des enzymes hépatiques et ictères ; – thrombopénies ; etc. Un surcroît d’infarctus du myocarde et d’angors instables a été rapporté avec le dabigatran par rapport à la warfarine dans des essais cliniques (1,5,7,9,10). Risque hémorragique majoré par des interactions médicamenteuses Le dabigatran expose à des interactions médica menteuses par addition d’effets indésirables. Par exemple, l’administration concomitante d’un médicament exposant aussi à des saignements, tel un anti-inflammatoire non stéroïdien, majore ce risque. Le risque d’hémorragie est aussi augmenté en cas d’association du dabigatran avec des médicaments qui augmentent ses concentrations plasmatiques tels que : des médicaments exposant à une REPÈRES DE SURVEILLANCE Lors d’un traitement par dabigatran 5 Rechercher des signes de saignements ou d’anémie (ecchymoses, saignements des gencives, œil rouge, règles abondantes, fatigue inhabituelle, pâleur), en particulier chez les patients à risque : âge de 75 ans ou plus ; insuffisance rénale ; prise concomitante d’autres médicaments exposant à des saignements ; poids extrêmes. 5 Évaluer la fonction rénale par la clairance de la créatinine pendant le traitement ; la fréquence de cette surveillance est à adapter à la situation clinique du patient, notamment selon son âge et sa fonction rénale avant traitement. Élaboré principalement à partir des données publiées dans Prescrire , des résumés des caractéristiques européens et étatsuniens, et de UpToDate. ©Compétence 4
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NOUVEAUTÉS DES MÉDICAMENTS
insuffisance rénale (dont certains antibiotiques, par exemple les aminosides) ou avec les inhibiteurs de la glycoprotéine P (tels que les antifongiques azolés) (9). Des contraintes pratiques Les gélules de dabigatran sont à ingérer avec un grand volume d’eau, en évitant la position allongée dans les minutes suivantes. Chez les adultes, ouvrir les gélules pour en ingérer le contenu augmente grandement la biodisponibilité du dabigatran (d’environ 75 %), et par conséquent le risque d’hémorragie (1,10). L’utilisation de dabigatran chez les enfants âgés de 8 à 12 ans nécessite une attention particulière : les formes gélules et granulés enrobés ne sont pas bio équivalentes ; les doses quotidiennes préconisées sont parfois plus élevées avec les granulés enrobés (1,8). Du fait de la courte durée d’action des anticoagu- lants oraux dits directs, toute rupture de traitement expose à une nette diminution de leur efficacité, et donc à des morts prématurées, accidents vasculaires cérébraux, embolies, etc. D’où l’importance d’éviter les oublis de prise, au moyen notamment de carnets de En cas de grossesse, il est prévisible que le dabigatran expose à des hémorragies placentaires et rétro placentaires, voire à des morts fœtales, comme c’est le cas avec les antivitamine K. Le résumé des caractéristiques (RCP) des spécialités à base de dabigatran préconise d’éviter une grossesse au cours du traitement (1,12). En somme Le dabigatran n’est pas un anticoagulant de premier choix. Comme pour tout anticoagulant, quand le dabigatran est choisi, la marge thérapeutique étroite implique d’être très attentif au risque hémo rragique et aux interactions médicamenteuses. + Lire aussi “Vous prenez du dabigatran : des précautions à connaître”, Infos-Patients, Compétence 4 , n° 14, p. 62. ©Compétence 4 Sources 1- Commission européenne “RCP-Pradaxa” 11 décembre 2023. 