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Vaccination contre le méningocoque B

Mi-2022, la vaccination généralisée des nourrissons est d’intérêt incertain

– dose de rappel à 12 mois, en même temps que le rap pel de vaccin méningococcique C et la première injection de vaccin rougeole-oreillons-rubéole (1). Cette vaccination contre le méningocoque B est recom mandée et prise en charge par l’Assurance maladie, mais elle n’est pas obligatoire. Vaccination généralisée des nourrissons : une efficacité difficile à quantifier. En France, l’incidence des infections par méningocoque B a diminué de façon notable entre 2006 et 2014 (2). Cette décroissance spontanée a été également constatée au Royaume-Uni, avant l’introduc tion de la vaccination généralisée des nourrissons contre le méningocoque B en 2015 (2). Aux Pays-Bas, une dé croissance du même ordre a été constatée, mais en l’absence de vaccination généralisée des nourrissons contre le méningocoque B (2). Au Royaume-Uni, en Italie et au Portugal, la vaccination des nourrissons par Bexsero° a été associée à une moindre incidence des infections invasives par un méningocoque B. Du fait de la diminution spontanée de l’incidence au cours des années précédentes et du petit nombre de cas, il est difficile de quantifier l’efficacité réelle de cette vaccina tion (2). Il est délicat de transposer ces données d’observation, car les souches circulantes sont variables d’un pays à l’autre (2). En France, en 2018-2019, environ 70 % des souches de méningocoque B à l’origine d’infections in vasives étaient des souches couvertes par Bexsero° (4). D’après l’analyse des études par la HAS, la vaccination par Bexsero° ne semble pas réduire le portage rhinopha ryngé du méningocoque B. Il est donc probable que cette vaccination ne diminue pas le risque de transmission du méningocoque B au sein de la population générale (2). Des signaux d’effets indésirables à explorer. Chez les nourrissons, les effets indésirables du vaccin Bexsero° sont notamment des douleurs, indurations et érythèmes au point d’injection chez 75 % à 85 % des nourrissons (2). Une fièvre semble fréquente, surtout après la première dose (5). Des convulsions fébriles au cours des 48 heures suivant la vaccination sont survenues dans un contexte d’injection concomitante d’un autre vaccin (3). Au cours des études d’immunogénicité, six cas de syndrome de Kawasaki ont été rapportés après vaccina tion contre le méningocoque B et un cas dans un groupe témoin vacciné contre le méningocoque C (3). Quatre cas de syndrome néphrotique ont été rapportés suite à la vaccination chez des enfants au Canada (2). Mi-2022, le risque de syndrome néphrotique n’a été ni confirmé ni exclu (2). En pratique  Une balance bénéfices-risques difficile à cerner. Mi-2022, la balance bénéfices-risques de la vac cination généralisée des nourrissons est incertaine, étant donné les nombreuses inconnues autour de son effica cité clinique, au-delà des concentrations d’anticorps, et ses effets indésirables. D’autre part, cette vaccination

● Depuis avril 2022, en France, le vaccin méningo coccique B Bexsero° est recommandé par les autorités sanitaires chez l’ensemble des nourrissons, dès l’âge de 2 mois et avant l’âge de 2 ans, et pris en charge par l’As surance maladie. ● L’efficacité de cette stratégie de vaccination généra lisée des nourrissons est difficile à quantifier, dans un contexte de faible circulation du méningocoque B. ● Les incertitudes autour d’éventuels effets indésirables graves de ce vaccin rendent la balance bénéfices-risques de la vaccination généralisée incertaine. Mi-2022, une option prudente est de vacciner quand les données épidémiologiques évoluent dans le sens d’une augmen tation du nombre de cas. E n avril 2022, le Ministère des solidarités et de la santé français a publié son calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2022. La recommandation de vacciner tous les nourrissons contre les infections par un méningocoque de sérogroupe B avec le vaccin Bex sero° est l’une des nouveautés de ce calendrier (1). Voici résumées les principales données d’évaluation qui ont conduit à cette recommandation. Une infection rare mais très grave. Les méningites et les autres infections invasives par méningocoque B atteignent surtout les jeunes enfants, plus particulièrement ceux âgés de moins de 1 an (2). En France, entre 2014 et 2019, la fréquence de survenue de ces infections a été stable, avec une moyenne annuelle de 87 cas dont 4 morts chez les enfants âgés de moins de 4 ans (2). Après une infection invasive à méningocoque B, environ 1 enfant sur 10 a un handicap physique ou neurologique important (2). En 2013, en France, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a recommandé la vaccination contre le méningo coque de sérogroupe B par Bexsero° pour certaines per sonnes à risque élevé de contracter une infection à mé ningocoque en raison d’antécédents particuliers tels que l’absence de rate (asplénie), ainsi que dans certaines si tuations telles que des foyers de cas, ou une situation épidémique reconnue, si la souche en cause est couverte par le vaccin (2,3). En avril 2022, en France, la Haute autorité de santé (HAS) a recommandé d’élargir à l’ensemble des nourris sons la vaccination contre le méningocoque de séro groupe B par Bexsero° à partir de l’âge de 2 mois et avant l’âge de 2 ans. Le schéma recommandé est le suivant : – première dose à 3 mois ; – deuxième dose à 5 mois, en même temps que le vaccin méningococcique C conjugué ; –

L a revue P rescrire (É dition découverte ) • S eptembre 2023 • T ome 43 N° 479 bis • P age 11

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