Édition Découverte Prescrire
Découvre la revue Prescrire au fil de ces 16 pages découverte, et accédez à une revue d'information fiable et indépendante sur les médicaments
n° 467 bis • Septembre 2022
LA REVUE
Financée par les abonnés, sans publicité ni subvention, sans sponsor ni actionnaire
Édition découverte
La revue Prescrire (Édition découverte) • Tome 42 • p. 1 à 18 • France
Hypertension artérielle : quand un premier hypotenseur ne suffit pas
Naloxone par voie nasale (Nyxoid°) : utile en cas de surdose d’opioïde
Erreurs de vaccin pneumococcique : des nourrissons mal protégés
Quelle est l’ambition éditoriale de Prescrire ? Depuis janvier 1981, la raison d’être de Prescrire est d’apporter aux professionnels de santé, et grâce à eux, aux patients, des informations claires, synthétiques et fiables dont ils ont besoin, en particulier sur les médicaments et les stratégies diagnostiques et thérapeutiques. Prescrire s’est donné les moyens rédactionnels et documentaires de garantir la solidité de ses synthèses. Ses rédacteurs sont des profession nels de santé, formés aux méthodes rédactionnelles collectives de Prescrire. Des procédures explicites de contrôle de qualité sont appliquées à toute la production rédactionnelle. La liste nominative complète des rédacteurs (plus d’une centaine) et des relecteurs extérieurs à Prescrire (plusieurs centaines chaque année) ayant contribué à chaque numéro est en accès libre sur www.prescrire.org
Pourquoi une édition Découverte ? L’édition Découverte est une compilation de textes tirés de numéros récents de Prescrire. Cette édition de 16 pages est le reflet d’une revue qui comporte en réalité plus de 80 pages. Elle vous donnera un aperçu de ce qu’apporte la lecture de Prescrire . En plus des 12 numéros mensuels, l’abonnement à Prescrire permet de bénéficier de l’ Application Prescrire , un accès numérique aux textes de Prescrire , et du Guide Prescrire, un outil numérique d’aide à la décision thérapeutique. Qui est Prescrire ? L’Association Mieux Prescrire, qui édite toutes les productions Prescrire, est une association à but non lucratif (loi 1901). Elle s’est organisée pour s’affranchir des influences des firmes, comme de celles des organismes chargés de l’organisation des systèmes de soins. Financée par les abonnés, sans publicité ni subvention, sans sponsor ni actionnaire.
SOMMAIRE
Copyright Prescrire ISSN 0247-7750 Dépôt légal à parution Commission paritaire CPPAP n° 0327 G 81662 Siège 83, boulevard Voltaire 75011 Paris France Tél. : (+33)(0)1 49 23 72 80 Courriel contact@prescrire.org Adresse postale Prescrire, 83 boulevard Voltaire 75558 Paris Cedex 11 France
RAYON DES NOUVEAUTÉS
STRATÉGIES
1
8 Quand la pression artérielle reste élevée malgré un premier hypotenseur. Changer de médicament ou ajouter un deuxième hypo- tenseur Repères 9-10 Consommation de poisson Moins d’accidents cardiovasculaires chez les patients à haut risque Arrêt cardiorespiratoire chez les enfants Associer massage cardiaque
Signé Gaspard Pragmatisme
Nouvelles substances / Nouveaux dosages
2 Naloxone à 1,8 mg par voie nasale ( nyxoid °) et surdoses d’opioïde Nouvelles associations 3-4 Acide fusidique + valérate de bétaméthasone en crème ( dermafusone °) et eczéma atopique infecté • Le segments-clé -gliflozine 5 Tableauscopie Spécialités pour appli- cation cutanée à base de corticoïde non associé VIGILANCES Corticoïde oral pendant quelques jours : hémorragies digestives, insuffisances cardiaques, septicémies Métopimazine ou autre antiémétique neuroleptique : hospitalisations pour traumatisme Erreurs de vaccin pneumococcique : des nourrissons mal protégés 6 7
externe et insufflations Infos-Patients Prescrire
www.prescrire.org
Prescrire participe activement à l’ISDB, réseau international de revues de formation en thérapeutique indépendantes des firmes. Site internet : isdbweb.org
11
La contraception d’urgence Messages-clés Médicaments
12
Codeïne OUVERTURES
Imprimerie Aubin Chemin des Deux Croix, CS 70005, 86240 Ligugé Dépôt légal : 3971
13 Alzheimer : encore un médicament mal venu 14 Agence européenne du médicament : une politique de transparence gâchée par trop de dysfonctionnements FORUM 15 Indépendance : le creux de la vague COGITATIONS 16 Amalia a le teint bien pâle…
Abonnez-vous à Prescrire sur www.prescrire.org/offre
RAYON DES NOUVEAUTÉS
Pragmatisme Depuis plus de 40 ans, Prescrire réalise des analyses critiques de l’évaluation des nouveaux médicaments et examine s’ils apportent ou non un progrès concret par rapport à ce qui existe déjà. Pour chaque nouveauté se pose alors la question suivante : est-ce plus efficace, moins dangereux ou plus pratique que le traitement de référence connu ? Souvent, l’analyse des données d’évaluation amène à conclure à une absence de preuve de progrès, traduite par la cotation “N’apporte rien de nouveau”. Par exemple ce mois-ci, l’évaluation clinique de la délafloxacine (Quofenix°), autorisée dans certaines infections, ne démontre pas que cette nouvelle fluoro quinolone ait une efficacité clinique supérieure à celle des autres quinolones, ni que son profil d’effets indésirables soit moins chargé (lire p. 896). C’est aussi le cas du pérampanel (Fycompa°) dans certaines épilepsies chez les enfants, dont l’évaluation clinique est maigre et non comparative (lire p. 893-894). Il n’y a pas d’argument solide justifiant leur utilisation. Quand un traitement est décidé avec un patient, choisir un médicament de référence, éprouvé dans la situation clinique du patient et aux effets indésirables connus, reste le meilleur choix. Pour autant, une nouveauté qui n’apporte rien de nouveau n’est pas toujours à écarter des soins,
à partir du moment où choisir ce médicament n’entraîne ni régression thérapeutique ni danger disproportionné. Notamment, chez un patient qui reçoit déjà un tel médicament, et semble en tirer un bénéfice clinique sans effets indésirables particulièrement gênants, poursuivre ce médicament peut être un choix plus raisonnable que de vouloir absolument modifier son traitement. L’analyse critique des données d’évaluation est primordiale pour faire le tri parmi les nouveautés, réelles ou prétendues. Mais prendre en compte chaque situation au cas par cas, avec pragmatisme, c’est aussi rendre service au patient.
Les cotations Prescrire vous permettent de percevoir, d’un seul coup d’oeil, les éventuels progrès thérapeutiques
des médicaments , et le niveau d’information fournie à Prescrire par les firmes.