2- ANSM “RCP-Dabigatran etexilate EG Labo 75 mg, gélule” + “RCP-Dabigatran etexilate EG Labo 110mg,gélule”+“RCP-Dabigatran etexilate EGLabo 150mg,gélule”2mai 2024. 3- “Embolie pulmonaire thrombotique”Premiers Choix Prescrire,actualisation février 2023 : 9 pages. 4- “Thrombose veineuse profonde d’un membre inférieur”Premiers Choix Prescrire, actualisation février 2022 : 9 pages. 5- “Thromboses veineuses profondes et embolies pulmonaires : traitement par warfarine, HBPM ou apixaban selon lasituation” RevPrescrire 2020 ; 40(445) : 835-844. 6- “Thrombosesveineuses profondes : Prévention” Premiers Choix Prescrire, actualisation novembre 2021 : 8pages. 7- “Anticoagulant oral dans la fibrillationauriculaire.Warfarine,ouapixaban, selon la situation clinique” Rev Prescrire 2019 ; 39 (425) : 194-205. 8- “Dabigatran (Pradaxa°) et thrombosesveineuses chez les enfants et les adolescents” Rev Prescrire 2023 : 43 (472) : 97-98. 9- “Dabigatran” Interactions Médicamenteuses Prescrire 2024. 10- “Dabigatran : atteintes œsophagiennes (suite)” Rev Prescrire 2020 : 40 (441) : 505. 11- “Xaban ou dabigatran et ruptures de traitement de courte durée : thromboses parfoismortelles” Rev Prescrire 2024 : 44 (486) : 275. 12- “Médicaments qui interfèrent avec le placenta et affectent le fœtus” Rev Prescrire 2023 : 43 (481) : 827-836. prise ou de piluliers hebdomadaires (11). Éviter une grossesse sous dabigatran
NOUVEAUX DOSAGES / NOUVELLE FORME Zonisamide 25 mg à 300 mg comprimés sécables (zonisamide neuraxpharm°) Épilepsie N’APPORTE RIEN DE NOUVEAU
Le zonisamide (Zonegran° ou autre) est un anti épileptique inhibiteur de l’anhydrase carbonique, appa renté aux sulfamides. Il est autorisé en prévention des crises d’épilepsie partielle : en monothérapie chez les adultes ; associé avec au moins un autre antiépileptique chez les enfants âgés de 6 ans ou plus. Chez les adultes, le zonisamide n’a pas d’avantage démontré par rapport à d’autres antiépileptiques. Chez les enfants, ses effets indésirables métaboliques (avec risque de ralentissement de la croissance et du développement) et rénaux, jus tifient d’éviter ce médicament (1). En France, depuis 2006, le zonisamide est disponible en gélules dosées à 25 mg, 50 mg ou 100 mg (Zonegran° ou autre), à avaler entières (1). Fin 2023, la spécialité Zonisamide Neuraxpharm° est devenue disponible en comprimés contenant 25 mg, 50 mg, 100 mg, 200 mg ou 300 mg de zonisamide . Ces comprimés sont sécables, c’est-à-dire divisibles en 2 demi-comprimés contenant chacun la même dose de zonisamide (2). Quand une dose égale ou supérieure à 200 mg par prise est envisagée, les comprimés contenant 200 mg ou 300 mg de zonisamide réduisent le nombre d’unités à prendre. Pour les patients ayant des difficultés à avaler, couper les comprimés en deux facilite la prise (2). Ces comprimés sont présentés en plaquettes qui, une fois entamées, ne garantissent plus l’identification claire du dosage : les patients (ou les aidants) ayant plusieurs dosages à portée de main ont intérêt à s’orga- niser pour éviter les confusions. Le profil d’effets indésirables du zonisamide est principalement constitué de : sensations vertigineuses, troubles de l’élocution, paresthésies, ralentissements psychomoteurs ; dyspnée ; troubles digestifs, etc. ©Compétence 4
Sources 1- “Zonisamide (Zonegran°) chez les enfants à partir de l’âge de 6 ans. Tropd’inconvénients et dedangers” Rev Prescrire 2014 ; 34 (368) : 410-411. 2- ANSM “RCP-ZonisamideNeuraxpharm200mg”+ “RCP-ZonisamideNeuraxpharm300mg” 3 avril 2024.
