Edition Découverte 2025
VIGILANCES
Corticoïdes inhalés et BPCO : infections pulmonaires Les corticoïdes exposent à des infections, y compris sous forme inhalée. Ils sont immunodépresseurs.
+
E n 2023, une étude à partir de bases de données de santé danoises a porté sur le risque d’infections pulmonaires par Moraxella catarrhalis chez des patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstruc tive (BPCO) et traités par un corticoïde inhalé (1). M. catarrhalis est une des bactéries le plus souvent en cause dans les infections à l’origine d’exacerbations de BPCO (1,2). Dans cette étude, une infection clinique à M. catar rhalis était retenue quand une hospitalisation ou un remboursement d’antibiotique avait eu lieu durant la période située entre 7 jours avant et 14 jours après une culture positive à M. catarrhalis (1) . L’exposition aux corticoïdes a été calculée en équi valent budésonide : une faible exposition était définie par une dose inférieure à 328 microgrammes par jour d’équivalent budésonide , une exposition modérée par une dose comprise entre 328 et 821 microgrammes par jour, et une forte exposition par une dose de plus de 821 microgrammes par jour (1). 18 867 patients atteints de BPCO ont été inclus, et 521 ont eu une culture positive à M. catarrhalis au cours du suivi moyen de 332 jours. 455 patients ont eu une infection clinique telle que définie, parmi lesquels 309 ont été hospitalisés et 258 ont reçu une prescription d’antibiotique (1). Comparés aux patients non exposés à un corticoïde inhalé, après ajustement à divers facteurs de risque, les patients exposés ont eu un risque d’infection clinique à M. catarrhalis jusqu’à 3 fois plus grand avec les doses les plus élevées de corticoïde inhalé, de façon statisti quement significative. Même les faibles doses ont été associées à un risque plus grand (1). Le risque a semblé dose-dépendant.
On distingue les corticostéroïdes naturels, des hormones sécrétées par le cortex des gl surrénales, et les corticostéroïdes de synthès “corticoïdes”). Certains ont une activité surto ut minéralocorticoïde (aldostérone, fludrocortisone ) : au niveau du rein, ils favorisent la rétention du sodium et du chlore et la fuite de potassiu m. D’autres ont une activité surtout glucocortic oïde (cortisol, prednisone , prednisolone , etc.) : ils ont des effets anti-inflammatoires et immunodépr andes
e (alias
esseurs.
En somme Cette étude rappelle que les corticoïdes sont des immunodépresseurs qui exposent à des infections, y compris sous forme inhalée. Une cortico thérapie inhalée réduit le risque d’hospitalisation liée aux exacerbations de BPCO, mais le risque accru d’infections justifie d’y recourir seulement en cas de symptômes persistants et à la plus faible dose efficace. ©Compétence 4
Sources 1- JohnsenRHet coll.“Inhaled corticosteroids and risk of lower respiratory tract infection with Moraxella catarrhalis in patients with chronic obstructive pul monary disease” BMJ Open Respir Res 2023 ; 10 en ligne : 8 pages. 2- Prescrire Rédaction“Bronchopneumopathie chronique obstructive”Premiers Choix Prescrire, actualisation novembre 2022 : 9 pages.
Compétence 4 • Édition Découverte • Février 2025 • N° 86 bis • Page 19
Made with FlippingBook. PDF to flipbook with ease