Rev Prescrire • Décembre 2021
COTATIONS PRESCRIRE - Nouvelles substances, indications, posologies, formes, etc. Notre appréciation globale, symbolisée par une expression du bonhomme Prescrire, alias Gaspard Bonhomme, porte sur le progrès thérapeutique, tangible pour le patient, apporté par chaque nouvelle spécialité dans une indication précise : balance bénéfices-risques du médicament par rapport aux autres thérapeutiques disponibles.
Information fournie par les firmes Nous cotons sur 4 niveaux l’information reçue des firmes que nous avons interrogées. Information approfondie, détaillée et adaptée, des données non publiées jusqu‘au conditionnement.
BRAVO Appréciation d’exception attribuée à un progrès thérapeutique majeur, d’efficacité et d’intérêt évidents dans un domaine où nous étions totalement démunis. INTÉRESSANT A pporte un progrès thérapeutique important mais avec certaines limites. APPORTE QUELQUE CHOSE L’apport est présent mais limité ; il est à prendre en compte sans toutefois devoir bouleverser le domaine de la thérapeutique considéré. ÉVENTUELLEMENT UTILE Intérêt thérapeutique supplémentaire minime. Il y a peu d’arguments devant conduire à changer d’habitude de prescription en dehors de cas particuliers.
N’APPORTE RIEN DE NOUVEAU Il s‘agit d’une nouvelle substance sans plus d’intérêt clinique démontré que les autres substances du même groupe, et parfois d’un me-too, voire d’une quasi-copie.
Information limitée à des données publiées, administratives, ou
PAS D’ACCORD Médicament qui ne présente aucun avantage évident mais qui a des inconvénients possibles ou certains.
de conditionnement.
Information minimale, ou limitée ou presque à des éléments
LA RÉDACTION NE PEUT SE PRONONCER Nous réservons notre jugement dans l’attente d’une évaluation plus approfondie du médicament.
administratifs et de conditionnement.
Rétention d’information.
L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis • P age 1
RAYON DES NOUVEAUTÉS
Maintenez à jour votre liste de moyens thérapeutiques grâce à une veille critique du marché du médicament.
NOUVELLE SPÉCIALITÉ / NOUVEAU DOSAGE
naloxone à 1,8 mg par voie nasale ( nyxoid °) et surdoses d’opioïde
APPORTE QUELQUE CHOSE La naloxone par voie nasale est efficace pour éviter la mort en cas de surdose d’opioïde, que celle-ci soit la conséquence d’un usage médical ou illicite. La mise sur le marché de la spécialité Nyxoid° est d’autant plus utile que la commercialisation de Nalscue° (un autre pulvérisateur nasal contenant de la naloxone ) a été arrêtée en France fin 2020. NYXOID° - naloxone solution pour pulvérisation nasale • 1,8 mg de naloxone dans 0,1 ml de solution par dispositif pulvérisateur unidose (2 dispositifs pulvérisateurs par boîte) Mundipharma ■ antidote ; antagoniste des récepteurs opioïdes ■ Indication : traitement d’urgence des surdoses aux opioïdes, connues ou suspectées, se manifestant par une dépression respiratoire et/ou du système nerveux central, à la fois dans un environnement non médical et un envi ronnement de soins, chez les adultes et les adolescents âgés de 14 ans ou plus. [AMM européenne centralisée] ■ Posologie : 1,8 mg (soit le contenu d’un pulvérisateur) dans une seule narine. Si l’état du patient ne s’améliore pas dans les 2 à 3 minutes suivant la pulvérisation, il est recom mandé d’administrer une deuxième dose dans l’autre narine. Les surdoses d’opioïdes résultent de la prise de médicaments ou de substances illicites. Ces surdoses entraînent une baisse de la fréquence respiratoire et une perte de conscience, conduisant parfois à un arrêt respiratoire, puis à un arrêt cardiaque. En France, le nombre de cas de surdoses mortelles d’opioïdes a été estimé à plusieurs centaines par an (1à3). La naloxone est un antagoniste des récepteurs aux opioïdes. C’est un antidote efficace pour éviter la mort par surdose d’opioïde, quelle que soit la voie d’administration, injectable ou nasale. Dans cette situation, la naloxone expose surtout à un syndrome aigu de sevrage, qui se manifeste prin cipalement par une agitation, une anxiété, des nausées, des myalgies et une transpiration. Ce risque est toutefois mineur en situation d’urgence vitale (1à3). En ville : Séc. soc. 65 %. 2 pulvérisateurs : 31,40 €. À l’hôpital : agréé collect.
En France, la naloxone est disponible depuis plusieurs dizaines d’années sous forme de solution injectable en ampoules, pour un usage profession nel, et à l’hôpital. En 2017 et 2018, deux autres présentations de naloxone ont été autorisées pour une utilisation en situation d’urgence dans un contexte médical ou non, par exemple par l’entou rage de patients usagers d’opioïdes. Il s’agit d’une part d’une solution pour pulvérisation nasale auto risée chez les enfants âgés de un mois ou plus et chez les adultes (Nalscue°) ; et d’autre part d’une solution injectable par voie intramusculaire (IM) en seringue préremplie, autorisée uniquement chez les adultes (Prenoxad°). Depuis fin 2020, la spécia lité Nalscue° n’est plus commercialisée en France (1à3). Une nouvelle spécialité contenant de la naloxone pour pulvérisation nasale (Nyxoid°) a été autorisée dans l’Union européenne pour une utilisation en ur gence dans un contexte médical ou non, chez les adolescents d’aumoins 14 ans et chez les adultes (3,4). L’autorisation de mise sur le marché (AMM) de Nyxoid° repose surtout sur une étude pharmaco cinétique comparant diverses doses de naloxone par voie nasale versus une dose de 0,4 mg de na loxone par voie IM ou intraveineuse (IV), et des données bibliographiques. Aucune étude n’a évalué cette spécialité en particulier (3,4). Une