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NOUVEAUTÉS DES MÉDICAMENTS
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MÉDICAMENTS COPIÉS
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Tériflunomide comprimés (aubagio°) Sclérose en plaques
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R
tériflunomide expose à des variations de l’INR chez les patients traités par antivitamine K, ce qui justifie une surveillance accrue de l’INR en début et à l’arrêt du traitement par tériflunomide (1,4). Le tériflunomide est tératogène. En cas de prise par une femme enceinte, il expose l’enfant à naître à des malformations multiples, dont des anomalies squelet tiques, cérébrospinales, cardiaques, vasculaires, rénales et intestinales. Une toxicité fœtale via le sperme n’est pas écartée. Le résumé des caractéristiques (RCP) européen préconise une contraception efficace chez les femmes pouvant devenir enceintes pendant le trai tement et jusqu’à 2 ans après son arrêt, en l’absence de procédure spécifique visant à accélérer l’élimination du tériflunomide (1,2,4). En somme Fin 2023, l’efficacité du tériflunomide est insuffisante pour justifier le risque d’effets indésirables graves, voire mortels. Ce médicament figure depuis 2015 sur la liste des médicaments que Prescrire conseille d’écarter des soins. + Lire aussi Pub à la loupe, Compétence 4 n° 72, p. 383. ©Compétence 4 GLOSSAIRE Le terme expliqué de façon concise dans ce glossaire est signalé dans le texte par un astérisque (*). leucoencéphalopathie multifocale progressive : atteinte de la substance blanche du cerveau, le plus souvent mortelle, d’origine infectieuse et survenant dans un contexte d’immunodépression. Sources 1- Commission européenne “RCP-Aubagio” 21 novembre 2022 + “RCP- Tériflunomide Mylan” 9 novembre 2022. 2- “Tériflunomide (Aubagio°) et sclérose en plaques à partir de l’âge de 10 ans” Rev Prescrire 2023 ; 43 (476) : 419-420. 3- “Tériflunomide (Aubagio°). Sclérose en plaques : seulement un métabolite du léflunomide” Rev Prescrire 2014 ; 34 (373) : 808-812. 4- “Léflunomide et térifluno mide” Interactions Médicamenteuses Prescrire 2023.
BALANCE BÉNÉFICES-RISQUES DÉFAVORABLE L e tériflunomide est un immunodépresseur. Dans l’Union européenne, il est autorisé dès l’âge de 10 ans chez les patients ayant une sclérose en plaques évoluant par poussées, en comprimés dosés à 7 mg ou 14 mg de tériflunomide . En France, au 21 février 2024, des copies des comprimés à 14 mg, dont les noms commerciaux comportent la dénomination commune internationale (DCI), sont disponibles avec la même indication que celle du princeps Aubagio° (1). Dans la sclérose en plaques évoluant par poussées, l’ interféron bêta injectable est le médicament “de fond” de référence, faute de mieux. Chez les adultes, il n’est pas démontré que le tériflunomide ait une efficacité au moins équivalente à celle de l’ interféron bêta sur la fréquence des poussées, ni qu’il freine l’aggravation du handicap. Chez les enfants et les adolescents, l’effica cité du tériflunomide n’a pas été démontrée dans un essai versus placebo (2,3). Effets indésirables Le profil d’effets indésirables du tériflunomide est chargé avec, comme pour les autres immunodépresseurs utilisés comme traitement de fond, des infections graves, dont des leucoencéphalopathies multifocales progressives*, et des cancers. Il expose aussi à des : atteintes hépatiques graves, voire mortelles (hépatites, insuffisances hépatiques aiguës, nécroses hépatiques) ; hypertensions artérielles ; agranulocytoses, thrombopénies, anémies ; syndromes de Lyell, syndromes de Stevens-Johnson ; pneumopathies interstitielles ; neuropathies périphériques ; etc. (1,4). Le tériflunomide est un inhibiteur de l’isoenzyme CYP 2C8 du cytochrome P450. Il expose à l’accumu- lation de médicaments métabolisés par cette isoenzyme, par exemple le lopéramide (Lopéramide Zentiva° ou autre). Par ailleurs, des interactions médicamenteuses par addition d’effets indésirables sont aussi à prévoir en cas d’association du tériflunomide avec des médi- caments qui exposent aux mêmes risques, par exemple avec des vasoconstricteurs (triptans, décongestionnants nasaux) qui augmentent la pression artérielle. Du fait des effets immunodépresseurs du tériflunomide , l’ad ministration, au cours du traitement, d’un vaccin à agent atténué (dit vivant) expose à un risque de maladie infectieuse invasive par l’agent vaccinal. Par ailleurs, le
