Édition Découverte Prescrire

VIGILANCES

Corticoïde oral pendant quelques jours : hémorragies digestives, insuffisances cardiaques, septicémies

Une corticothérapie orale de quelques jours à des doses courantes expose les adultes (comme les enfants) à des effets indési rables (1). Des résultats d’une étude réalisée

Les effets indésirables étudiés ont été les septicémies, les hémorragies digestives et les insuffisances car diaques, dans les 5 jours à 90 jours après la prescription du corticoïde. Chaque patient a été son propre témoin, en comparant la période d’exposition à un corticoïde avec les périodes sans exposition (2). La fréquence globale des événements indésirables étudiés a été environ deux fois plus grande, de façon statistiquement significative, au cours des périodes d’exposition à un corticoïde qu’au cours des périodes de non-exposition (2). En pratique  Ces données confirment les dangers réels d’un corticoïde oral même en cure de seulement quelques jours. Une prise de risque difficile à justifier quand on cherche seulement à atténuer des troubles bénins et passagers. ©Prescrire Sources  1- PrescrireRédaction“Corticoïdes en cure courte : fractures, thromboses, infections” Rev Prescrire 2017 ; 37 (405) : 507. 2- YaoTC et coll.“Association between oral corticosteroid burst and severe adverse events” Ann Intern Med 2020 ; 173 : 325-330. 1,5 avec la dompéridone (intervalle de confiance à 95 % (IC95) : 1,3 à 1,8) ; 2,0 avec le métoclopramide (IC95 : 1,4 à 2,9) ; et 2,3 avec la métopimazine (IC95 : 1,7 à 3,1) (1). Il y a une forte probabilité que la prise du neuroleptique ait contribué à ces accidents, dans la mesure où ils exposent à des effets indésirables neuropsychiques et hypotenseurs, facteurs de chutes et d’accidents (2). On sait par ailleurs qu’ils exposent à des allongements de l’intervalle QT de l’électrocardiogramme et des troubles du rythme cardiaque, sources de malaises avec lipothy mie ou syncope (2). En pratique  Le risque d’hospitalisation pour trauma tisme associé à la métopimazine , à la dompéridone , et au métoclopramide pèse dans la balance bénéfices-­ risques de ces médicaments. Balance rarement favorable avec le métoclopramide , et défavorable avec la méto pimazine et la dompéridone , ces dernières étant par ailleurs peu efficaces (3). ©Prescrire Sources  1- Bezin J et coll.“Antidopaminergic antiemetics and trauma-­ related hospitalization : A population-based self-controlled case series study” Br J Clin Pharmacol 2020 : 7 pages. 2- Prescrire Rédaction “Neuroleptiques” Interactions Médicamenteuses Prescrire 2021. 3- Prescrire Rédaction“Bilan 2021 des médicaments à écarter : gastro-­ entérologie” Rev Prescrire 2020 ; 40 (446) : 936-937.

à partir d’une base de données d’assurance maladie taïwanaise, publiés en 2020, apportent des précisions chiffrées (2). Sur une période de 3 ans, 2 623 327 patients ayant reçu une seule prescription de corticoïde en cure courte (maximum 14 jours) par voie orale ont été inclus. L’âge moyen des patients était de 38 ans. 85 % d’entre eux n’avaient aucune comorbidité chronique, selon le score classique dit de Charlson (2). Dans 60 % des cas, les motifs de prescription ont été des atteintes cutanées (dermatites de contact, eczémas, urticaires, etc.) ou des infections ORL ou respiratoires (bronchites et bronchiolites, sinusites, angines, naso pharyngites, laryngites et trachéites). La durée médiane de prescription du corticoïde était de 3 jours, avec une dose quotidienne médiane de 10 mg de prednisone (Cortancyl° ou autre) ou équivalent (2).

Métopimazine ou autre antiémétique neuroleptique : hospitalisations pour traumatisme

En 2020, une équipe de Bordeaux a publié une étude à partir de la base de données de l’assurance maladie française sur le risque d’hospitalisation pour traumatisme, notam

ment par accident de la route, associé à la prise d’anti émétiques neuroleptiques. Les antiémétiques étudiés étaient la dompéridone (Motilium° ou autre), le méto clopramide (Primpéran° ou autre) et la métopimazine (Vogalène°, Vogalib°). Chaque patient a été son propre témoin. La fréquence des hospitalisations pour trauma tisme pendant la période d’exposition des patients à l’antiémétique a été comparée à celle pendant les pé riodes de non-exposition (1). 13 710 adultes ont été inclus et suivis sur la période 2009-2014. L’âge médian des patients était d’environ 55 ans. 7 610 patients ont été exposés à la dompéridone , 2 189 au métoclopramide et 3 911 à la métopimazine . Les durées médianes d’exposition ont été de 10 jours pour la dompéridone , 10 jours pour le métoclopramide et 5 jours pour la métopimazine . La fréquence des hospitalisations pour traumatisme, notamment par accident de la route, a été plus grande dans la semaine suivant le début de l’exposition à l’anti émétique (repérée par la date de dispensation à l’officine) que durant les périodes sans exposition, de façon statis tiquement significative, le risque relatif estimé étant de :

Rev Prescrire • Mai 2021

P age 6 • L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis

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