boîte de Nyxoid° contient deux dispositifs pulvérisateurs unidoses prêts à l’emploi, qui délivrent chacun 1,8 mg de naloxone . La posologie est de une pulvérisation (soit le contenu d’un dispositif pulvé risateur) dans une seule narine, après avoir placé le patient sur le dos et incliné sa tête en arrière. L’opé ration est à renouveler dans l’autre narine si l’effet est jugé insuffisant après 2 à 3 minutes (1,5). Quelle que soit la forme de naloxone utilisée hors milieu hospitalier, il est nécessaire d’appeler (ou de faire appeler) les secours médicaux d’urgence (en France, en composant le 18, le 15 ou le 112), notam ment pour administrer par la suite des doses sup plémentaires de naloxone , dont la durée d’action est plus courte que celle de certains opioïdes (1). Il est utile d’aider l’entourage des personnes prenant un opioïde à connaître l’utilisation du dis positif et d’expliquer aux personnes ayant utilisé Nalscue° les différences entre les deux spécialités : avec Nyxoid°, administration d’une 2 e dose seule ment en cas d’effet insuffisant de la première, alors qu’avec Nalscue° c’était d’emblée une pulvérisation (de 0,9 mg) dans chaque narine en utilisant un dispositif pulvérisateur pour chaque narine. D’une
P age 2 • L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis
RAYON DES NOUVEAUTÉS
façon générale, les patients usagers d’opioïdes et leur entourage ont intérêt à connaître les signes indicateurs d’une surdose d’opioïde et les facteurs de surdose (1). La spécialité Nyxoid° est soumise à une prescrip tion médicale obligatoire, condition fixée par l’AMM européenne. Cette obligation a l’inconvénient d’en traver l’accessibilité de ce médicament, notamment dans les structures de soins accueillant des per sonnes dépendantes aux opioïdes dans lesquelles il n’y a pas de médecin prescripteur. Depuis 2017, en France, la diffusion des médicaments contenant de la naloxone prête à l’emploi, que ce soit par voie IM ou nasale, reste encore trop restreinte, alors que ces médicaments ont un intérêt pour éviter des morts par surdose (5à7). ©Prescrire
Noms commerciaux des médicaments en France F , Belgique B et Suisse CH naloxone injectable, en ampoule – F NARCAN° ou autre ; B NALOXON B. BRAUN° ; CH NALOXON ORPHA° naloxone injectable, en seringue préremplie – F PRENOXAD° ; B CH (—) naloxone nasale unidose 1,8 mg – F B CH NYXOID° Recherche documentaire mise à jour le 13 septembre 2021 La firme Mundipharma, que nous avons interrogée, nous a fourni une documentation administrative. 1- Prescrire Rédaction “Naloxone nasale (Nalscue°) et surdoses d’opioïdes. Un antidote en spray nasal utile et pratique dans un contexte d’urgence” Rev Prescrire 2018 ; 38 (417) : 485-488. 2- Prescrire Rédaction“Naloxone (Prenoxad°) en kit pour injection IM dans les surdoses d’opioïdes” Rev Prescrire 2018 ; 38 (417) : 488-489. 3- HAS - Commission de la transparence“Avis-Nyxoid” 5 février 2020 : 19 pages. 4- EMA - CHMP “Public assessment report for Nyxoid. EMEA/ H/C/004325/0000” 14 septembre 2017 : 59 pages. 5- EMA “RCP + notice-Nyxoid” 5 février 2021 : 32 pages. 6- Jehanne C et coll. “Chroniques de la mise à disposition des kits naloxone (Nalscue, Prenoxad et bientôt Nyxoid), échec ou succès en demi-teinte ?” Le Flyer 2021 ; 79 : 6 pages. 7- France patients experts addictions et coll. “Overdose day 2021. Journée internationale de sensibilisation aux surdoses. Où en sommes nous ?” Communiqué de presse 31 août 2021 : 2 pages.
Rev Prescrire • Novembre 2021
NOUVELLE ASSOCIATION
acide fusidique + valérate de bétaméthasone en crème ( dermafusone °) et eczéma atopique infecté
PAS D’ACCORD Association d’un antibiotique, qui n’est géné ralement pas le meilleur choix en application cutanée, avec un dermocorticoïde d’activité forte susceptible d’aggraver l’infection.
Chez les enfants et les adultes atteints d’un eczéma atopique, l’application quotidienne d’un émollient est le traitement de premier choix. Les dermocorticoïdes sont surtout utiles lors des poussées. L’eczéma atopique est parfois compliqué d’une infection, le plus souvent par Staphylococcus aureus (alias staphylocoque doré), avec l’apparition de pustules et de croûtes (1). Le traitement de choix est alors la mupirocine en appli cation cutanée, sauf en cas de lésions infectées éten dues justifiant une antibiothérapie orale (2,3). Depuis mi-2020, une crème contenant de l’ acide fusidique (un antibiotique) et de la bétaméthasone (sous forme de valérate, un dermocorticoïde d’ac tivité dite forte) est commercialisée en France pour l’eczéma avec infection cutanée, chez les enfants dès l’âge de 1 an et chez les adultes (4). L’ acide fu sidique et la bétaméthasone étaient déjà disponibles dans des spécialités séparées, sous forme de crème ou de pommade (2,5). L’ acide fusidique est un antibiotique généralement efficace dans les infections de la peau dues à S. aureus . Mais son utilisation par voie orale ou intraveineuse dans certaines infections graves à S. aureus incite à limiter son utilisation afin de di
DERMAFUSONE° - acide fusidique + bétaméthasone crème
• 20 mg d’ acide fusidique + 1 mg de bétaméthasone (sous forme de valérate) par gramme de crème (1 tube de 30 g) Bailleul ■ antibiotique + corticoïde d’activité forte ■ Indication : « dermatoses eczémateuses (…) lorsqu’une infection bactérienne secondaire est confirmée ou suspec tée », chez les adultes et les enfants dès l’âge de 1 an. [AMM française par procédure décentralisée] ■ Posologie : une « petite quantité de crème » en une couche fine 2 fois par jour ; sans dépasser 2 semaines. À l’hôpital : non agréé collect.