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NOUVEAUTÉS DES MÉDICAMENTS
TABLEAUSCOPIE
Antiglaucomateux par voie ophtalmique commercialisés en France au 22 février 2024
Dénomination commune internationale (DCI)
Rythme d’administration
Collyres SANS conservateur ( a , b )
Collyres AVEC conservateur ( a , b )
bêtabloquants
bétaxolol
2 fois par jour
—
BETOPTIC° flacon ( c )
1 fois par jour
CARTÉOL LP° unidoses
CARTÉOL LP° flacon
cartéolol
2 fois par jour (ou 1 fois par jour) 2 fois par jour (ou 1 fois par jour)
—
CARTÉOL° flacon ( c )
lévobunolol
BÉTAGAN° unidoses
—
1 fois par jour
GELTIM LP° [gel] unidoses
TIMOPTOL LP° flacon ( d )
timolol
2 fois par jour (ou 1 fois par jour)
TIMOPTOL° flacon ou copie avec nom en DCI
TIMABAK° flacon
analogues de la prostaglandine F2alpha
LUMIGAN° flacon ou copie avec nom en DCI
bimatoprost
1 fois par jour
AMIRIOX° flacon
LATAZED° flacon MONOPROST° unidoses
XALATAN° flacon ou copie avec nom en DCI ( f )
latanoprost
1 fois par jour
VIZILATAN° flacon XIOP° unidoses ( e ) SINETRAV° flacon VIZITRAV° flacon
TRAVATAN° flacon ou copie avec nom en DCI
travoprost
1 fois par jour
inhibiteurs de l’anhydrase carbonique
2 fois par jour (ou 3 fois par jour)
AZOPT° flacon ( d ) ou copie avec nom en DCI ( d ) TRUSOPT° flacon ou copie avec nom en DCI
brinzolamide
—
3 fois par jour (ou 2 fois par jour en association)
dorzolamide
—
sympathomimétique
ALPHAGAN° flacon ou copie avec nom en DCI
brimonidine
2 fois par jour
BRIMAZED° unidoses ( g )
parasympathomimétique
pilocarpine
3 à 4 fois par jour
PILOCARPINE FAURE° unidoses ( e , g )
ISOPTO-PILOCARPINE° flacon ( c )
bêtabloquant + analogue de la prostaglandine F2alpha
ECBIRIO° flacon GANFORT° unidoses
GANFORT° flacon ou copie avec nom en DCI XALACOM° flacon ( e ) ou copie avec nom en DCI ( e ) DUOTRAV° flacon ou copie avec nom en DCI
timolol + bimatoprost
1 fois par jour
timolol + latanoprost
1 fois par jour
FIXAPOST° flacon
timolol + travoprost
1 fois par jour
—
bêtabloquant + inhibiteur de l’anhydrase carbonique
AZARGA° flacon ( d ) ou copie avec nom en DCI ( d )
timolol + brinzolamide
2 fois par jour
—
COSIDIME° flacon COSTEC° flacon DUALKOPT° flacon
COSOPT° flacon ou copie avec nom en DCI
timolol + dorzolamide
2 fois par jour
bêtabloquant + sympathomimétique
COMBIGAN° flacon ou copie avec nom en DCI
timolol + brimonidine
2 fois par jour
—
inhibiteur de l’anhydrase carbonique + sympathomimétique
brinzolamide + brimonidine
2 fois par jour
SIMBRINZA° flacon ( d )
—
©Compétence 4
a- Ces spécialités sont toutes remboursables à 65 % par la Sécurité sociale, agréées aux collectivités, sauf exceptions signalées par la note ( g ) . b- Les flacons multidoses sont à jeter 28 jours après ouverture, sauf exceptions signalées en note c et pour certains flacons multidoses sans conservateur munis d’un dispositif visant à limiter le risquede contaminationdu collyre (8 semaines pourCostec°,Dualkopt° etTimabak°, 90 jours pour Amiriox°, Fixapost° et Ecbirio°). c- À jeter 15 jours après l’ouverture.
d- Agiter avant chaque utilisation. e- Avant ouverture, à conserver au réfrigérateur entre 2 °C et 8 °C. f- Avant ouverture, à conserver au réfrigérateur, entre 2 °C et 8 °C, sauf pour Xalatan°. g- Au 22 février 2024, non remboursable en France, agréé aux collectivités.
Compétence 4 • Édition Découverte • Février 2025 • N° 86 bis • Page 9 Sources RCP des spécialités citées (Agence française du médicament (ansm.sante.fr) et Commission européenne (ec.europa.eu)) • Caisse nationale d’assurancemaladie (www.ameli.fr) • OCP (www.clickadoc.fr).
