Édition Découverte Prescrire
VIGILANCES
Erreurs de vaccin pneumococcique : des nourrissons mal protégés
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● En France ont été signalés des cas de nourris sons ayant reçu par erreur (de prescription ou de dispensation) un vaccin pneumococcique non conjugué (Pneumovax°), inefficace à cet âge, au lieu d’un vaccin conjugué (Prevenar°). ● Au lieu de se fier seulement à leurs noms com merciaux, mieux vaut d’abord désigner ces vaccins pneumococciques en dénomination commune, en précisant toujours “conjugué” ou “non conjugué”. En 2010, une médecin généraliste signalait à Prescrire des dispensations à des nourrissons du vaccin Pneumo 23°, un vaccin pneumococcique non conju gué, à la place de Prevenar°, correspondant à la prescription : « vaccin pneumococcique conjugué à 7 valences » (1). Dix ans plus tard, il arrive encore, notamment en France, qu’un nourrisson reçoive un vaccin pneumo coccique non conjugué au lieu d’un vaccin conjugué (2,3). Or, chez les enfants âgés de moins de 2 ans, les antigènes polyosidiques pneumococciques contenus dans le vaccin non conjugué sont très peu immunogènes, et le vaccin est de ce fait non pro tecteur ; tandis que la conjugaison de ces antigènes à une protéine entraîne une réponse immunitaire suffisamment intense et durable pour que le vaccin conjugué soit efficace (4). Pneumovax° injecté par erreur à des nourrissons. En 2018 et 2019, un enfant a reçu trois injections de Pneumovax°, un vaccin pneumococcique non conju gué, à l’âge de 2, 4 et 12 mois, au lieu de Prevenar 13°. L’enfant a eu de la fièvre (40 °C) durant 2 jours après les 2 e et 3 e injections. Ces dernières ont été effectuées par un médecin généraliste qui n’avait ni prescrit le vaccin ni procédé à la première injection. Quand les parents ont apporté la boîte de Pneumovax°, le mé decin a supposé qu’il s’agissait d’un nouveau vaccin. Il a découvert par la suite que Pneumovax° avait remplacé Pneumo 23°, qu’il ne parvenait pas à re trouver dans son logiciel. Il a alors pris conscience que l’enfant n’avait pas reçu le vaccin conjugué. Il a analysé cette erreur avec ses collègues, l’attribuant à l’absence d’alerte relative à l’âge de l’enfant par les logiciels de prescription ou de dispensation et sur la boîte de Pneumovax° (2,5). En France, Pneumovax° est effectivement dispo nible depuis avril 2018, après une période de pénu rie de vaccin pneumococcique non conjugué. Dans les deux années qui ont suivi sa mise à disposition, 5 injections de Pneumovax° à des nourrissons ont été notifiées, à la suite d’erreurs de prescription ou de dispensation (5à7). Plusieurs causes d’erreur. Parmi les causes d’erreur on trouve : des noms commerciaux plus explicites
pour les vaccins non conjugués que pour le vaccin conjugué ; une méconnaissance des différences d’efficacité dans l’enfance entre les deux types de vaccins, à l’origine de schémas vaccinaux différents ; des étiquetages de conditionnements trop peu in formatifs. Le mot “conjugué” est mentionné sur la boîte et la notice de Prevenar 13°, mais la mention “non conjugué” manque sur le conditionnement de Pneumovax°, dont la notice spécifie bien l’indication chez l’enfant âgé de 2 ans et plus, mais pas expli citement l’absence d’indication et surtout d’effica cité avant l’âge de 2 ans (8à11). Pour alerter sur le risque de confusion entre vac cins conjugué et non conjugué, les firmes devraient rendre ces informations très visibles sur la boîte, la notice, ainsi que sur l’étiquette détachable de la seringue, destinée au carnet de vaccination, à vé rifier avant l’injection. Rattrapage vaccinal . Pour les nourrissons jusque là non vaccinés avec le vaccin pneumococcique conjugué, le calendrier vaccinal français propose un rattrapage avec le vaccin conjugué, modulé selon l’âge du nourrisson. De 7 mois à 11 mois : deux doses à 2 mois d’intervalle suivies d’un rappel un an plus tard ; de 12 mois à 23 mois : deux doses à au moins 2 mois d’intervalle. De 24 mois à 5 ans, rien n’est prévu par le calendrier vaccinal français chez les enfants n’ayant pas de risque élevé de contracter une infection pneumococcique (12). Pour cette tranche d’âge, un vaccin conjugué est propo sé au Canada, une divergence qui montre la fragi lité des données sur lesquelles reposent ces stra tégies (13). En France, chez les enfants à risque élevé sont préconisées en rattrapage deux doses de vaccin pneumococcique conjugué à 2 mois d’intervalle, suivies d’un rappel avec un vaccin pneumococcique non conjugué 2 mois plus tard (12). En pratique Vaccin pneumococcique non conju gué : pas chez les nourrissons. Le vaccin pneumo coccique non conjugué est inefficace chez les nour rissons. Pour éviter de l’injecter par erreur, il importe de confronter l’âge du patient au type de vaccin pneumococcique, et cela, à chaque étape du proces sus de vaccination ; en particulier en cas de sélection informatique du nom du vaccin (14). Il est prudent de ne pas se fier seulement à leurs noms commer ciaux, et de d’abord désigner ces vaccins pneumo cocciques en dénomination commune, en précisant toujours “conjugué” ou “non conjugué”, sur une ordonnance comportant l’âge de l’enfant. ©Prescrire
Rev Prescrire • Novembre 2021
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L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2022 • T ome 42 N° 467 bis • P age 7
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