L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis • P age 3
RAYON DES NOUVEAUTÉS
NOUVELLE SUBSTANCE / NOUVELLE FORME Les corticoïdes étant immunodépresseurs, ils sont susceptibles d’aggraver une infection (7). Aussi, il semble prudent de ne pas utiliser ou d’arrêter l’uti lisation d’un dermocorticoïde en cas de lésions cutanées infectées, le temps de traiter l’infection avec un antibiotique. En 2008, l’Agence française du médicament avait supprimé les autorisations de mise sur le marché (AMM) de crèmes et pommades associant un antibiotique avec un corticoïde, en raison d’un intérêt thérapeutique non démontré (8). L’association acide fusidique + bétaméthasone expose aux effets indésirables de chacune des substances. Il s’agit principalement de : réactions d’hypersensibilité se manifestant parfois par un eczéma avec l’ acide fusidique ; de divers troubles locaux (télangiectasies, atrophies et fragilités cuta nées, vergetures, infections, llergies) avec le cor ticoïde. Les dermocorticoïdes exposent aussi aux effets indésirables des corticoïdes par voie générale (hyperglycémies, hypercorticismes, insuffisances surrénaliennes, troubles de la croissance), par pas sage à travers la peau, en particulier quand l’appli cation se fait sur un peau lésée, sur de grandes surfaces ou sous un pansement occlusif (1,2). cabotégravir ( vocabria °) et rilpivirine ( rekambys °) en injections IM dans le HIV Une alternative aux bithérapies par voie orale ● Chez les patients infectés par le HIV, le trai tement de référence est l’association d’au moins trois antirétroviraux de deux groupes pharmaco logiques différents. Une bithérapie orale est parfois envisagée. On dispose alors en France des associations dolutégravir (un inhibiteur de l’intégrase du HIV) + lamivudine (un inhibiteur nucléosidique de la transcriptase inverse du HIV), et dolutégravir + rilpivirine (un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse du HIV). ● Le cabotégravir (un autre inhibiteur de l’in tégrase) et la rilpivirine ont été autorisés dans l’Union européenne, en bithérapie, en relais d’une multithérapie ayant une efficacité virolo gique. Cette bithérapie, débutée éventuellement par voie orale, s’administre par voie intra musculaire, à raison d’une injection de caboté gravir et une injection de rilpivirine lors d’une même séance tous les mois, voire tous les deux mois. ● Deux essais randomisés, non aveugles, d’une durée de 48 semaines, chez des patients rece vant jusque-là une trithérapie efficace, ont mon tré qu’un relais par cabotégravir + rilpivirine en injections mensuelles n’est pas moins efficace que la poursuite de la trithérapie par voie orale. Dans ces essais, il y a eu quelques échecs viro logiques avec l’association cabotégravir + rilpi ©Prescrire Noms commerciaux des médicaments en France F , Belgiqu B et Suiss CH acide fusidique application cutanée – F FUCIDINE° ou autre ; B CH FUCIDIN° ou autre acide fusidique + bétaméthasone application cutanée – F DERMAFUSONE° ; B CH FUCICORT° bétaméthasone valérate 0,1 % crème, lotion, pommade – F BETNEVAL° ; B BETNELANV° ; C BETNOVATE° mupirocine – F MUPIDERM° ou autre ; B CH BACTROBAN° Rev Prescrire • Mai 2021 Les sources et références sont disponibles dans la revue Prescrire originale, disponible sur abonnement SOUTENEZ UNE REVUE D’INFORMATION MÉDICALE INDÉPENDANTE ! Abonnez-vous sur Prescrire.org/offre Résumé minuer le risque d’émergence de souches résistantes à cet antibiotique. La mupirocine a l’avantage d’être utilisée uniquement par voie locale (6).
LE SEGMENT-CLÉ DU MOIS
Le vrai nom du médicament
virine , avec apparition de virus résistants à des inhibiteurs de l’intégrase et des inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse. ● Dans un autre essai randomisé, non aveugle, d’une durée de 48 semaines, il n’y a pas eu glo balement plus d’échecs de traitement avec des injections tous les deux mois de l’association cabotégravir + rilpivirine qu’avec des injections mensuelles. Des données de faible niveau de preuves suggèrent toutefois des échecs virolo giques un peu plus fréquents, mais un peu moins d’arrêts de traitement pour une autre cause qu’avec le rythme mensuel. Rev Prescrire • Octobre 2021 Sources 1- World Health Organization“The use of stems in the selec tion of International Nonproprietary Names (INN) for pharmaceutical substances 2018 (stembook 2018)” : 102-103. 2- “Gliflozines (anti-SGLT2)” + “Incrétinomimétiques anti-DPP-4 (gliptines) : sitagliptine, etc.” Inter actions Médicamenteuses Prescrire 2021. SANS PUBLICITÉ, NI SUBVENTION Pres r re vous propose une analyse indépend nte et objective sur es médicaments, des conseil adaptés, nuancés pour améliorer sa pratiqu et une information sur l'actualité de la pharmac - vigilance . -gliflozine Selon la nomenclature des dénominations communes internationales (DCI) établie par l’Organisation mon diale de la santé (OMS), la DCI des hypoglycémiants comporte le segment-clé -gli . Plus spécifiquement, la DCI des inhibiteurs du co-transporteur rénal de sodium glucose (SGLT-2) se termine par le segment-clé -gliflozine . Ils augmentent l’élimination du glucose dans les urines, ce qui tend à diminuer la glycémie (1,2). Au 2 septembre 2021, deux substances dont la DCI contient le segment-clé -gliflozine sont commercialisées en France : la dapagliflozine, autorisée dans le diabète de type 2, le diabète de type 1 et l’insuffisance cardiaque (Forxiga°), et en association avec la metformine , un autre hypoglycémiant, dans le diabète de type 2 (Xigduo°) (lire “Dapagliflozine (Forxiga°) et insuffisance cardiaque chronique” p. 725-727) ; l’ empagliflozine , autorisée dans le diabète de type 2 et l’insuffisance cardiaque (Jar diance°), et en association avec la metformine dans le diabète de type 2 (Synjardy°). Deux autres substances, autorisées dans le diabète de type 2 dans l’Union euro péenne, ne sont pas commercialisées en France, mais le sont ailleurs, par exemple en Belgique : la canagliflo zine (Invokana°, en association avec la metformine dans Vokanamet°) ; l’ ertugliflozine (Steglatro°, en association avec la metformine dans Segluromet°, ou avec la sita gliptine dans Steglujan°). Le profil d’effets indésirables des gliflozines est chargé, avec notamment des : infections urinaires et génitales, vulvovaginites, balanites, prurits génitaux, fasciites nécro santes du périnée (alias gangrènes de Fournier) ; séche resses buccales, déshydratations, hypovolémies, nyctu ries ; insuffisances rénales ; acidocétoses diabétiques ; augmentation du risque d’amputation des orteils, avec la canagliflozine et peut-être aussi avec les autres (2). ©Prescrire
P age 4 • L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis
RAYON DES NOUVEAUTÉS
TABLEAUSCOPIE
Spécialités pour application cutanée à base de corticoïde non associé (commercialisées en France au 25 février 2022)
Les corticoïdes en application cutanée (nommés dermocorticoïdes) sont des immunodépresseurs utilisés dans de nombreuses affections, notamment l’eczéma atopique et le psoriasis. Leur activité anti-inflammatoire est estimée par un test de vasoconstriction cutanée chez des personnes en bonne santé. Cette activité dépend de la substance (type d’ester utilisé notamment), de sa concentration, de la forme pharmaceutique et des excipients, d’où une activité parfois différente d’une même substance selon les spécialités. Le risque d’effets indésirables cutanés est corrélé au niveau d’activité. Nous rapportons l’activité revendiquée dans les résumés des caractéristiques (RCP) français de ces spécialités ; d’autres classifications existent. En France, ces spécialités sont remboursables à 65 % par la Sécurité sociale et agréées aux collectivités, à l’exception des dermocorticoïdes cutanés d’activité faible. Elles sont inscrites sur la liste I des substances vénéneuses sauf exceptions signalées en note b .