Connaître, pour une affection donnée, les signes ou symptômes à surveiller, des conseils non médicamenteux, les traitements de premier choix et ceux à écarter des soins. PRATIQUES DE SOINS
Lésion grave du pied chez un patient diabétique : prévention
POINTS-CLÉS
● Repérer les patients diabétiques à risque de lésion grave du pied repose sur un examen, au moins annuel, des jambes et des pieds. ● Le risque de lésion grave du pied est accru chez les patients diabétiques qui ont une neuropathie périphérique, une artériopathie des membres infé rieurs, un antécédent de lésion ulcérée d’un pied, ou des pieds déformés ou porteurs de callosités. C hez les patients diabétiques, les lésions graves du pied sont notamment : – des ulcérations ; – des maux perforants plantaires* ; – des plaies infectées (1). Ces lésions surviennent souvent sur des zones de frottement ou sur des points d’appui (1). Le risque de lésion grave est accru chez les patients diabétiques en raison notamment de l’absence ou de l’atténuation de signes locaux ou généraux liés à des troubles immunitaires, circulatoires ou neurologiques d’origine diabétique (1). 15 % à 25 % des patients diabétiques ont une lésion ulcérée d’un pied au cours de leur vie. Ces lésions sont à l’origine de plusieurs dizaines de milliers d’hospita- lisations chaque année en France (1,2). En l’absence de traitement, ces lésions exposent à des complications telles que des dermohypodermites aiguës bactériennes* nécrosantes ou des ostéites conduisant parfois à une amputation, voire à la mort (1,3). L’adoption sur le long terme de mesures visant à prévenir l’apparition ou l’aggravation de plaies du pied chez les patients diabétiques a pour objectif de réduire ces complications (2). Ne sont pas abordés dans cette situation pratique : la prévention et le traitement d’une neuropathie péri phérique ou d’une artériopathie des membres infé rieurs liées à un diabète.
● Chez les patients à risque, des mesures contri buent à réduire la fréquence de ces lésions : exa men quotidien des pieds et des chaussures par les patients, chaussures adaptées, soins de pédi curie par un professionnel de santé expérimenté. ● En cas de risque accru, un examen des pieds par un professionnel de santé lors de chaque consul tation est utile.
RECONNAÎTRE
Rechercher une neuropathie périphérique. Il semble prudent de rechercher une neuropathie périphérique au moins une fois par an chez tous les patients diabétiques (2). La non-perception du monofilament 10-g sur cer taines zones plantaires du pied est un moyen simple et performant de reconnaître une diminution de la sensi bilité liée à une neuropathie périphérique (1,2). L’examen consiste à appliquer sur la peau (en péri phérie d’éventuelles callosités), hors de la vue du patient, l’extrémité libre d’un filament flexible de nylon, jusqu’à son point de flexion, ce qui permet d’exercer une pres sion prédéterminée. On demande au patient de signaler quand il sent le filament sur son pied (2). Le filament est considéré comme non perçu quand le patient ne le perçoit pas sur au moins un site d’appli- cation (2).
