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GRAINES DE PRATIQUE
Amalia a le teint bien pâle…
Les causes d’anémie sont multiples. La plupart des symptômes d’anémie ne sont pas spécifiques de cette affection et ne permettent pas d’en déterminer la cause. Mais, en soins de premier recours, certaines causes sont plus fréquemment rencontrées que d’autres. À partir d’une situation pratique, nous vous proposons de répondre à une question, puis de vous emparer de cette “graine de pratique” et de la passer au tamis de votre pratique.
COGITATIONS Situation pratique
La confirmation d’anémie est apportée par la mesure de la concentration sanguine en hémoglobine. Chez une femme en dehors d’une grossesse, une anémie est en général définie par une concentration sanguine inférieure à 12 g/dl. Quand l’anémie est liée à une carence en fer, l’anémie est en général hypochrome (concentration en hémoglobine dans les globules rouges basse) et microcytaire (volume moyen des globules rouges réduit). En l’absence d’hémolyse, elle est non régénérative (taux de réticulocytes inférieur à 0,5 % du total des globules rouges). En l’absence de syn drome inflammatoire, ces divers éléments biologiques rendent très probable une anémie par carence en fer. La confirmation de cette carence repose surtout sur le dosage de la ferritine sérique. Une concentration inférieure à 15 microg/l est en général caractéristique d’une carence en fer. Commentaires de la Rédaction. Chez les femmes non ménopausées examinées en soins de premier recours, une carence en fer est souvent liée à des règles abondantes. Cependant, lors de l’entretien, il importe de rechercher d’autres facteurs qui causent ou contribuent à cette carence, tels que des saignements digestifs (ou d’autres localisa tions), une carence d’apport alimentaire ou une cause de diminution de l’absorption digestive du fer. La prise de médicaments ayant pour effet indésirable des saignements est également à rechercher. Cela évite parfois d’attribuer à tort la carence en fer uniquement à l’abondance des règles, alors qu’une cause moins apparente, et parfois grave, est peut-être présente ou que d’autres facteurs contribuent au saignement, ou à la carence. En pratique, quand la probabilité clinique d’anémie par carence en fer paraît forte, il semble utile de prescrire d’emblée une numération de la formule sanguine, avec taux de réticulocytes et un dosage de la ferritinémie. Il semble utile de prescrire d’emblée aussi un dosage de la protéine C réactive (CRP) afin d’exclure un phénomène inflammatoire, source d’augmentation de la ferritinémie sans lien avec le stock de fer. Cela évite parfois certaines erreurs d’interprétation de la valeur de la ferritinémie. ©Prescrire Pour aller plus loin • Prescrire Rédaction “Anémie par carence en fer chez un adulte” Premiers Choix Prescrire, actualisation mai 2021 : 4 pages. • Prescrire Rédaction “Confirmer l’anémie et la carence en fer” Rev Prescrire 2016 ; 36 (390) : 277. Rev Prescrire • Mars 2022
Amalia, âgée de 42 ans, mère de 2 enfants, a fait le choix d’une contraception définitive par stérilisation tubaire il y a 2 ans. Depuis quelques semaines, elle est anormale ment fatiguée. Elle n’a plus la force de faire son footing matinal. Elle n’a pas maigri, ni grossi, a toujours été en bonne santé, et ne prend aucun médicament. Elle ne souffre pas de douleurs particulières. Lors de l’entretien, Amalia vous dit qu’elle ressent des palpitations et qu’elle a souvent des bourdonnements d’oreille. Quand vous lui demandez la date de ses dernières règles, elle vous dit qu’elles ont eu lieu il y a une semaine et qu’elle trouve que depuis plusieurs mois ses règles sont plus abondantes, avec parfois des caillots. Lors de cet entretien, pendant qu’Amalia vous parle, vous observez son visage : il vous semble qu’elle a le teint bien pâle…
Vous évoquez une anémie. Quelles informations cliniques
ou paracliniques simples permettent d’étayer ce diagnostic et lesquelles permettent de l’attribuer à une carence en fer ?
Proposition de réponse et commentaires
Les signes cliniques évocateurs d’anémie tels que fatigue, essoufflement, palpitations et acouphènes ne sont pas suffisamment spécifiques pour retenir cette éventualité sur leur seule présence. Et surtout, ils sont trop peu spé cifiques pour attribuer la cause de l’éventuelle anémie à une carence en fer (alias carence martiale). Pour étayer cette hypothèse, il est utile de rechercher une cause de perte sanguine telle que des règles abondantes, comme c’est le cas pour Amalia. Et il est aussi utile de rechercher d’autres signes cliniques parfois associés aux carences en fer, notamment : sécheresse de la peau et des cheveux ; atteinte des ongles ; intolérance au froid ; inflammation de la langue ; faiblesse musculaire ; aphtose buccale. La présence de tels signes conforte l’hypothèse d’une anémie importante par carence en fer marquée, mais comme ils ne sont pas spécifiques, il est utile d’effectuer des examens biologiques pour la confirmer ou l’écarter.
P age 16 • L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis
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