Échelle d'activité faible modérée forte très forte
Dosage Nom commercial et forme
Substance
BÉTAMÉTHASONE BIOGARAN° crème
bétaméthasone dipropionate
0,05 % ( a )
DIPROSONE° crème, pommade, lotion
DIPROLÈNE° pommade
BETNEVAL° crème, pommade
0,1 % ( a )
bétaméthasone valérate
BETNEVAL LOTION° émulsion
2,25 mg BETESIL° emplâtre
CLARELUX° crème, mousse
CLOBÉTASOL SUBSTIPHARM° shampoing
clobétasol propionate
0,05 %
CLOBEX° shampoing
DERMOVAL° crème, gel
0,05 % TRIDÉSONIT° crème
désonide
LOCAPRED° crème
0,1 %
LOCATOP° crème
NÉRISONE° crème, pommade
diflucortolone valérate
0,1 %
NÉRISONE GRAS° pommade anhydre
difluprednate
0,05 % ÉPITOPIC° crème
0,005 % FLIXOVATE° pommade
fluticasone propionate
0,05 % FLIXOVATE° crème
CORTISÉDERMYL° crème ( b )
0,5 %
hydrocortisone (base)
DERMOFENAC DÉMANGEAISONS° crème ( b )
1 % HYDROCORTISONE HORUS PHARMA° crème ( c )
EFFICORT HYDROPHILE° crème
hydrocortisone acéponate
0,127 %
EFFICORT LIPOPHILE° crème
hydrocortisone acétate
0,5 % ( a ) CORTAPAISYL° crème ( b )
hydrocortisone butyrate
0,1 % LOCOÏD° crème, crème épaisse, pommade, lotion, émulsion fluide ( d )
©Prescrire
a- Dosage exprimé en pourcentage de la substance sous forme de base. b- Dispensation autorisée sans prescription (par exonération). c- À la suite d’un changement de nom, remplace Hydrocortisone Kerapharm°. d- En 2020, l’Agence française du médicament (ANSM) a corrigé les résumés des caractéristiques (RCP) des spécialités de la gamme Locoïd°, les classant avec une activité modérée, au lieu de forte auparavant. Cette activité modérée correspond à la classification ATC de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le butyrate d’hydrocortisone . Les indications de la gamme Locoïd° ont ainsi été restreintes, pour
les rendre cohérentes avec les autres spécialités de dermocorticoïdes d’activitémodé rée : uniquement eczémade contact, eczéma atopique, eczéma variqueux (alias dermite de stase), dermite séborrhéique (à l’exception du visage), psoriasis, certains prurigos parasitaires et piqûres d’insectes. Sources Résumésdes caractéristiques (RCP) (versionAgence françaisedumédicament (ansm.sante.fr) et du Dictionnaire Vidal 2019 pour les RCP de Locoïd°). Sites internet de l’Assurancemaladie (www.ameli.fr) et de l’OCP (www.clickadoc.fr).ANSM“Courriel à Prescrire” 19 octobre 2021 : 1 page.
Rev Prescrire • Avril 2022
L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis • P age 5
VIGILANCES
Corticoïde oral pendant quelques jours : hémorragies digestives, insuffisances cardiaques, septicémies
Une corticothérapie orale de quelques jours à des doses courantes expose les adultes (comme les enfants) à des effets indési rables (1). Des résultats d’une étude réalisée
Les effets indésirables étudiés ont été les septicémies, les hémorragies digestives et les insuffisances car diaques, dans les 5 jours à 90 jours après la prescription du corticoïde. Chaque patient a été son propre témoin, en comparant la période d’exposition à un corticoïde avec les périodes sans exposition (2). La fréquence globale des événements indésirables étudiés a été environ deux fois plus grande, de façon statistiquement significative, au cours des périodes d’exposition à un corticoïde qu’au cours des périodes de non-exposition (2). En pratique Ces données confirment les dangers réels d’un corticoïde oral même en cure de seulement quelques jours. Une prise de risque difficile à justifier quand on cherche seulement à atténuer des troubles bénins et passagers. ©Prescrire Sources 1- PrescrireRédaction“Corticoïdes en cure courte : fractures, thromboses, infections” Rev Prescrire 2017 ; 37 (405) : 507. 2- YaoTC et coll.“Association between oral corticosteroid burst and severe adverse events” Ann Intern Med 2020 ; 173 : 325-330. 1,5 avec la dompéridone (intervalle de confiance à 95 % (IC95) : 1,3 à 1,8) ; 2,0 avec le métoclopramide (IC95 : 1,4 à 2,9) ; et 2,3 avec la métopimazine (IC95 : 1,7 à 3,1) (1). Il y a une forte probabilité que la prise du neuroleptique ait contribué à ces accidents, dans la mesure où ils exposent à des effets indésirables neuropsychiques et hypotenseurs, facteurs de chutes et d’accidents (2). On sait par ailleurs qu’ils exposent à des allongements de l’intervalle QT de l’électrocardiogramme et des troubles du rythme cardiaque, sources de malaises avec lipothy mie ou syncope (2). En pratique Le risque d’hospitalisation pour trauma tisme associé à la métopimazine , à la dompéridone , et au métoclopramide pèse dans la balance bénéfices- risques de ces médicaments. Balance rarement favorable avec le métoclopramide , et défavorable avec la méto pimazine et la dompéridone , ces dernières étant par ailleurs peu efficaces (3). ©Prescrire Sources 1- Bezin J et coll.“Antidopaminergic antiemetics and trauma- related hospitalization : A population-based self-controlled case series study” Br J Clin Pharmacol 2020 : 7 pages. 2- Prescrire Rédaction “Neuroleptiques” Interactions Médicamenteuses Prescrire 2021. 3- Prescrire Rédaction“Bilan 2021 des médicaments à écarter : gastro- entérologie” Rev Prescrire 2020 ; 40 (446) : 936-937.
à partir d’une base de données d’assurance maladie taïwanaise, publiés en 2020, apportent des précisions chiffrées (2). Sur une période de 3 ans, 2 623 327 patients ayant reçu une seule prescription de corticoïde en cure courte (maximum 14 jours) par voie orale ont été inclus. L’âge moyen des patients était de 38 ans. 85 % d’entre eux n’avaient aucune comorbidité chronique, selon le score classique dit de Charlson (2). Dans 60 % des cas, les motifs de prescription ont été des atteintes cutanées (dermatites de contact, eczémas, urticaires, etc.) ou des infections ORL ou respiratoires (bronchites et bronchiolites, sinusites, angines, naso pharyngites, laryngites et trachéites). La durée médiane de prescription du corticoïde était de 3 jours, avec une dose quotidienne médiane de 10 mg de prednisone (Cortancyl° ou autre) ou équivalent (2).