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PRATIQUES DE SOINS
Rechercher une artériopathie des membres inférieurs. Il semble prudent de rechercher une artériopathie des membres inférieurs au moins une fois par an chez tous les patients diabétiques (2). Il s’agit de rechercher : – un souffle artériel (iliaque, fémoral ou poplité) ; – une anomalie de perception des pouls (fémoral, poplité, tibial postérieur ou pédieux) ; – une froideur de la peau (4). L’absence d’anomalie constatée à la palpation des pouls artériels ou lors de l’auscultation des artères des membres inférieurs ne permet pas, à elle seule, d’écar ter en confiance une artériopathie des membres infé rieurs (4). Quand un doute persiste, il est justifié de compléter l’examen clinique par la mesure de l’indice de pression systolique* ou par une échographie-doppler des membres inférieurs (1,4,5). Rechercher des déformations ou des lésions des pieds. L’examen des pieds chez les patients diabétiques vise à rechercher : — des déformations, des points d’appuis anormaux ou des callosités ; – une mycose des ongles ou un intertrigo* des orteils, sources de surinfections (2,6,7). Neuropathie, artériopathie, déformations des pieds, callosités. Le risque de lésion grave du pied chez les patients diabétiques augmente avec : – l’âge ; – l’ancienneté du diabète ; – l’importance du déséquilibre glycémique (1,2). Les patients à risque accru de lésion grave du pied sont ceux qui ont : – une neuropathie périphérique ; – une artériopathie des membres inférieurs ; – un antécédent de lésion ulcérée d’un pied (8). + Lire dans ce texte“Rechercher une neuropathie périphérique” + Lire dans ce texte “Rechercher une artériopathie des membres inférieurs” Des troubles de la sensibilité liés à une neuropathie périphérique rendent moins perceptibles par le patient des plaies ou des contraintes de pression localisées au niveau des pieds (1,2). L’artériopathie des membres inférieurs provoque une ischémie*distale* qui perturbe le processus de cicatrisation et augmente le risque de nécrose. La dou FACTEURS DE SURVENUE
leur liée à l’ischémie est parfois absente chez les patients diabétiques, probablement du fait d’une neuropathie associée (1,2). Le risque de lésion grave du pied est accru aussi quand les pieds sont déformés ou porteurs de callo- sités. Les déformations osseuses ou articulaires des pieds (orteils en marteau ou en griffe, hallux valgus) et les déformations liées à une atrophie musculaire ont des conséquences statiques et dynamiques, notamment en provoquant des zones de pression élevée et des frotte ments dans les chaussures. Les callosités qui en résultent telles que cors, durillons, “oignons” augmentent encore les pressions locales, à la manière d’un corps étranger, ce qui augmente le risque de lésion du pied (2,8,9). Souvent un traumatismemineur à l’origine de la lésion. Chez les patients diabétiques, les lésions du pied sont souvent liées à un trauma tisme mineur, le plus souvent par des chaussures mal adaptées (1). D’autres situations contribuent à la survenue et à l’aggravation des lésions du pied chez ces patients : – des anomalies des ongles ; – une infection cutanée minime ; – un œdème ; – des coupures ou blessures accidentelles ; – des traumatismes thermiques (brûlures, gelures, engelures) ; – des lésions cutanées liées à la pression (dont des escarres de décubitus) (1,2,7). Risque de lésion cutanée grave avec certaines substances coricides ou la cryothérapie. Les substances chimiques utilisées pour retirer les cors, les durillons ou les verrues des pieds telles que l’ acide salicylique et l’acide trichloroacétique sont à éviter chez les patients diabétiques, en raison du risque d’érosion voire d’ulcération cutanée (2,10à14). La cryothérapie* semble aussi à éviter au niveau des pieds chez ces patients, car elle expose à des brû lures et à des infections (10).
TRAITEMENTS
Chez les patients diabétiques, la prévention des lé sions graves du pied repose avant tout sur un contrôle de l’hyperglycémie, principale mesure pour prévenir une neuropathie et une artériopathie liées au diabète (2,8). Chez les patients à risque, l’examen quotidien des pieds et des chaussures et certaines habitudes de vie contribuent à réduire la fréquence de telles lésions (2).
