Edition Découverte Compétence 4

OUVERTURES

auteurs soulignent la motivation forte et le rôle moteur joué par les infirmiers, attirés par ces nouvelles modalités de travail et de prise en charge des patients incluant une dimension éducative et d’accompagnement (3). L’évaluation met en lumière un changement positif de la relation patients-soignants avec des patients plus à l’aise avec leur maladie, leur permettant de considérer médecins et infirmiers comme des alliés. Les patients mettent en avant un côté pratique, l’infirmier étant souvent plus accessible que le médecin. Ils perçoivent l’infirmier comme une source d’information et de soutien sur le long terme. Cette prise en charge leur a permis d’avoir plus de connaissances et de compétences dans la gestion de leur maladie : amélioration clinique et biologique, qualité de vie, diminution des thérapeutiques médicamenteuses (3). En 2019, une équipe de l’Irdes a exploré l’hypothèse selon laquelle le dispositif Asalée permettrait une meilleure utilisation du temps de travail des médecins (5). Pour cela, les auteurs ont comparé un groupe de médecins participant au dispositif Asalée (418 médecins) à un groupe témoin de médecins (1 124) n’y participant pas. Ils ont mis en évidence une augmentation significative de la patientèle des médecins participant au dispositif, à jours travaillés quasi inchangés, sans effet sur le nombre de consultations ou de visites à domicile. La délégation de certains actes et suivis à l’infirmier libère du temps médical au cours de la journée (5). Trois profils différents de binômes médecin-infirmier Toujours en 2019, des chercheurs de l’Irdes ont exploré la dynamique du binôme médecin-infirmier au sein du dispositif Asalée (6). Cette observation a fait apparaître trois types de binômes selon l’intensité de l’activité dans le dispositif. Celle-ci est mesurée à partir de celle de l’infirmier, c’est-à-dire : le nombre moyen de patients bénéficiant d’un protocole Asalée, le nombre de patients inclus dans au moins un protocole et dans chaque protocole et la répartition du temps de travail des infirmiers selon la nature des activités Asalée (consultation d’éducation thérapeutique, réalisation d’actes dérogatoires délégués par le médecin tels que spirométrie, ECG, dépistage des troubles cognitifs) (6). Parmi les trois types de binômes, la classe 1, dite “à maturité” (38 % des effectifs) regroupe les binômes qui ont une plus grande ancienneté et l’activité la plus in tense. Les infirmiers sont le plus souvent à temps plein avec des missions axées sur l’éducation thérapeutique et les actes dérogatoires. Le binôme formé avec le médecin est consolidé par des échanges réguliers (avant ou après la rencontre avec le patient et plusieurs fois par semaine) et une présence simultanée au cabinet. La note de synthèse rédigée par l’infirmier est partagée

avec le médecin, et les rendez-vous avec le patient sont pris d’un commun accord entre les deux soignants. La classe 2 (44 % des effectifs), dite “en croissance”, cor respond aux binômes constitués plus récemment. La classe 3 (18 % des effectifs), “en construction”, rassemble des entrées dans le dispositif depuis moins de 2 ans, avec l’activité la plus faible (6). Une étude cas-témoins de l’impact du dispositif sur la qualité du suivi des patients diabétiques de type 2 Une analyse de données, provenant du Système national des données de santé (SNDS) et de deux registres de l’association Asalée, a comparé la qualité du suivi de patients diabétiques de type 2 issu d’un groupe participant au dispositif, à celle d’un groupe n’y participant pas, au moyen d’un double appariement entre les médecins généralistes et entre leurs patients (7). Le groupe des “cas” médecins était composé de 435 médecins entrés dans le dispositif Asalée entre 2012 et 2015. Les “témoins” étaient 973 médecins généralistes ne participant pas au dispositif mais ayant des caractéristiques proches (âge, sexe, localisation, activité et structure de leur file active). Les patients ont été recrutés entre 2010 et 2017 et appariés en s’appuyant sur les données socio-démographiques mais également sur la prise en charge du diabète (monothérapie, bithéra pie, etc.). Les effectifs des patients inclus ont été de 18 310 patients diabétiques de type 2 dont 2 943 patients diabétiques de type 2 inclus dans un protocole de suivi Asalée. La qualité du suivi a été quantifiée grâce à 6 indicateurs reflétant le suivi régulier de l’HbA1c, de la microalbuminurie, de la créatininémie, des lipides et une prise en charge ophtalmologique et cardiologique adaptée. L’étude a permis de mesurer l’amélioration éventuelle du suivi des patients après l’entrée de leur médecin dans le dispositif Asalée, qu’ils bénéficient ou non d’un protocole de coopération médecin-infirmier, comparé au suivi de patients dont le médecin ne participait pas à la coopération Asalée (7). Les 6 indicateurs de suivi du diabète ont été globalement améliorés pour tous les patients au fil du temps. Les patients suivis dans un protocole Asalée ont eu une amélioration plus rapide et plus importante que les témoins. Les indicateurs créatininémie et suivi d’une anomalie du bilan lipidique sont ceux pour lesquels l’amélioration a été la plus faible, mais il s’agissait des indicateurs les mieux suivis au départ. Pour le suivi de la vérification de la HbA1c, 54 % des témoins et 75 % des cas sont notés comme ayant un suivi conforme aux recommandations en 2017 versus 33 % et 41 % respec- Un impact positif et significatif sur la qualité du suivi des patients diabétiques

Compétence 4 • Édition découverte • Avril 2023 • N° 64 bis • Page 19

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