Métopimazine ou autre antiémétique neuroleptique : hospitalisations pour traumatisme
En 2020, une équipe de Bordeaux a publié une étude à partir de la base de données de l’assurance maladie française sur le risque d’hospitalisation pour traumatisme, notam
ment par accident de la route, associé à la prise d’anti émétiques neuroleptiques. Les antiémétiques étudiés étaient la dompéridone (Motilium° ou autre), le méto clopramide (Primpéran° ou autre) et la métopimazine (Vogalène°, Vogalib°). Chaque patient a été son propre témoin. La fréquence des hospitalisations pour trauma tisme pendant la période d’exposition des patients à l’antiémétique a été comparée à celle pendant les pé riodes de non-exposition (1). 13 710 adultes ont été inclus et suivis sur la période 2009-2014. L’âge médian des patients était d’environ 55 ans. 7 610 patients ont été exposés à la dompéridone , 2 189 au métoclopramide et 3 911 à la métopimazine . Les durées médianes d’exposition ont été de 10 jours pour la dompéridone , 10 jours pour le métoclopramide et 5 jours pour la métopimazine . La fréquence des hospitalisations pour traumatisme, notamment par accident de la route, a été plus grande dans la semaine suivant le début de l’exposition à l’anti émétique (repérée par la date de dispensation à l’officine) que durant les périodes sans exposition, de façon statis tiquement significative, le risque relatif estimé étant de :
Rev Prescrire • Mai 2021
P age 6 • L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis
VIGILANCES
Erreurs de vaccin pneumococcique : des nourrissons mal protégés
Prenez en compte les effets indésirables ! Des milliers d'études sélectionnées et analysées après la mise sur le marché ; plus de 250 sources d'information nationales et internationales.
● En France ont été signalés des cas de nourris sons ayant reçu par erreur (de prescription ou de dispensation) un vaccin pneumococcique non conjugué (Pneumovax°), inefficace à cet âge, au lieu d’un vaccin conjugué (Prevenar°). ● Au lieu de se fier seulement à leurs noms com merciaux, mieux vaut d’abord désigner ces vaccins pneumococciques en dénomination commune, en précisant toujours “conjugué” ou “non conjugué”. En 2010, une médecin généraliste signalait à Prescrire des dispensations à des nourrissons du vaccin Pneumo 23°, un vaccin pneumococcique non conju gué, à la place de Prevenar°, correspondant à la prescription : « vaccin pneumococcique conjugué à 7 valences » (1). Dix ans plus tard, il arrive encore, notamment en France, qu’un nourrisson reçoive un vaccin pneumo coccique non conjugué au lieu d’un vaccin conjugué (2,3). Or, chez les enfants âgés de moins de 2 ans, les antigènes polyosidiques pneumococciques contenus dans le vaccin non conjugué sont très peu immunogènes, et le vaccin est de ce fait non pro tecteur ; tandis que la conjugaison de ces antigènes à une protéine entraîne une réponse immunitaire suffisamment intense et durable pour que le vaccin conjugué soit efficace (4). Pneumovax° injecté par erreur à des nourrissons. En 2018 et 2019, un enfant a reçu trois injections de Pneumovax°, un vaccin pneumococcique non conju gué, à l’âge de 2, 4 et 12 mois, au lieu de Prevenar 13°. L’enfant a eu de la fièvre (40 °C) durant 2 jours après les 2 e et 3 e injections. Ces dernières ont été effectuées par un médecin généraliste qui n’avait ni prescrit le vaccin ni procédé à la première injection. Quand les parents ont apporté la boîte de Pneumovax°, le mé decin a supposé qu’il s’agissait d’un nouveau vaccin. Il a découvert par la suite que Pneumovax° avait remplacé Pneumo 23°, qu’il ne parvenait pas à re trouver dans son logiciel. Il a alors pris conscience que l’enfant n’avait pas reçu le vaccin conjugué. Il a analysé cette erreur avec ses collègues, l’attribuant à l’absence d’alerte relative à l’âge de l’enfant par les logiciels de prescription ou de dispensation et sur la boîte de Pneumovax° (2,5). En France, Pneumovax° est effectivement dispo nible depuis avril 2018, après une période de pénu rie de vaccin pneumococcique non conjugué. Dans les deux années qui ont suivi sa mise à disposition, 5 injections de Pneumovax° à des nourrissons ont été notifiées, à la suite d’erreurs de prescription ou de dispensation (5à7). Plusieurs causes d’erreur. Parmi les causes d’erreur on trouve : des noms commerciaux plus explicites
pour les vaccins non conjugués que pour le vaccin conjugué ; une méconnaissance des différences d’efficacité dans l’enfance entre les deux types de vaccins, à l’origine de schémas vaccinaux différents ; des étiquetages de conditionnements trop peu in formatifs. Le mot “conjugué” est mentionné sur la boîte et la notice de Prevenar 13°, mais la mention “non conjugué” manque sur le conditionnement de Pneumovax°, dont la notice spécifie bien l’indication chez l’enfant âgé de 2 ans et plus, mais pas expli citement l’absence d’indication et surtout d’effica cité avant l’âge de 2 ans (8à11). Pour alerter sur le risque de confusion entre vac cins conjugué et non conjugué, les firmes devraient rendre ces informations très visibles sur la boîte, la notice, ainsi que sur l’étiquette détachable de la seringue, destinée au carnet de vaccination, à vé rifier avant l’injection. Rattrapage vaccinal . Pour les nourrissons jusque là non vaccinés avec le vaccin pneumococcique conjugué, le calendrier vaccinal français propose un rattrapage avec le vaccin conjugué, modulé selon l’âge du nourrisson. De 7 mois à 11 mois : deux doses à 2 mois d’intervalle suivies d’un rappel un an plus tard ; de 12 mois à 23 mois : deux doses à au moins 2 mois d’intervalle. De 24 mois à 5 ans, rien n’est prévu par le calendrier vaccinal français chez les enfants n’ayant pas de risque élevé de contracter une infection pneumococcique (12). Pour cette tranche d’âge, un vaccin conjugué est propo sé au Canada, une divergence qui montre la fragi lité des données sur lesquelles reposent ces stra tégies (13). En France, chez les enfants à risque élevé sont préconisées en rattrapage deux doses de vaccin pneumococcique conjugué à 2 mois d’intervalle, suivies d’un rappel avec un vaccin pneumococcique non conjugué 2 mois plus tard (12). En pratique Vaccin pneumococcique non conju gué : pas chez les nourrissons. Le vaccin pneumo coccique non conjugué est inefficace chez les nour rissons. Pour éviter de l’injecter par erreur, il importe de confronter l’âge du patient au type de vaccin pneumococcique, et cela, à chaque étape du proces sus de vaccination ; en particulier en cas de sélection informatique du nom du vaccin (14). Il est prudent de ne pas se fier seulement à leurs noms commer ciaux, et de d’abord désigner ces vaccins pneumo cocciques en dénomination commune, en précisant toujours “conjugué” ou “non conjugué”, sur une ordonnance comportant l’âge de l’enfant. ©Prescrire
Rev Prescrire • Novembre 2021
Les sources et références sont disponibles dans la revue Prescrire originale disponible, sur abonnement
L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis • P age 7
STRATÉGIES STRATÉGIES
©Erik de Graaf/Panther Media/GraphicObsession
Quand la pression artérielle reste élevée malgré un premier hypotenseur Changer de médicament ou ajouter un deuxième hypotenseur Des réponses pertinentes grâce à une présentation des éléments de choix essentiels face aux situations de soins courantes.