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PRATIQUES DE SOINS
Non médicamenteux Chaussures adaptées Le choix des chaussures est important dans la prévention des lésions du pied chez les patients diabé- tiques (2). Les patients dont la sensibilité est altérée au niveau des membres inférieurs ont souvent tendance à choisir des chaussures trop petites ou trop étroites. Les chaus sures doivent être confortables d’emblée, avec une extrémité suffisamment large pour ne pas serrer les orteils. Une méthode empirique pour aider au choix de chaussures adaptées consiste à tracer la forme de chaque pied du patient sur une feuille de papier et à la découper pour l’introduire dans la chaussure corres pondante avant l’achat afin de vérifier que ses dimen sions sont suffisantes (2). En cas de neuropathie périphérique sans défor- mation du pied, les chaussures de sport sont une op tion (2). Quand le pied est peu déformé, des semelles sur mesure, voire des chaussures thérapeutiques de série semblent utiles (2). En cas de pieds très déformés par une ostéo arthropathie* (alias pieds cubiques de Charcot) ou après amputation transmétatarsienne, un chaussage théra peutique sur mesure est justifié en raison du risque de récidive de lésion ulcérée (2). Acte technique Pédicurie adaptée et périodique Chez les patients diabétiques, l’ablation des callosités et les soins des ongles des pieds sont à ef fectuer par un professionnel de santé expérimenté, notamment quand les ongles sont très épais ou défor més. Les ongles sont à couper au carré, en limant les bords tranchants (2,15). L’intervention périodique d’un pédicure-podologue semble favoriser le suivi et la prise en charge des patients diabétiques, malgré l’absence d’essai clinique évaluant son efficacité préventive (2,9). En France, la prise en charge de la pédicurie par l’assurance maladie pour les patients reconnus comme à risque particulièrement élevé de lésion grave du pied facilite l’accès à ces soins (3). ©Compétence 4
L’information et l’implication des patients les plus à risque de lésions graves du pied ont une efficacité préventive établie. Des études prospectives ont montré que la mise en place de programmes de soutien ren forcé et d’information des patients diabétiques est associée à une réduction de plus de 50%de la fréquence des amputations chez ces patients (2). Les modalités et le rythme de suivi des patients diabétiques à risque accru de lésion grave du pied relèvent du consensus, sans reposer sur une évaluation comparative solide (8). Les mesures à appliquer par les patients diabétiques à risque de lésion grave du pied pour prévenir de telles lésions sont : – examiner quotidiennement leurs pieds, y compris entre les orteils, à la recherche d’éventuelles ampoules, coupures, égratignures ou zones d’infections, avec l’aide éventuelle d’un miroir ou d’un membre de l’entourage ; – examiner quotidiennement leurs chaussures à la recherche d’objets qui s’y seraient introduits ou auraient transpercé la semelle, d’une déchirure de la doublure ou d’autres sources de lésions des pieds ; – se laver quotidiennement les pieds et les sécher soi gneusement, particulièrement entre les orteils ; – ne pas porter de chaussures sans chaussettes ; – changer quotidiennement de chaussettes, les choisir à la bonne taille, en évitant celles avec coutures ; – éviter de soumettre les pieds à des températures trop élevées (eau trop chaude lors de la toilette, utilisation de bouillotte ou de chaufferette, sols brûlants en été) ; – ne pas marcher pieds nus ; – ne pas utiliser de substance coricide ni d’objet tran chant pour couper soi-même les cors ou durillons (2). + Lire dans ce texte “Risque de lésion cutanée grave avec certaines substances coricides ou la cryothérapie” Chez les patients diabétiques à risque accru de lésion grave du pied, toute plaie à ce niveau, même minime, justifie de consulter rapidement un médecin ou un pédicure-podologue (2). Non médicamenteux Examen quotidien des pieds et des chaussures
Non médicamenteux Examen des pieds à chaque consultation Risque accru de lésion grave
Chez les patients diabétiques à risque accru de lésion grave du pied, il est utile d’effectuer un examen systé matique des pieds et des chaussures à chaque consul tation, quel qu’en soit le motif, à la recherche d’une lésion cutanée débutante ou de déformations (2).