et la diastolique d’environ 5 mm Hg. Ajouter un deuxième hypotenseur abaisse en général plus la pression artérielle que doubler la dose du premier médicament mais expose peut-être à plus d’effets indésirables et probablement à plus d’interactions médicamenteuses. ● Quelle que soit la stratégie, il est raisonnable de choisir des médicaments solidement éprouvés en prévention des complications de l’hypertension artérielle, tels qu’un diurétique thiazidique ou un inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC). Des situations particulières amènent parfois à écarter certains hypotenseurs. ● En pratique, quand la pression artérielle visée n’a pas été atteinte avec le premier médicament hypotenseur choisi, après prise en compte et cor rection des éventuelles causes d’échec, deux options sont raisonnables : essayer successive ment d’autres médicaments hypotenseurs non associés, jusqu’à ce que la pression artérielle visée soit atteinte, ou associer deux hypotenseurs. Cette seconde option est probablement à préférer chez les patients qui ont une pression artérielle très éle vée malgré une première monothérapie. Rev Prescrire 2022 ; 42 (461) : 198-203
RÉSUMÉ
● Chez les adultes qui ont une hypertension arté rielle malgré les mesures autres que médicamen teuses, quand la pression artérielle visée n’a pas été atteinte avec le premier médicament choisi, vaut-il mieux essayer un autre médicament ou ajouter un deuxième hypotenseur ? Pour répondre à cette question nous avons réalisé une synthèse selon la méthode habituelle de Prescrire . ● Aucun essai clinique n’a été conçu pour com parer l’effet de ces stratégies en prévention des complications cardiovasculaires de l’hypertension artérielle. ● Chez 30 % à 50 % des patients, la pression arté rielle visée est atteinte avec le premier médicament hypotenseur choisi. D’après les résultats de deux essais de faibles effectifs, environ 30 % à 45 % de patients en plus atteignent une pression artérielle inférieure à 140/90 mm Hg avec un autre médica ment hypotenseur non associé, s’ils avaient initia lement une hypertension artérielle modérée. ● En moyenne, la prise d’un médicament hypo tenseur à la dose généralement préconisée baisse la pression artérielle systolique d’environ 10 mm Hg
Rev Prescrire • Mars 2022
P age 8 • L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis
STRATÉGIES
raison d’une hyperglycémie ou d’un diabète asso cié à d’autres facteurs de risque cardiovasculaire. La durée médiane de suivi a été de 7,5 ans. La consommation déclarée en poisson a été très va riable selon les pays. Au cours du suivi, environ 6 % des personnes sans antécédent d’affection cardiovasculaire sont mortes et 13 % des personnes avec un antécédent (3). Parmi les personnes ayant un antécédent d’affec tion cardiovasculaire ou un risque cardiovasculaire élevé, lamort ou la survenue d’un événement cardio vasculaire majeur a été moins fréquente chez celles déclarant consommer auminimum175 g de poisson par semaine. En tenant compte de l’activité physique et de divers facteurs de risque cardiovasculaire, tels que la consommation de tabac, l’hypertension arté rielle ou l’obésité, par rapport aux personnes décla rant consommer moins de 50 g de poisson par mois, des diminutions relatives de l’ordre de 15 % ont été constatées pour la mortalité et la fréquence des événements cardiovasculaires majeurs. Chez les personnes sans antécédent de maladie cardio vasculaire, la mortalité ou les événements cardio vasculaires majeurs ont été de fréquences très proches, quelle que soit la consommation de poisson. Les données concernant les personnes ne consom mant ni poisson ni viande n’ont pas été analysées spécifiquement (3). Ces études n’apportent pas d’information sur les types de poissons consommés, ni sur les modes de cuisson ou de préparation. Elles ne renseignent pas non plus sur d’éventuels effets indésirables, autres que cardiovasculaires, liés à l’exposition à des toxiques, comme le mercure ou les polychloro biphényles (alias PCB), contenus dans certains poissons (3,4). En pratique Malgré les limites inhérentes à ce type d’études, les résultats obtenus dans ces co hortes suggèrent que chez les personnes à haut risque cardiovasculaire, une alimentation com portant une large portion de poisson par semaine est associée à une moindre fréquence d’accidents cardiovasculaires. ©Prescrire Extraits de la veille documentaire Prescrire 1- PrescrireRédaction “Régimeméditerranéen : aussi en prévention primaire” Rev Prescrire 2008 ; 28 (302) : 926. 2- Prescrire Rédaction “Bien s’alimenter pour éviter les accidents cardiaques” Infos-Patients Prescrire mises à jour septembre 2020 : 1 page. 3- Mohan D et coll. “Associations of fish consumption with risk of cardiovascular disease and mortality among individuals with or without vascular disease from 58 countries” JAMA Intern Med 2021 : 181 (5) : 631-649 + supplementary online content : 26 pages . 4- Prescrire Rédaction “Polluants PCB : moins consommer certains poissons d’eau douce” Rev Prescrire 2014 ; 34 (363) : 68-69.
Consommation de poisson Moins d’accidents cardiovasculaires chez les patients à haut risque ● Dans une vaste étude épidémiologique pros pective, parmi des personnes ayant un risque cardiovasculaire élevé, la mortalité et la fréquence des accidents cardiovasculaires majeurs ont été moindres chez celles déclarant consommer plus de 175 g de poisson par semaine que chez celles dont la consommation déclarée était inférieure à 50 g par mois. Le groupe des personnes qui ne mangent ni viande ni poisson n’a pas été étudié spécifiquement. E n prévention des maladies cardiovasculaires, des données de faible niveau de preuves mais convergentes sont en faveur de l’efficacité d’une alimentation proche du régime dit méditerranéen : privilégier les céréales complètes, fruits et lé gumes ; préférer l’huile d’olive ou de colza comme source de graisse ; consommer peu de viande rouge (1 , 2). Des chercheurs se sont intéressés aux effets de la consommation de poisson sur le risque d’acci dent cardiovasculaire. Ils ont analysé les données de quatre vastes études de cohortes, ayant chacune suivi entre 12 000 et 150 000 adultes, dans 58 pays répartis sur les six continents. Les patients ont été regroupés selon leur niveau de consommation de poisson : moins de 50 g par mois ; de 50 g par mois à 175 g par semaine ; de 175 g à 350 g par semaine ; plus de 350 g par semaine (3). Environ 192 000 personnes, âgées en moyenne de 54 ans, ont été incluses dans l’analyse, autant d’hommes que de femmes. Parmi ces personnes, 51 741 avaient un antécédent d’affection cardio vasculaire ou un risque cardiovasculaire élevé en
Rev Prescrire • Décembre 2021
L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis • P age 9
STRATÉGIES
Arrêt cardiorespiratoire chez les enfants Associer massage cardiaque externe et insufflations
Au cours des années 2010, les données d’évaluation chez des enfants victimes d’un arrêt cardiorespiratoire en dehors de l’hôpital motivaient une réanimation initiale associant massage cardiaque externe et insufflations.
Début 2022, quelle méthode de réanimation est à mettre en œuvre chez les enfants victimes d’un arrêt cardiorespiratoire en dehors de l’hôpital ?
Question
Type d’étude
Analyse comparative de données d’un registre étatsunien des arrêts cardiaques.
Réanimation initiale par un témoin : massage cardiaque + insufflations
Absence de réanimation initiale
Réanimation initiale par un témoin : massage cardiaque seul
112
Enfants victimes d’un arrêt cardiorespiratoire non traumatique , dont environ la moitié secourus par des témoins avant l’arrivée d’une équipe de secours spécialisée. Environ la moitié des enfants étaient âgés de moins de 1 an.
Population
Efficacité
Survie sans séquelle neurologique :
parmi 1 923 enfants
parmi 2 318 enfants
parmi 6 188 enfants
12 %
9,7 %
6,8 %
Les différences sont statistiquement significatives.
Effets indésirables
Non rapportés dans le compte rendu de cette étude.
Limites
Absence de tirage au sort déterminant l’intervention, d’où le risque de biais fragilisant les résultats.
Sources Prescrire Rédaction“Arrêt cardiorespiratoire chez les enfants. Associer massage cardiaque externe et insufflations” Rev Prescrire 2017 ; 37 (408) : 773 • Naim MY et coll. “Compression-only versus rescue-breathing cardiopulmonary resuscitation after pediatric out-of-hospital cardiac arrest” J Am Coll Cardio 2021 ; 78 (10) : 1042-1052. en associant massage cardiaque externe et insufflations semble doubler ses chances de survie sans séquelle neurologique par rapport à l’absence de geste de survie. Dans une moindre mesure, ces chances semblent aussi augmentées par rapport au massage cardiaque seul. ©Prescrire En pratique Malgré la fragilité des résultats, faute de mieux en 2022, ces données constituent un bon point de repère. Chaque fois que cela est possible, réanimer un enfant victime d’arrêt cardiorespiratoire
Rev Prescrire • Avril 2022
P age 10 • L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis
Infos-Patients Prescrire UNE INFO-SANTÉ FIABLE, SANS SUBVENTION NI PUBLICITÉ
Les fiches Infos-Patients Prescrire sont un support de communication entre les professionnels de santé et les patients et leur entourage, à reproduire, à adapter, à annoter, à expliquer et commenter.
La contraception d’urgence
Ulipristal, moins efficace chez certaines femmes
Après un rapport sexuel sans contraception ou quand un incident a compromis l’efficacité de la méthode contraceptive habituelle, la contraception d’urgence diminue fortement le risque de grossesse. ● Une grossesse peut survenir même après un seul rapport sexuel non protégé (en cas d’absence de contracep tion, d’oubli de pilule, de rupture de préservatif, etc.). Si rien n’est fait, une grossesse survient chez une femme sur 15 environ. Dans ces situations, deux méthodes de contraception d’urgence réduisent fortement le risque de grossesse : la prise d’une pilule dite du lendemain, ou la pose d’un dispositif intra-utérin. ● La pilule “du lendemain” la mieux évaluée est un comprimé unique qui contient une hormone : le lévonor gestrel . Elle est efficace quand elle est prise dans les 4 jours qui suivent le rapport sexuel : une grossesse survient chez seulement une femme sur 60 environ. ● L’efficacité de la pilule “du lendemain” est peut-être réduite en cas d’obésité, c’est-à-dire un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30, ou en cas de poids supérieur à 75 kg. ● La pilule “du lendemain” provoque parfois des nausées ou des vomissements. Si des vomissements surviennent dans les 3 heures qui suivent la prise du comprimé, il est préférable d’en prendre un autre. La pilule “du lendemain” provoque aussi parfois des douleurs modérées au bas ventre, quelques saignements, une avancée ou un retard des prochaines règles. ● Certains médicaments (des antiépileptiques, le mille pertuis, etc.) pris dans les 4 semaines avant la prise d’une pilule “du lendemain” peuvent diminuer son efficacité. Dans ce cas, prendre 2 comprimés en une prise de lévo norgestrel à 1,5 mg ou préférer la pose d’un dispositif intra-utérin. ● En France, la pilule “du lendemain” est disponible sans ordonnance dans les pharmacies, les centres de planification familiale et auprès des infirmières scolaires et universitaires. Une ordonnance permet le rembourse ment par l’assurance maladie. Les mineures peuvent obtenir cette contraception de manière anonyme et gratuite. Pilule “du lendemain” : choisir le lévonorgestrel
● Une autre pilule “du lendemain” contient de l’ ulipris tal . Elle ne semble pas plus efficace que celle qui contient du lévonorgestrel , ni efficace plus longtemps. Ses effets indésirables sont similaires. Son efficacité est peut-être diminuée en cas de poids de 75 kg ou plus, ou d’obésité.
● De nombreux médicaments diminuent l’efficacité de l’ ulipristal , dont les médicaments antiacides de l’estomac.
● L’ ulipristal est moins efficace chez les femmes qui prennent une contraception hormonale : l’efficacité de l’ ulipristal et celle de la contraception hormonale sont alors diminuées. Après un oubli de pilule, il vaut mieux choisir une contraception d’urgence à base de lévonor gestrel , ou bien faire poser un dispositif intra-utérin.
Dispositif intra-utérin posé dans les 5 jours
● Le dispositif intra-utérin au cuivre assure une contracep tion d’urgence très efficace : s’il est mis en place chez environ 1 000 femmes dans les 5 jours suivant un rapport sexuel non protégé, une seule grossesse survient. Le dispositif est mis en place par un médecin ou une sage femme au cours d’une consultation. Il peut être inséré chez une femme n’ayant pas eu d’enfant. Il permet une contracep tion immédiatement efficace et durable par la suite.
● C’est la contraception d’urgence la plus efficace en cas d’obésité ou de poids de 75 kg ou plus.
Après une contraception d’urgence
● Après une contraception d’urgence par pilule ou par dispositif intra-utérin, quand les règles ne surviennent pas dans les 3 à 4 semaines qui suivent ou en cas de douleurs abdominales, il est prudent de faire un test de grossesse. ● Par rapport à la prise correcte et régulière d’une pilule contraceptive, prendre la pilule “du lendemain” comme unique moyen de contraception après chaque rapport sexuel est moins efficace et cause plus souvent des règles irrégulières. ©Prescrire – avril 2021
Rev Prescrire • Août 2021
Sources • “Contraception postcoïtale” Premiers Choix Prescrire, actuali sation avril 2021.
Toutes les fiches Infos-Patients Prescrire dans
l’ Application Prescrire et sur www.prescrire.org.
L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis • P age 11
Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online