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PRATIQUES DE SOINS
Glossaire Les termes expliqués de façon concise dans ce glossaire sont signalés dans le texte par un astérisque (*). cryothérapie : traitement local par l’application de froid. dermohypodermite aiguë bactérienne : alias cellulite infectieuse, infection aiguë de la peau et du tissu sous-cutané (alias hypoderme), soit sous forme non nécrosante telle que l’érysipèle, soit sous forme nécrosante telle que la fasciite nécrosante. distal : situé vers l’extrémité libre d’un membre (par opposition à proximal, c’est-à-dire situé vers l’extré mité du membre proche du tronc). indice de pression systolique : rapport entre la pression artérielle systolique mesurée à la cheville ou au pied et la pression artérielle systolique mesurée au bras. En l’absence de sténose artérielle, cet indice est proche de 1 en position allongée. intertrigo : lésion inflammatoire de la peau au niveau d’un pli du corps. ischémie : arrêt ou insuffisance de la circulation artérielle dans un tissu ou un organe. mal perforant plantaire : ulcération chronique, arron die, atone et indolore en regard d’une zone d’appui plantaire dont la sensibilité est altérée. ostéoarthropathie : destructions ostéoarticulaires sur venant lors des neuropathies périphériques, notamment celles liées au diabète. Sources 1- Prescrire Rédaction “Infection d’une plaie du pied chez un patient diabétique. Réduire le risque d’amputation par une coopération entre soignants” Rev Prescrire 2014 ; 34 (371) : 674-680. 2- Prescrire Rédaction “Diabète : prévenir les lésions graves des pieds” Rev Prescrire 2001 ; 21 (215) : 204-213. 3- Prescrire Rédaction “Des soins des pieds plus accessibles, notamment pour les patients diabétiques” RevPrescrire 2010 ; 30 (326) : 945-946. 4- PrescrireRédaction“Signes d’artériopathie des membres inférieurs. Palper la peau et les pouls, et rechercher un souffle artériel” Rev Prescrire 2019 ; 39 (430) : 605-607. 5- Prescrire Rédaction “Traiter une claudication intermittente ischémique. D’abord motiver les patients à suivre unprogramme d’entraînement à lamarche” RevPrescrire 2017 ; 37 (410) : 919 925. 6- Prescrire Rédaction “Mycoses unguéales : les reconnaître et les traiter à bon escient” RevPrescrire 2008 ; 28 (293) : 205-211. 7- PrescrireRédaction“Mycose entre les orteils (intertrigo) alias“pied d’athlète” RevPrescrire 2008 ; 28 (300) : 761 762. 8- Prescrire Rédaction “Suivre les diabétiques de type 2 : des modalités bien codifiées, mais pas toujours évaluées” Rev Prescrire 2001 ; 21 (217) : 360-371. 9- Prescrire Rédaction “Éviter les lésions graves des pieds chez les patients diabé tiques de type 2.Un partage d’expérience fécond” Rev Prescrire 2011 ; 31 (329) : 221. 10- Prescrire Rédaction “Verrues : guérison spontanée fréquente” Rev Prescrire 2011 ; 31 (338) : 931-932. 11- Prescrire Rédaction “Verrucides acides : brûlures et séquelles” Rev Prescrire 2018 ; 38 (412) : 111-112. 12- “Salicylic acid”Martindale, The Pharmaceutical Press 2021. 13- “Tricholoroacetic acid” Martindale, The Pharma ceutical Press 2021. 14- Prescrire Rédaction “Verrucide à base d’acide formique : nécroses cutanées” Rev Prescrire 2016 ; 36 (391) : 347. 15- Wexler DJ and coll. “Evaluation of the diabetic foot” UpToDate 2021. Noms commerciaux des médicaments en France F , Belgique B et Suisse CH acide salicylique coricide – F POMMADE M.O. COCHON° ou autre ; B DUOFILM° (en association) ; CH W-GOUTTES° ou autre (en association)
MESSAGES-CLÉS MÉDICAMENTS à transmettre aux patients ou à leur entourage lors de la surveillance d’un médicament SITAGLIPTINE OU AUTRE GLIPTINE (alogliptine, linagliptine, saxagliptine, vildagliptine) En cas d’apparition de plaques rouges ou de cloques sur lapeau,debrûluredesmuqueuses (notamment bouche, yeux, vagin) : arrêter immé diatement de prendre le médicament, et consulter en urgence. Pourquoi ? Ce médicament cause des atteintes de la peau rares mais graves, surtout en cas de poursuite du traitement. Une fièvre et une sensation de brûlure des yeux, de la gorge surviennent souvent quelques jours avant les atteintes de la peau. En cas de survenue d’une constipation impor tante, de douleurs articulaires ou autres, ou encore de baisse de moral inhabituelle ou inexpli quée, consulter un professionnel de santé. Pourquoi ? Ce médicament peut causer divers effets indésirables, dont certains peuvent être graves et nécessitent un examen médical. santé. Pourquoi ? La prise de certains autres médicaments peut augmenter les effets indésirables du traitement. ©Compétence4 Sources “Incrétinomimétiques anti-DPP-4 (gliptines) : sitagliptine, etc.” Interactions Médicamenteuses Prescrire 2023. Avant de prendre un autre médicament, il est plus sûr d’en parler à un professionnel de
Compétence 4 • Édition Découverte • Février 2025 • N° 86 bis • Page 13
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